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EAN : 9782764621899
Boréal (12/12/2012)
4.21/5   7 notes
Résumé :
"Comme tout un chacun, je ne suis pas un homme comme les autres", écrit André Major en présentant ce nouveau volume composé à partir des carnets personnels qu'il a tenus entre 1995 et 2000. Ne pas être tout à fait comme les autres et ressembler à tout un chacun : si paradoxale qu'elle paraisse, n'est-ce pas là , au fond, la définition la plus exacte de l'écrivain, individu absolument et radicalement singulier, mais qui se sait porteur de la condition la plus connue,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les carnets d'André Major I

Le sourire d'Anton ou l'adieu au roman (carnets 1975-1992), édition originale en 2001, et 2012 (185 pages);

L'esprit vagabond (carnets 1993-1994), édition originale en 2007, et 2012 (325 pages);

Prendre le large (carnets 1995-2000), octobre 2012; Boréal, 2012 (227 pages).

*** Première partie ***
Enlevant voyage que celui que j'ai fait, le temps d'une saison, en compagnie d'André Major, et couvrant un bon quart de siècle, de 1975 à 2000, de la vie littéraire de cet écrivain, dont le rapport à l'écriture semble toujours ardu -- n'a-t-il pas délaissé le genre romanesque pour le carnet, justement ? Avec lui, j'ai pris le large, en littérature -- ces carnets sont de ces livres à livres que j'affectionne, tout comme j'aime les allers-retours entre des hier et des aujourd'hui révolus, mais que la lecture actualise sans cesse.

Au temps de l'écriture succèdent celui, successif ou croisé, de la lecture par l'auteur au moment de l'édition puis à celui des nouvelles éditions, avec retouches et repentirs, et celui des lecteurs, laquelle constitue aussi une forme d'écriture dont le résultat, l'oeuvre, perpétuellement inachevée, fait corps avec notre vie. Écrire la vie, lire la vie, vivre la vie.

Oeuvre que j'ai abordée en quelque sorte à rebours en commençant par le recueil le plus récent, poursuivant avec le premier et concluant avec le médian, le plus important, pour le volume du moins, avec ses 325 pages pour seulement deux ans.

Prendre le large, titre du dernier opus, est une expression qui revient assez souvent dans les trois livres et décrit sans doute le mieux l'esprit qui anime l'auteur dans la rédaction (et, in fine, dans la relecture/révision) des carnets : que ce soit vis à vis son activité professionnelle (il a longtemps travaillé à Radio-Canada comme réalisateur) ou, ce qui pourrait surprendre, vis à vis la création littéraire ou, pour être plus précis, romanesque. L'une et l'autre sont pour lui sources d'une profonde réflexion -- irais-je jusqu'à suggérer l'expression d'un mal de vivre ? qu'il transcrit d'abord assez sommairement, puis articule de mieux en mieux, face à ce qu'il décrit -- la vivant très mal -- comme une inexorable désaffection de la culture, voire du savoir, humaniste. Réflexion nourrie par une excellente pratique de la littérature -- ce qui fait en fait pour moi un des meilleurs livres à livres que j'ai lu depuis longtemps, et des plus précieux : j'aurai grâce à Major de quoi lire pour des années encore, pour tout ce qu'il m'en reste j'en suis certain, voire, par sa médiation, de quoi relire, car j'aime à confronter ma lecture à celle d'un lecteur si raffiné et subtil.

Le lecteur qui se lancera dans la trilogie des carnets remarquera que, comme dans tout domaine d'activité, l'aisance croît avec la pratique : un peu corseté au début, l'auteur tâtonne comme si, fuyant le roman, il se cherchait encore, non pas tant un style qu'une manière d'écrire sa vie sans tomber dans le piège du narcissisme, et nous offre, ainsi, du bien écrit, du très écrit. Cela dure heureusement fort peu, et bientôt, il apprend à se faire confiance, et à sa plume (en l'espèce, si je comprends bien, un dactylo). Laquelle, assez tôt, sait être polémique, s'agissant notamment de langue -- notre langue -- et du milieu dit culturel :

« Faute de parvenir à réaliser notre désir d'autonomie, nous choisissons la voie détournée et suicidaire d'un nationalisme culturel réduit à sa plus simple expression : l'affirmation d'une souveraineté linguistique. Mais comme ce nationalisme, plus soucieux de revanches symboliques que de cohérence intellectuelle, fait bon ménage avec un populisme agressif, la langue qui nous sert d'identité collective souffre d'une gangrène que nos québécisants considèrent, eux, comme le signe d'une vitalité unique dans le monde francophone. [...] nous sommes également les promoteurs d'une contamination de la langue écrite par la langue parlée, sacrifiant au passage l'élégance et les nuances de la première qui s'en trouve non seulement appauvrie mais condamnée à l'approximation » 22 février 1989.

« J'accepte la bâtardise de notre langue écrite et parlée -- mais de guerre lasse -- comme un fait aussi inévitable que la neige en hiver. Mais certainement pas d'y voir la manifestation d'une quelconque originalité, encore moins la preuve de notre vitalité culturelle » 16 mars 1996.
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J'ai beaucoup aimé parcourir au fil des jours ce carnet de l'écrivain André Major. Mais il faut prendre le temps de le lire sans doute au même rythme où il a été écrit c'est-à-dire lentement... L'écriture est fine et bien ciselée.

J'ai beaucoup écrit dans ma vie mais jamais la moindre ligne d'une quelconque oeuvre de fiction. Pourtant je me suis bien retrouvé dans l'espèce de désenchantement moral vécu par l'auteur et la perte progressive de ses repères culturels.

C'est également un livre sur la beauté retrouvée de la solitude; l'auteur la vit comme il marche en forêt, en humant les parfums du sous-bois et en réapprenant à savourer le moment présent...

Un livre qui produit sur l'âme le même effet qu'un bon bain chaud ! Apaisant comme un lit de mousse...
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Lu en partie les carnets d'André major, de nombreuses références à la littérature québécoise que je ne connais pas , difficile pour moi de trouver un véritable intérêt à ses réflexions. Je pensais y trouver plus de notes sur la vie en général. En fin de compte il s'agit plus d'un carnet de lecture avec en filigrane , le temps qui passe, qui semble être une obsession récurrente de l'auteur, le tout est parfois pesant....
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Quand on a perdu le sentiment de sa propre importance et mesuré la vanité de toute ambition, on fait vraiment connaissance avec ce vide qui nous était pourtant familier, mais auquel on préférait tourner le dos ; on n’essaie même plus de différer cette confrontation, sans aller jusqu’à la rechercher — on n’est pas masochiste à ce point-là —, parce qu’on a compris au moins une chose avec les années, avec le poids des choses, avec les coups qu’il a bien fallu encaisser, comme n’importe qui : c’est que dans ce vide bien à soi, il y a plus de vérité que dans les séductions auxquelles le monde nous invite à céder.
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Dans la solitude que je recherche de plus en plus, je retrouve cette sauvagerie qui me fait éprouver à quel point je suis étranger aux valeurs de ma société — celles du moins qui m’apparaissent comme des contrefaçons ou des masques derrière lesquels elle se dérobe aux vérités qui lui déplaisent..
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On devient un peu plus libre, à mesure que nos illusions disparaissent, de même que nos peurs — sauf celle de la mort, la plus durable de toutes. La vérité seule nous satisfait, aussi déplaisante qu’elle soit. Et l’on supporte mieux le sentiment d’avoir échoué ici ou là. Ce qui nous y aide, c’est de ne plus avoir le souci de bien paraître..
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Rendu au bout du chemin que nous ont tracé les circonstances de la vie, on peut emprunter n’importe quel chemin de traverse. Ce chemin nous était peut-être ouvert depuis toujours, mais il nous aura fallu attendre tout ce temps pour nous y aventurer, sans savoir si c’est le bon.
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Il y a des gens qui vous écoutent et qui oublient, d’autres qui n’écoutent pas du tout, ce qui revient au même. Et il y a ceux dont je suis, hélas, qui écoutent et n’oublient pas...

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