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EAN : 9781090446022
Les Tas de Mots (30/11/-1)
4/5   7 notes
Résumé :
Ludo est encore un petit garçon, fin des années cinquante, quand son père quitte femme et enfant pour guerroyer en Algérie. La mère, encombrée de cet enfant mal aimé, non voulu, abandonne Ludo à sa grand-mère paternelle, Alphonsine. Ludo grandit donc dans la ferme des Trois Basile, en bord de mer, entouré de l'affection grand-maternelle. Il côtoie la population de Fresville qui représente toute la nature humaine, du plus généreux au plus immonde. Émilienne et Dédé, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci à Babélio d'avoir utilisé le résumé de mon site homo.libris pour introduire cet excellent roman. J'ajoute mon avis :
Contrairement à ce que pourrait faire penser ce résumé, les deux périodes, passé et présent, ne sont pas narrées en série, mais en parallèle, superposant comme un mille-feuille les deux histoires. Et comme par magie, chaque chapitre d'une des deux périodes fait écho au chapitre contigu de l'autre période, le tout s'imbriquant avec une précision fantastique, sans aucune rupture du fil du récit... j'allais dire des récits...
Le style est fluide, direct, agréable. le vocabulaire riche et imagé. Didier Malhaire prouve qu'un auteur peut écrire dans un français simple, correct et moderne, sans anglicismes incongrus, sans tics verbaux aussi inutiles que disgracieux, sans psittacismes foireux ! En digne héritier d'un Céline ou d'un Genêt, il maîtrise une syntaxe très personnelle qui atteint immanquablement son but, qu'il s'agisse de rire ou de pleurer. Et ... on rit et on pleure !
Ce récit est une peinture à la fois décapante et touchante d'un microcosme villageois. Mais ne vous y trompez pas, ce n'est pas un roman naturaliste. L'auteur s'investit dans ses personnages. Il y a de la vie là dedans. Pas que de la description anatomique.
La vie est partout. Quoiqu'il arrive, quoiqu'il advienne, la vie est là. Même lors des enterrements, la vie est toujours là. Nature omniprésente. Finalement, il y a aussi un peu de Jean Giono dans ce roman. Roman qui n'est pas fait que de mots, mais aussi d'odeurs, de senteurs, de sons et de bruissements, de fermentations, de sensations. Et d'émotions.
Car c'est avant tout un chant d'amour, de toutes les formes d'amour.
D'abord et surtout l'amour de Ludo et de Jacky, bien sûr, à chaque page. Et quel tact, quelle poésie, la description de leur première fois : "Ses mains musardent sur ma peau, s'attardent sur mes pleins et mes déliés, [...] Nous avons toutes les audaces, et aussi l'anxiété face à l'inconnu. [...] C'est notre première vraie nuit. J'ai treize ans et nulle honte. Jacky et ses quinze ans m'ouvrent un chemin où je risque de perdre une partie de mon enfance. [...] Nos slips outragent nos désirs, ils ont voltigé dans la pièce. [...] J'apprends le corps de Jacky, lui que je connais depuis l'enfance. [...] Je suis surpris par les mystères qu'il recèle et que j'ignorais. Jacky trésaille sous mes mains, sous ma bouche, entre mes bras, mes jambes. Lui aussi semblait ignorer ce que je pouvais lui offrir. Notre jouissance est née ensemble pour mourir, éclatante, dans un cri que Jacky a retenu et que sa main sur ma bouche a recueilli."
Mais c'est aussi l'amour de Ludovic et de Paul ; l'amour filial de Ludo et d'Alphonsine, sa grand-mère ; l'amour quasi-fraternel de Ludo et de Mimi ; les débordements d'amour d'Alphonsine et Émilienne, deux vieilles femmes d'une autre époque, et pourtant tellement lucides, perspicaces, et tolérantes ! Et enfin, aussi incroyable que cela paraisse, l'amour de Blanche pour Michel, père de Ludo. Mais bien sûr dans l'amour, il y a quelques taches. Quelques taches de haine. Elles sont là aussi.
Ce roman est une longue chanson d'amour … qui nous en rappellent d'autres, tout aussi jolies ... "avec des tas de fenêtres, avec presque pas de murs", et qu'il fait bon y être... Car, finalement, les autres, Monsieur, on s'en fout ! Il y a aussi du Brel dans ce roman !
Lien : http://homo.libris.free.fr/2..
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Ecrit par la plume d'un homme qui ne se dit même pas écrivain, le Roi du Lard est pourtant à mon sens le meilleur titre de la sélection du Prix Littéraire de la ville de Caen.
Le roman, publié sous l'édition associative des "Tas de Mots" est le fruit de trois ans de travail du normand Didier Malhaire qui y décrit les paysages et les personnages qui ont marqué son enfance, à travers l'histoire "mi-autobiographique, mi-inventée" de Ludo/Ludovic qui grandit entre sa grand-mère et son fil conducteur amoureux, Jacky.

C'est tout d'abord en cela que ce trouve le réel intérêt de cet ouvrage : son histoire d'amour qui nous guide à travers toutes étapes de la vie de Ludovic en toute poésie, et en alternant les chapitres "Ludo" où les phrases, comme saupoudrées sur les pages sur les pages forment une écriture légère, chantante, celle de la voix des mots d'enfants que l'auteur aime à emprunter, et ceux qui narrent le retour de Ludovic à ses origines (un thème très important pour Didier Malhaire) et nous invite à croire que le grand amour est destiné qu'on ne peut y échapper.

Ensuite, j'ajouterai que, pour n'importe quelle personne à qui il est arrivé de perdre puis de retrouver la personne aimée, le Roi du Lard ne peut qu'émouvoir, et enfin que le sujet tabou de l'homosexualité est vite omit, car la beauté -de l'écriture- triomphe toujours de tout.
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Et je reviens au roman le Roi de lard …

Sachez que, après avoir été coup de coeur du roman gay, ce roman a reçu le prix lycéen de la ville de Caen cette semaine.

Bravo à l'auteur, Didier Malhaire ! Bravo aux Éditions LES TAS DE MOTS qui ont eu confiance en l'auteur et en ce roman. Et enfin, bravo aux lycéens, j'adhère totalement à leur choix.

J'ai tellement aimé ce livre et ses personnages que je retardais l'instant de le finir. Trop attachée aux personnages peut-être, j'avais un peu peur de la fin.

Ludo, Jacky … je vous aime et j'ai aimé vous rencontrer et frémir avec vous.

Lien : http://www.auboutdemaplume.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ludo

C’est le premier mai, y’a pas d’école mais y’ a du muguet. Grand-mère en a fait un bouquet pour que j’aille l’offrir à Emilienne. Je suis arrivé chez elle et bizarrement, il n’y avait pas un bruit. D’une petite voix, Emilienne m’a remercié et a posé le bouquet dans un pot à confiture, au milieu de la table, sur la nappe cirée. Pascal et Bernard sont partis au pain. Catherine, la grande, elle fait la bonne chez les Lechat, les notaires. Mimi-Persil est silencieuse au fond de son lit cage. Je sais qu’elle est malade et je ne fais pas de bruit. Dans son lit elle semble avoir rétréci ou alors, c’est sa tête qui a grossi. Elle tousse dans son sommeil. Sa tête roule sur son oreiller comme si elle voulait se détacher. Elle a ouvert les yeux. La maison a semblé moins triste avec le bleu des yeux de Mimi.
 J’ai apporté du muguet, Mimi, tu veux le sentir ?
Elle a dit oui en fermant les yeux, trop fatiguée pour parler. Le muguet l’a fait éternuer si fort que j’ai cru qu’elle allait s’envoler. Emilienne l’a redressée sur ses oreillers. De la poche de mon blouson, j’ai sorti des billes. Des jaunes citronnées, des rouges veinées de blanc et une plus grosse transparente comme une goutte d’eau. Mimi bat des mains, attrape les billes et les fait rouler dans son lit. Elles se perdent dans les plis des couvertures, comme des petites bêtes cherchant la chaleur et réapparaissent là où on ne les cherchait pas. Le lit de Mimi sent un peu l’urine et le muguet aussi. Mimi rigole sous le regard soucieux de sa mère. Et puis, dans son rire, la toux est revenue. La toux de Mimi ressemble au cri d’un vieil oiseau déplumé qui ne pourrait plus s’envoler. Je suis reparti, laissant Mimi et la bille transparente. Elle va la mettre dans sa boite au trésor, près de sa cage, comme elle appelle son lit.
Je crois que Mimi va mourir. Des hirondelles sur les fils électriques chantent qu’il fait beau et que l’été n’est pas loin. Elles s’envolent, égrainant leur chant. En rentrant à la maison, je n’ai trouvé personne. J’ai appelé. Le chat est sorti. Il s’est étiré, a bâillé, découvrant ses crocs effilés. La barrière sur les champs est entrouverte. Jacky discute avec grand-mère. Je ne me suis pas pressé pour les rejoindre. Je sais qu’ils vont s’apercevoir que j’ai pleuré. Ça ne les regarde pas. J’entends grand-mère demander à Jacky s’il serait d’accord pour nettoyer le ruisseau, avec mon aide. Il est d’accord, mais personne ne m’a demandé mon avis. Le ruisseau alimente les trois abreuvoirs, disséminés dans les champs des Trois Basile. Grand-mère, pendant ce temps-là, va aller voir Emilienne et ensuite, elle préparera le repas.
Il fait déjà chaud. Jacky s’est mis torse nu. On patauge dans l’eau. Sans parler, on avance vers le bas des champs, retirant en passant les branches mortes, les amas de feuilles et de boue. L’eau, libérée, bondit. Son murmure s’amplifie. Elle chante et s’éclaircit avec la force du courant. Dans le bas des champs, Jacky s’est glissé derrière moi sans bruit. Ses lèvres cherchent mon oreille, mon cou. Je me suis dégagé et sans ménagement, je lui ai collé un coup de coude dans l’estomac. Sous le choc, il s’est mis à tousser.
 Fous-moi la paix, j’ai pas envie de déconner.
Jacky m’a dévisagé, surpris. Les larmes me sont montées aux yeux et j’ai tourné la tête. Mon copain a saisi ma détresse, il s’est rapproché.
 Tu pleures, Ludo ? …
J’ai tourné la tête. J’ai le nez qui coule. Je me le suis essuyé avec la manche de mon blouson. Jacky m’a tendu son mouchoir. Son mouchoir a la même odeur douce que lui. Et, je ne sais pas pourquoi, ça m’amène encore plus de larmes. Ce matin, mes yeux sont comme le ruisseau qu’on a fini de nettoyer. Ils coulent sans barrage, sans retenue, sans cesse alimentés par la pensée de Mimi. Quand elle sera morte, Mimi n’aura plus d’odeur, plus de couleur. Elle oubliera les billes et le muguet. J’ai fini par avouer à Jacky la cause de mon chagrin.
 Tu sais, Mimi, elle aurait pas dû naître. Personne n’en voulait, ni Emilienne, ni Dédé. Personne.
Jacky me fixe du bleu dur de ses yeux. Il a continué :
 Tu sais pourquoi, dans le dos d’Emilienne, on appelle Mimi « Mimi-Persil ? »
Non, je ne sais pas, peut-être est-ce à cause de ses cheveux tout frisés comme le persil. Jacky rigole comme pris de folie.
 T’es un drôle de zozo, articule-t-il entre deux spasmes.
 Emilienne, elle a essayé de la faire passer. Avec le Dédé, ils avaient pas assez de sous pour l’élever. Alors, Emilienne, il paraît qu’elle s’est mise des queues de persil là… me dit-il en me montrant son entrejambe.
 Et alors ?
Je veux connaître la suite, même si je ne peux pas croire ce que raconte Jacky.
 Et alors le persil, ça n’a pas marché, ça l’a blessée. Ça lui a fait gonfler la tête. Mais elle était bien accrochée. Elle a pas bougé et Emilienne, il paraît qu’elle a failli y passer…
Les vaches se sont rapprochées doucement. Elles arrachent les touffes d’herbe d’un coup de tête et mâchonnent, imperturbables. Des mouettes passent paresseusement dans le ciel et nous indiquent la direction de la mer, par-dessus les arbres. Elles glissent sans un cri, sans effort, portées par le vent des nuages. Je me suis assis, les mouettes disparaissent sans bruit. Jacky patauge dans le ruisseau. Je l’entends qui chantonne. Il semble m’avoir oublié.
Mimi-Persil est partie le lendemain, pendant la nuit. Elle a abandonné sa cage et emporté sa boite au trésor.
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Ludo

La maison Émilienne, en arrivant aux Trois Basile, on ne pouvait pas la rater… C’était une ancienne grange rafistolée par tous les bouts… Une grande bâtisse recouverte de lierre. Les murs disparaissaient sous les feuilles. Dédé, le mari Émilienne avait beau couper, tailler toute cette saleté, sans cesse, ça repoussait, encore plus dru, comme pour mieux la bouffer, la désintégrer. L’intérieur de la baraque ressemblait à une grotte. Une lumière verdie passait par l’unique fenêtre. Elle éclairait une pièce chaotique. Le sol de terre battue n’était que trous et bosses. Tous les meubles, le buffet, les armoires, le fourneau, les lits, tout était monté sur des cales. Un mobilier sur pilotis. Seuls la table et les bancs tenaient sur leurs pieds, sans prothèse pour les stabiliser. Une maison bancale, prête à s’effondrer, et qui résistait. Dans un coin de la pièce, quand j’y suis rentré la première fois, j’avais remarqué une drôle de cage, un lit à barreaux. De la cage, une petite voix avait demandé : qui vient d’entrer ? J’étais resté interdit. Bernard, le plus âgé m’avait fait signe de m’avancer. Quand je m’étais rapproché de la voix et que je m’étais penché, j’avais eu un mouvement de recul. Deux grands yeux bleus me transperçaient dans la lumière verte, des yeux perdus sous l’énormité d’un front bombé. Émilienne m’avait poussé légèrement de la main, m’empêchant tout nouveau recul. – Alors, c’est toi Ludo ? … Mon regard a fait le tour de la pièce, affolé… Puis il s’est reposé sur la grosse tête de la petite fille… -Moi, c’est Mimi… Je ne peux pas bouger, je suis comme attachée, mais j’entends et je vois clair… Tu veux bien m’embrasser… J’ai regardé Emilienne, son grand nez et ses yeux qui continuaient à s’engueuler… Je les ai tous regardés et je l’ai embrassée sur son grand front et sa pauvre tête déformée. Elle a ri comme soulagée, d’un rire de pauvre fée maltraitée. Émilienne m’a tiré sur la manche. –Viens, maintenant, elle est fatiguée, faut la laisser.
Quand je suis revenu à la ferme, j’ai demandé à grand-mère pourquoi Mimi, elle avait une tête si grosse qu’elle l’empêchait de bouger. Grand-mère m’a dit qu’elle était née comme ça, que ça arrivait parfois. J’ai dit aussi qu’elle était attachée… Grand-mère a mis du temps avant de répondre… Je vais te dire, Ludo, les enfants comme Mimi, c’est comme les ballons, au bout d’une ficelle… Si tu lâches le fil, ils s’envolent dans le ciel et tu peux plus les rattraper… J’ai pensé que Mimi, dans sa maison de feuilles, elle était comme un oiseau dans un arbre, prête à s’envoler ou qu’elle était comme les petits des hirondelles, dans l’étable. Fallait attendre, comme Jacky me l’avait dit, que leurs plumes poussent pour qu’ils puissent quitter leur nid.
Dès que je pouvais, j’aimais bien rendre visite à Mimi dans son nid. Elle était souvent joyeuse et souvent aussi, elle dormait. Elle se fatiguait vite, disait Émilienne, fallait pas la réveiller…
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J’ai tiré sur ma dent avec mon pouce. Vers l’avant, ça m’a fait un peu mal, comme du vinaigre sur une coupure et puis plus rien. J’ai appuyé un peu plus fort, vers l’arrière. J’ai senti un petit ploc. Dans la bouche, j’ai eu un drôle de goût salé et sur ma langue, j’ai senti un petit machin dur. Ça fait comme une fève dans la galette, le jour des Rois. Entre mes dents, sur le devant de ma bouche, j’ai ouvert une porte bizarre, comme une brèche dans une haie. J’ai glissé ma dent de lait dans la poche de mon short. Je vais la planquer, l’enterrer dans un coin du jardin et surtout ne pas en parler. L’autre jour, j’ai brandi mon trophée, à table, sous le nez de ma mère.
 Ramasse ça Ludovic, c’est dégueulasse… Ouvre ta bouche… Ouvre ta bouche j’te dis… J’ai fini par obéir…
 Michel, vise la tronche de ton fils !
Mon père a jeté un regard vague par-dessus son verre de rouge.
 Regarde, il perd ses dents de lait… Ma mère a gloussé : ça le rend pas plus beau ! Il est d’un laid ! Tous les deux sont partis dans une crise de rire et ils ont fini par m’oublier et puis, comme d’habitude, ça a fini par se gâter…
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On a trinqué à tous les anges alcooliques qui passaient, l'auréole de travers, quatre points en moins sur le permis de voler.
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"Ce sont les noces de quoi quinze ans ? De Sopalin ?"
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