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Critique de enjie77


« Quand je pense que tout cela nous est arrivé à cause d'une petite princesse Allemande devenue La Grande Catherine ».

Oleg Erdmann, russe d'une lointaine origine allemande, ne cesse de se remémorer cette phrase prononcée par ses parents. Ce souvenir lancinant le relie, comme une attache, à l'histoire de cette petite princesse dont le vécu à nourri maintes biographies. Très jeune scénariste et réalisateur, bénéficiant d'une notoriété toute récente auprès du Ministère de la Défense à la suite d'un court métrage, Oleg envisage d'écrire un scénario qui relaterait, au plus près de la Vérité, l'intimité de cette personnalité hors du commun, loin de la «Messaline Russe » trop souvent évoquée, masquant ainsi la femme réformatrice que Catherine II a été. Et puis, tous ces amants qu'une page ne suffirait pas à énumérer, tous plus préoccupés par le pouvoir et le sexe, ont-ils cherché à aimer cette femme ? Peut-être Lanskoï.

Oleg vit dans une maison communautaire à Leningrad. Il partage son temps entre la lecture d'une importante documentation historique sur la mythique Catherine et les abattoirs où une nuit sur trois, il gagne son minimum vital.

Il ne cesse, dans sa tête, d'organiser les scènes qui viennent se superposer à son quotidien. Les images se croisent et s'entrecroisent avec celles de la Russie de Catherine et celles de l'Union soviétique. Mais il y a la censure et il se doit d'être vigilant pour ne pas donner de l'Impératrice une image trop élogieuse d'un monarque éclairée, d'une femme forte au tempérament de feu.

Au sein de la maison communautaire, Oleg et ses voisines, à travers leurs échanges, leurs taches habituelles, donnent à entrevoir l'organisation de leurs journées au sein de la collectivité. C'est une plongée dans l'Union soviétique jusqu'à la chute du mur de Berlin et le chaos impressionnant et glaçant qui s'en suit.

Après avoir vécu une période de flottement, Oleg est sollicité par un ami, passé d'acteur crève la faim à oligarque, pour écrire une série sur Catherine. Oleg découvre les coulisses de ce nouveau cinéma de la période Eltsine. Un milieu qui est bien plus préoccupé par l'attrait de la rentabilité, l'appât du gain au détriment de l'art cinématographique. Il assiste impuissant au sacrifice de sa composition sur l'autel de la médiocrité, de l'audimat.

On traverse ainsi une vingtaine d'années de Leningrad à Saint-Petersbourg avec tous les changements que comporte ce pays : les mentalités, la sociologie, les nouveaux riches. L'exercice de la Liberté, demande de la responsabilité, de la maturité et c'est un long apprentissage qui se fait dans la douleur.

Andreï Makine fait preuve d'une très grande maîtrise dans cette construction de ce récit qui m'a déroutée. Toutes ces scènes sur le règne de Catherine qui reviennent dans l'esprit d'Oleg, les discussions à ce propos avec son entourage, ses réflexions, ses ébauches, m'ont occasionné un sentiment de redondances. J'ai ressenti de la confusion. Je préfère lire la biographie écrite par Troyat.

J'ai, par contre, trouvé très intéressant cette photographie de la Russie qui se prolonge sur une vingtaine d'années mettant ainsi en évidence tous les bouleversements et la « pétaudière » dans laquelle, cette société a basculé. C'est dense de réflexions sur la Russie, sur le règne de Catherine, sur les artistes, sur les modes de vie qu'ils soient collectiviste ou libérale, mais j'ai refermé le livre en ayant la désagréable impression de ne pas avoir vraiment tout compris ce qu'Andreï Makine voulait me dire. ET aussi, important, j'ai compris pourquoi ma branche maternelle russe portait un nom allemand.

Mon prochain sera l'Ami Arménien !
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