Bel abîme

Mon oreiller a épongé mes pleurs. J'ai reçu une gifle. Un récit court, certes, mais a-t'on besoin d'en lire davantage ? Non. Tout est si bien dit et c'est douloureux. Comment vais-je le mettre en avant comme cadeau de Noël sur ma table de coups de coeur de la librairie...et bien en disant que notre humanité a parfois besoin de se rappeler à nous en criant de douleur, de rage. Merci pour ce texte bouleversant et necéssaire. On n'en sort pas indemne mais avec un sentiment de cette justice que parfois on rêve de rendre.

Du fond de sa prison, dans un monologue fiévreux et plein de rage, un adolescent raconte à son avocat et à un psychologue pourquoi il est dans sa situation.

D'une plume brute, cinglante et affutée et au travers du regard d'un enfant de quinze ans, l'auteur décrit la situation de la Tunisie et ses mots font mal au coeur. En quelque cent pages et avec une précision d'orfèvre, il nous dit la violence, la soumission, l'impossibilité de croire en un avenir pour une jeunesse désabusée…

C'est âpre, percutant et d'une grande intelligence. Un tour de force.

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Je ne pensais pas pouvoir être aussi touchée par un livre aussi court.
Construit comme un discours, récits rapide, vif et cinglant.
La vérité brut des rues de Tunis, de l'âme des hommes et des garçons.

J'ai été bluffée, je n'ai pas pu poser le livre, décrocher mon regard, mon esprit du cri de détresse d'un jeune amoureux de la vie, que la vie a malmené.

Ces éditions ne m'ont jamais déçues, toujours à trouver des plumes originales, belles et poétiques.

Décidément, je suis toujours impressionnée par le talent de Yamen Manai et sa capacité à toucher juste à chaque fois. Son écriture est parfaite pour ce texte coup de poing : à la fois percutante et poignante.

Ce texte est un long cri. Celui d'un jeune garçon qui n'en peut plus de tant de violences et d'injustices. Dans cette société où la tendresse a peu de place, il avait trouvé de l'amour et de la douceur auprès de Bella. Mais Bella lui a été enlevée. N'ayant plus rien à perdre dans ce monde où il avait déjà si peu, il passe lui aussi à l'acte violent. Mais cette violence-là n'est pas tolérée. Il se retrouve devant un avocat et un psychiatre.

Alors, il parle, il déverse toute la rage qu'il a accumulée depuis sa naissance. Il raconte ce monde de brutalité où il faut trouver un plus petit ou un plus faible que soi pour exorciser et transmettre la violence qu'on a subie. Il raconte cette société qui refuse de voir les causes de la colère, qui se cache les yeux et se bouche les oreilles mais s'indigne de la violence d'un enfant contre la hiérarchie sociale.

Ce cri de révolte est aussi celui de l'auteur, à la fois critique et amoureux de la Tunisie, contre les violences faites en particulier aux enfants et aux animaux.

Tout simplement bouleversant.

Un direct dans la face de l'ordre établi.

Yamen Manai raconte une adolescence dans ce court roman qui fait penser au Pain nu de Mohammed Choukri dans sa forme épurée et avec ce ton singulier, sans détour. Un adolescent chétif et isolé traverse une jeunesse difficile avec un père violent. le jeune homme finit par rencontrer Bella, un jeune chiot qu'il adopte et qui arrivera dans sa vie comme une lueur d'espoir. Une lueur comme pour conjurer toute la violence qui entoure le jeune homme, dans cette vie à Tunis. Hélas le sort va rattraper le jeune homme et les choses vont se compliquer pour lui. Il est interrogé au début du roman par un avocat et le lecteur comprend petit à petit que l'adolescent a été arrêté. Il raconte alors tout au long du livre son enfance et ce qu'il a traversé pour en arriver là. "Bel Abîme" est un roman âpre et marquant dans lequel un adolescent tente de lutter à sa hauteur contre des injustices. Un coup de coeur à découvrir, un texte qui sonne.
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Quel coup de poing ! Quel style. En à peine plus de cent pages, Yamen Manai nous dépeints la souffrance d'une génération abandonnée, sculptée par la violence et qui ne doit au grand jamais lever la tête ni placer un mot plus haut que l'autre.
Il y avait tellement de beaux passages et de belles citations qu'à un moment que je me suis dis que j'étais en train de recopier le livre :D
Le format est assez original, il s'agit du monologue d'un jeune garçon qui explique un coup à son avocat, un coup au psychiatre de la prison, la justification de son acte. Seule sa parole est retranscrite mais comme il le dit lui-même "C'est la seule fois où j'ai eu quelque chose dans ma poche, et je peux vous dire que ma langue n'y est pas".
C'est clairement très dur de faire une critique de ce livre sans trop en dévoiler mais je ne peux que vous recommander ce roman. Pour ma part, Yamen Manai est une très belle découverte et je vais m'empresser d'ajouter ses autres livres à ma PAL.

Une gifle doublée d'un coup de coeur !
Un texte noir, qui parle de violence, de désespoir, de renoncement, de fatalité, une histoire qui déchire le coeur.
À travers la voix du narrateur, Yamen Manai porte un jugement acéré sur son pays, la Tunisie, et dénonce la violence institutionnelle qui touche la famille et la société,
Bel abîme est l'un de ces romans qui chavirent et te laissent sonné, le coeur explosé. Parce qu'enfance devrait rimer avec innocence !

Un adolescent tunisien d'une quinzaine d'années est en attente de jugement en prison. Il va rencontrer tour à tour son avocat puis un psychiatre, et va leur dévoiler les raisons de son enfermement.

Enfant mal aimé dans sa famille, maltraité à l'école, lui qui aime tellement les livres, à l'avenir bouché par un contexte politique et économique déplorable, sa colère grandit avec lui jusqu'à ce qu'il rencontre Bella. Elle est vulnérable, il est là pour la protéger. Entre eux va naître un amour inconditionnel. C'est elle qui lui donnera le courage de se dépasser, jusqu'à ce que ...

L'auteur nous offre un court texte fort et bouleversant. Dans un style direct et dépouillé , il revient sur l'après Printemps Arabe qui a finalement changé peu de choses à la violence ambiante et au patriarcat.

Un monologue plein de rage et d'amertume qui fait mouche.

A découvrir
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Un jeune tunisien se trouve dans les locaux de la police après avoir tiré sur son père.

Petit à petit, nous découvrons ce qui l'a amené à perpétrer ce geste, tout en découvrant la société tunisienne de l'intérieur.

Une société rongée par la violence, où les plus faibles se vengent sur les insectes.

J'ai aimé l'humour qui se dégage parfois de ces pages, mais aussi le regard sans concession du narrateur sur son pays.

J'ai aimé le leitmotiv de la main : un homme de main, lever la main sur son enfant.

J'ai découvert des habitants Errahma-lé : sans pitié, alors que le Prophète est lui miséricordieux.

J'ai aimé l'amour inconditionnel qu'il porte à Bella, celui qui lui a manqué à son frère et lui, son frère se réfugiant dans la nourriture.

J'ai eu de la peine pour ce jeune homme bien trop lucide.

Quelques citations :

A la vitesse à laquelle on y va (dans le mur), je ne crains pas pour le pays, je crains pour le mur. (p.19)

Je n'ai jamais reproché à mon père d'être un pauvre fils de pauvre, mais je lui en veux d'être un pauvre de coeur, de ne pas avoir compris où était la vraie richesse. Etre bon pour sa famille est plus important que la façade que l'on construit pour les autres et pour laquelle son propre sang subit la négligence, le désamour et la rancune. (p.80)

L'image que je retiendrai :

Celle du jeune homme courant tous les matins avec son chien sur des kilomètres.
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Un roman percutant qui décrit la banlieue de Tunis à travers les yeux d'un adolescent un peu marginal : un récit fort, impactant, on ressent la colère et la violence qui règnent dans cette ville. On ressent les indignations du personnage, et on comprend ce qui l'a mené là où il est. Les incompréhensions du personnage principal, et son attachement fort avec Bella.

Petit twist sur l'identité de Bella d'ailleurs, une narration, simple mais bien construite.

Vraiment un petit récit efficace qui souligne des problèmes de société.