Nestor Burma est prisonnier pendant la 2e Guerre Mondiale au Stalag XB. Chargé d'inscrire les nouveaux arrivants, il y fait la connaissance d'un amnésique surnommé « la Globule ». Avant de mourir, celui-ci a pour dernières paroles : « Hélène
120, rue de la gare. » Une fois libéré, Nestor se lance dans la recherche de cette adresse. Il y perd un collaborateur (Bob Colomer), il soupçonne sa secrétaire d'être la Hélène en question et finit par découvrir le pot aux roses en retrouvant une maison isolée, rue la gare où ladite Hélène est assassinée par balles. Il fera arrêter un avocat véreux (Me Montbrison) dans une scène finale digne d'
Agatha Christie.
L'intérêt du roman est bien sûr qu'il est le premier avec Nestor Burma et n'appartient pas encore aux Nouveaux Mystères de Paris. C'est aussi le roman qui a lancé
Léo Malet car, selon les spécialistes, il a su créer une ambiance originale dans le roman policier français. Il est vrai que, dès lors qu'on a « touché » du Nestor Burma, on y revient fatalement. Ce que les Américains ont su créer dans le roman noir, c'est le malaise d'une civilisation, d'une société qui comportait néanmoins ses héros cyniques et désabusés. Or, le roman noir était encore un genre typiquement américain lorsque
Léo Malet a inventé le roman noir à la française avec un héros (Nestor Burma) individualiste et anticonformiste. Ecrit en 1942,
120,rue de la gare est un beau mélange du bon vieux Whodunnit made in U.S.A. and England (Christie,
Poe…) de tous les lointains maîtres du polar et du roman populiste début XX° (Sue, Leroux, Leblanc…) ainsi qu'une touche un peu surréaliste (les rêves de Nestor sont souvent révélateurs.)
Dans cet univers évolue Nestor, personnage haut en couleurs entouré d'une secrétaire sexy et qui oeuvre comme un dément à la recherche de la vérité dans le Paris de l'occupation. Par la suite, Nestor Burma évoluera dans son espace : les arrondissements de Paris.
On peut considérer ce roman comme la charnière entre roman à intrigue et roman noir.