Citations sur Fièvre au Marais (13)
Il n’y a pas qu’une paire de chaussures féminines en peau de serpent au monde. Ce serait trop beau pour les serpents.
Vous appartenez à une génération, je ne dirai pas maudite, mais presque. Les enfants de cette cochonnerie sanglante appelée guerre ; les enfants de la débâcle, de toutes les débâcles ; les enfants de l'occupation, et des occupations délictueuses ; les enfants de la Libération, et la libération de la connerie.
Sur la cheminée, près du réveil et de quelques bibelots, une femme entre deux âges souriait dans son cadre, d'un sourire aussi pointu que l'épingle qu'on avait dû lui enfoncer dans les fesses pour obtenir une pareille crispation des lèvres cependant que le photographe opérait.
Helène frisait la crise de nerfs. Je lui tapotai l'épaule en lui murmurant des paroles apaisantes. Puis, quand je pus constater qu'elle était de nouveau d'attaque, redevenue l'intrépide secrétaire de Nestor Burma, l'homme qui, sous ses pas, fait se lever les macchabées comme sauterelles en prés fleuris, je la laissai se débrouiller toute seule et filai vers les coulisses.
Un sale truc, la guerre. C'est mêlé comme public. On s'y lie avec des pas grand-chose. Une horreur à ajouter à celles décrites par Goya.
-Voilà le pingouin,annonça Mme Jacquier.
Elle me tendit une maquette que je pris avec précaution.J'ignore en quelle matière c'était,fragile ou non,mais il s'agissait d'y aller mou,de ne pas détruire un pareil chef-d'œuvre.Comme elle l'avait dit ,ça pouvait servir de socle,ça pouvait servir aussi de presse-papiers,de tire-bouchon comique ou de poignée décorative de chaîne de chasse d'eau.
Je me retrouvai à plat-ventre, la tête de traviole, avec un coquet torticolis en perspective, l’oreille au sol, comme un Peau-rouge sur le sentier de la guerre, épiant les mouvements de l’ennemi, non loin, Cabliol, toujours paisible
Si le miracle ne se produisait pas, eh bien ! Je porterais au clou les quelques bijoux d’or qui me restaient de la succession de ma tante Isabelle. Les bijoux de ma tante chez ma tante ! Cela me ferait toujours gagner quelques heures.
La petite femme nue constituait le manche d'un coupe papier dont la lame s'enfonçait entièrement dans le coeur racorni du vieux pirate et, en cette fin d'après midi d'une journée pluvieuse d'avril, le père Samuel ressemblait aux illusions des pauvres bougres qui venaient chez lui convertir leurs souvenirs en un morceau de pain.
Il était aussi mort qu'elles.
Peut être même un peu plus.
Rue des Francs-Bourgeois vivait un prêteur sur gages qui faillit n’être d’aucune utilité à Nestor Burma.