Une sirène à Paris

Au loin, la tour Eiffel scintillait comme une bouteille de champagne électrique.

La nuit remballait son matos de Noël, étoiles, lune et autres décorations du presque silence. Le grand orchestre symphonique des klaxons de Paris s'accordait à l'horizon.

La mélancolie compensée par la sensation d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire. Ce cadeau de la nature.

Tout ralentissait. Constellations d'étoiles de mer dans la tête et bulles de champagne à la place des globules. Tout était onctuosité. Lula s'enroulait autour de lui, dansait dans le ciel ralenti.

La morgue était ce congélateur géant où les cadavres étaient rangés comme des aliments.

Depuis l'enfance, il avait développé une forme de maladresse chronique particulièrement sévère. Camille disait qu'il avait été mordu par Pierre Richard et avait contracté la " Pierrerichardite ".

Ce poisson-fille était si beau que, même les yeux fermés, Gaspard ne parvenait pas à soutenir son regard. Sa bouche, un pare-chocs d'autotamponneuse en porcelaine. Pas sûr qu'elle puisse manger avec un truc pareil, mais embrasser oui par contre ! Ses seins le faisaient penser à deux belles panna cotta vanille dodelinant dans une assiette, ses fesses à un lustre d'hôtel de luxe. Une sirène.

Lui dire que l'imagination n'était pas qu'une bulle de savon décorative,mais qu'elle tait son identité,leur identité.

" Le jour entra dans la nuit telle une goutte de lait dans un café noir. "

...il tenait une gueule de bois dont même Pinocchio aurait pu revendiquer la paternité.