Le plan du livre est symbolique : en 1999,
Geert Mak, journaliste néerlandais, entreprend un voyage de 12 mois qui le conduit dans sur les lieux-mêmes où se déroule
L Histoire.
Le voyage est réel. L'auteur confronte les villes visitées en 1999, avec les lieux où se sont déroulés les épisodes les plus marquants du siècle.
Il cherche des traces qu'il trouve (des hôtels, la villa sur le bord du Wannsee où s'est dessinée la solution finale) ou qu'il ne trouve pas (les restes du ghetto de Varsovie, un bout de trottoir).
Surtout il rencontre les acteurs de l'histoire, interroge leurs descendants, ou cite des écrits, études ou romans. La bibliographie est impressionnante. Il dresse des portraits saisissants : Guillaume II raconté par son petit-fils,
Lénine dans le wagon plombé,
Churchill dans son manoir,
De Gaulle, Kohl... mais aussi de personnages moins connus en France. Deux Néerlandais, interviennent . Max Kohnstamm, un des acteurs de la Communauté européenne du charbon et de l'Acier, précurseur de l'Europe actuelle, collaborateur de Jean Monnet, prend la parole à la première personne. Il m'a fallu prendre du recul pour me rendre compte que ce n'était plus
Geert Mak le narrateur. Même procédé pour Rudd Lubbers, ancien premier ministre des Pays Bas, lui aussi acteur de l'Union Européenne. La surprise fut moindre, j'étais déjà prévenue. Histoire des Grands Hommes, mais aussi quotidien d'inconnus, dans cette frontière mouvante de la Pologne et de l'Allemagne, à Novi Sad en Serbie... foule de personnages que j'aimerais retenir.
Comme correspondant de guerre, l'auteur excelle. Il raconte les tranchées, Ypres ou Verdun, le blitz sur Londres ou Coventry mais aussi Stalingrad, les bombardements alliés sur Berlin ou Dresde, les bombardements américains sur les ponts serbes, Srebrenica...Les récits de guerres n'ont jamais été mes lectures préférées mais il faut dire que j'ai été scotchée.
Auschwitz se trouve au coeur du livre, pile au milieu. Comme le noyau incompressible du siècle. Il me semble que tout a été raconté pour en arriver là, depuis les premières manifestations viennoises du tout début du siècle, depuis le traité de Versailles, la débâcle des spartakistes et de la République de Weimar, mais aussi les complaisances de la collaboration, des milices, des voisins.
Geert Mak raconte, explique, démontre, que la déportation des Juifs n'était pas une fatalité, que la Bulgarie n'a rien cédé, ni le Danemark.
Il faut attendre 660 pages pour retrouver la Libération, l'arrivée des Russes à Berlin.
Je suis impatiente : comment
Geert Mak va-t-il raconter mon 20ème siècle, les années 50 et après, ce qui a été pour moi l'actualité? J'ai hâte de confronter mes souvenirs à son analyse. Éclairage néerlandais mais beaucoup de voyages à l'Est : Prague et le procès Rajk, 1956 à Budapest bien sûr. L'Indochine, l'Algérie, c'est loin de l'Europe et la décolonisation est traitée rapidement. Vu de Paris, c'était cela l'actualité! 1968 occupe une place de choix. 68, ce n'est pas que Nanterre ou la Sorbonne! Cohn Bendit est cité 2 fois, quand même! Les années de plomb qui ont suivi en Allemagne et en Italie sont racontées. je retrouve mes souvenirs, avec du recul. Curieusement, l'auteur a zappé les deux phénomènes issus de 68 en France tout du moins : l'Écologie et le Féminisme, je ne lui en tiens pas rigueur, le livre est déjà si gros! Mais là aussi je ne m'y retrouve pas.
1989, 9 novembre,chute du mur. 1989 année charnière. le livre est passionnant. L'auteur non emmène en Pologne à Gdansk, à Prague, Noël à Bucarest. 89, année de tous les espoirs.
La dernière décennie se termine à Sarajevo après des années de guerres balkaniques. Désillusions?
Lien :
http://miriampanigel.blog.le..