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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avoue, je n'ai jamais rien lu d'Umberto Eco, bien qu'ayant aimé le film le nom de la Rose il y a fort longtemps!
Dans cette magnifique adaptation de Milo Manara, le récit coule tout seul.
Après un prologue présentant Umberto Eco qui, tel Borges, parcourt villes et antiquaires à la recherche du Manuscrit de dom Adson de Melk où celui-ci relate comment, dans sa jeunesse en 1327, il assista à des événements étranges, commence le récit en lui-même, au coeur de la montagne italienne.
Le jeune Adson est alors le disciple de frère Guillaume de Baskerville, ancien inquisiteur et connu pour ses talents de déduction et d'analyse, un Sherlock Holmes précurseur quoi.
Avec eux, on évolue dans ce monsatère haut perché et aux règles strictes, on découvre les illustrations profanes du jeune frère retrouvé mort peu auparavant et pour lequel Baskerville est convié à enquêter.
Bien sûr, le récit est bien ficelé et les illustrations sont superbes, mais on a affaire à deux très grands auteurs, Manara et Eco.
La plume de Manara se fait très discrètement érotique mais d'une grande érudition dans ses représentations d'un monastère du 13ème siècle.
J'ai maintenant hâte de lire la suite, et peut-être même, qui sait, de lire le roman lui-même!

Petit coup de coeur pour la citation d'Eco:
"Quand j'ai envie de me détendre, je lis un essai d'Engels; si, au contraire, je veux me pencher sur quelque chose de sérieux, je lis Corto Maltese": j'adore!
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Parfois tout est question de chiffres
Deux légendes, Milo Manara et le regretté Umberto Eco ;
Une oeuvre : le nom de le rose ;
Après avoir embrassé le 3 ème art avec son Caravage, tout en magnificence ;
Manara, vénérable maitre du neuvième art, s'attaque au 5 ème Art, la littérature ;

Alors quand on aborde le Nom de la Rose, vient très vite à l'esprit l'adaptation cinématographique qui date de 1986, mais c'est surtout et avant ce chef d'oeuvre d'Umberto Eco, sorti en 1982 en France, remarquablement traduit par Jean-Noël Schifano et auréolé la même année du Prix Médicis étranger.

1982....2022
Anniversaire salué, l'année dernier par la parution chez Grasset d'une version qui pour marquer le 40 ème anniversaire de sa publication. Cette version intégre les croquis et les notes préparatoires de l'auteur ainsi qu'une postface de son éditeur italien Mario Andréose.
C'est également en 2022, que le magazine Italien Linus (qui publia en 1965 en autres interviews une d'Umberto Eco) diffuse les deux premières planches dans sa version préliminaire sans textes, de ce qui deviendra presque un an plus tard une BD qui se déclinera en 2 volumes. Et l'attente est déjà là...

Manara a dit  "Le Nom de la rose est un livre qui a connu un succès mondial et a déjà eu des adaptations à la fois au cinéma et à la télévision, donc faire une nouvelle transposition est sans aucun doute un grand défi. Bien sûr, j'ai tout de suite pensé que la bande dessinée elle-même est un livre et, le Nom de la rose, dans un certain sens, est un livre sur les livres. J'ai pensé que, contrairement aux transpositions précédentes, on pouvait élargir le sujet en créant un livre sur un livre qui parle de livres, en poursuivant ce croisement de citations dans un jeu de matriochkas intéressant."

Car autant le dire toute de suite c'est à une adaptation extrêmement complexe à laquelle il s'est attaché et il fait montre d'une extraordinaire preuve de polyvalence artistique.

Il en émane de Les scénarii forcément imbriqués  : internes (ceux du monastère bénédictin et ses salles secrètes), externes (les paysages enneigés qui entourent le bâtiment) et oniriques (avec des dessins animés entiers à la manière de Jérôme Bosch dédiés à la représentation des diables, des pécheurs et des rêves infernaux nés issus des fantasmes des différents personnages), pour lesquels le dessinateur adapte son coup de crayon..

Adapter une oeuvre colossale, est un exercice complexe, pour laquelle Manara fait preuve d'une réelle polyvalence artistique.
Il a réussi à épurer le récit de la bonne manière et aux bons endroits pour pouvoir en faire une synthèse nécessaire qui n'enlève rien à l'essence de l'oeuvre originale. L'histoire de Guillaume de Baskerville et d'Adso de Melk, de leur arrivée dans l'abbaye des Alpes piémontaises entachée par une série de meurtres, de leurs enquêtes et de la formation du plus jeune des deux est introduite, comme dans le roman, par le prologue dans lequel Eco raconte la découverte du manuscrit original, et est accompagné de digressions historiques fondamentales pour reconstruire le contexte dans lequel sont immergés les faits racontés.

L'aspect le plus étonnant et le plus merveilleux de cette BD est sans aucun doute le parti pris artistique. Manara navigue avec aisance et élégance entre trois styles graphiques différents :
Un graphisme traditionnel pour l'intrigue principale celle d'Adso et de Guillaume, de leurs enquêtes, de la formation du plus jeune des deux ;
Une ligne picturale d'influence de fin du Moyen Âge et de Renaissance pour les digressions historiques sur l'hérésie dolcinienne ;
Et enfin quand il s'agit des fantaisies d'Adelme qui rappellent le style grotesque des miniatures, tout comme les bas-reliefs du portail de l'abbaye les dessins, s'animent de milles couleurs - de milles details - qui peuvent faire penser au Jardin des délices de Jérôme Bosch.

Les scénarios sont également remarquables : internes (ceux du monastère bénédictin et ses salles secrètes), externes (les paysages enneigés qui entourent le bâtiment) et oniriques (dédiés à la représentation des diables, des pécheurs et des rêves infernaux nés issus des fantasmes des différents personnages). Et Manara d'adapter son coup de crayon...

Car l'aspect le plus étonnant et le plus merveilleux de cette BD est sans aucun doute le parti pris artistique. Manara navigue avec aisance et élégance entre trois styles graphiques différents :
Un graphisme traditionnel pour l'intrigue principale celle d'Adso et de Guillaume, de leurs enquêtes, de la formation du plus jeune des deux ;
Une ligne picturale d'influence de fin du Moyen Âge et de Renaissance pour les digressions historiques sur l'hérésie dolcinienne ;
Et enfin quand il s'agit des fantaisies d'Adelme qui rappellent le style grotesque des miniatures, tout comme les bas-reliefs du portail de l'abbaye les dessins, s'animent de milles couleurs - de milles details - qui peuvent faire penser au Jardin des délices de Jérôme Bosch.

En parlant de son adaptation Manara confie que :" le fait qu'il s'agisse d'une histoire presque entièrement réalisée dans un monastère, avec des personnages tous habillés de la même manière, est sans aucun doute un défi pour un dessinateur, qui a pour priorité de toujours garder l'aspect visuel du récit intéressant. le thème de la censure, ou comment les pages de la Poétique aristotélicienne consacrées au rire déclenchent la folie meurtrière du fanatisme religieux, je le traduirais d'un point de vue visuel, en dédiant plus d'espace aux marginalia, les miniatures qui offraient une vision à l'envers de la réalité conventionnelle, considérée dans le livre d'Eco comme le déclencheur de l'enquête."

L'utilisation de la couleur est très particulière, douce, silencieuse voire désaturée qu'elle en semble presque absente.
Manara, ou plutôt sa fille, utilise des tons où l'équilibre se joue sur le blanc et le gris, avec des nuances subtiles qui donnent vie à l'atmosphère rigoureuse de l'abbaye bénédictine et à ses règles rigides de vie, de prière et d'abstinence, parvenant à interpréter au mieux les éléments naturels, c'est-à-dire les lumières et les ombres de l'hiver enneigé.
Les seules exceptions sont les tons clairs, les rouges du feu, du sang et du vin, et l'apparition féminine finale...

Le talent de Manara ressort tant dans les portraits que dans les décors qui accueillent les scènes ; dans ce cas, le sujet du "corps" - qui a toujours été propre au dessinateur - est caché derrière les longues robes qui cachent les formes, et l'attention de l'artiste se concentre alors sur les visages et les expressions faciales des personnages.
À la lumière de tous ces mécanismes artistiques, qui ne sont pas sans rappeler SON Caravage, tous les ressorts en font une d'adaptation réussie, et pourtant adapter un tel livre était une gageure....

Mais quand l'un des plus grands crayons du monde se met au service de l'un des plus grands stylos du monde, pouvait-il en être autrement....
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Ah, « le Nom de la rose » ! J'ai longtemps envisagé de lire le roman, j'ai vu le film un bon nombre de fois au point de connaître certaines répliques par coeur ; alors quand j'ai vu son adaptation en BD, je me suis ruée dessus !

« Au commencement était le verbe et le verbe était Dieu. Arrivé au terme de ma vie de pêcheur, tandis que chenu, vieilli comme le monde. Désormais retenu par mon corps lourd et malade dans cette cellule de mon cher monastère de Melk, je m'apprête à laisser sur ce vélin témoignage des événements admirables et terribles auxquels dans ma jeunesse il me fut donné d'assister, vers la fin de l'année du seigneur 1327. » J'ai aimé les explications du début de la BD : la découverte d'un manuscrit par Umberto Eco et la reprise des mots d'Adso de Melk, annonçant son projet.

« Les voies de l'Antéchrist sont lentes et tortueuses. Il arrive ! Ne perdez pas les derniers jours à rire sur les avortons à la queue boudinée ! Ne dissipez pas les sept derniers jours ! » le jeune Adso a la chance d'être le serviteur d'un Maître perspicace et généreux. Une réputation trouble le précède, et pourtant, il est respecté, voire craint, par les hommes de foi de l'abbaye bénédictine dans laquelle il vient résoudre une enquête : des moines y trouvent la mort. Est- ce l'oeuvre du Diable ?

Au final, j'ai adoré cette BD. J'ai eu l'impression d'entendre la voix française de l'acteur Sean Connery dans le film. de plus, j'ai adoré lire les explications sur les conflits religieux chrétiens du XIVe siècle. J'ai compris bien plus d'éléments de l'histoire racontée par le film. Vivement la suite !
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J'ai retrouvé avec plaisir Guillaume de Baskerville grâce à son fidèle novice et serviteur Adso.

On retrouve exactement l'ambiance un peu lourde et inquiétante du roman et j'ai eu l'impression que l'intrigue est plus claire en graphique. Après, ma dernière lecture du roman date d'il y a plus de 20 ans, alors peut-être que mes souvenirs me trompent, mais j'avais eu l'impression d'une intrigue assez compliquée à suivre… Là, non.

Une adaptation pour le moment très réussie et qui m'a semblée fidèle, comme toujours quand les auteurs d'origine y sont associés.
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L'adaptation du chef d'oeuvre d'Umberto Eco sous forme de roman graphique par Milo Manara est une belle réussite.
On retrouve ici des éléments présents dans le roman, mais que Jean-Jacques Annaud avait dû gommer pour faire entrer le roman dans les cent trente et une minutes de sa magnifique adaptation cinématographique.
Le décor est conforme aux descriptions d'Eco et on retrouve toute l'atmosphère particulière qui peuple le roman comme le film.
Les personnages apparaissent tels qu'on peut les imaginer et l'intrigue est habilement illustrée pour conserver l'esprit de l'auteur.
Ce premier opus rend le lecteur impatient de découvrir la suite en images.
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L'adaptation d'un roman culte qui a déjà donné lieu à un film mémorable (et critiqué), une série moins connue (et très sage), voilà un défi relevé par Manara de belle façon. Son atout? la façon dont il traite l'objet livre et les enluminures décrites avec précision. Les petits dessins intégrés dans les marges par des moines facétieux (ou pas), qui évoquent l'imaginaire de Bosch sont particulièrement bien réussis. Sinon cette première partie prend le temps d'installer l'histoire, sans évoquer l'inquisition (pas encore arrivé à l'abbaye), les personnages d'enquêteurs (Guillaume et Adso) et les moines (et leurs trognes magnifiques dans le film) et les premiers morts parmi les moines.
Nous sommes en 1327 lors d'un hiver froid dans une abbaye bénédictine qui s'enorgueillit d'une bibliothèque réunissant les ouvrages les plus rares depuis que l'écriture existe.
Guillaume de Baskerville accompagné de son aide, Adso, poursuit une tournée d'abbayes pour une mystérieuse mission lié sans aucun doute à la situation religieuse et politique tendue que connait l'Europe : 2 papes dont un hérétique, 2 empereurs, cela en fait à chaque fois un de trop.
Mais c'est une toute autre enquête que lui confie le père abbé : un jeune moine a fait une chute mortelle du haut des murs. La fenêtre close indique que quelqu'un l'a fermé après le passage du mort. S'agit il d'un accident ou d'un meurtre?
Des dessins splendides alliés à une colorisation délicate, pour le moment ce premier tome est une réussite. A suivre!
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Transposer en bd « le Nom de la rose » après la magistrale adaptation cinématographique de Jean-Jacques Annaud était une gageure. Pour tout exégète du film, tout nous y ramène et je pouvais craindre d'être déçu à la lecture de ce roman graphique.

Il fallait tout le talent de Milo Manara, grand monsieur transalpin de la bd, incontestablement reconnu pour ses personnages sensuels dans des oeuvres coquines, pour remettre en image la grande saga monastique médiévale, passablement pervertie en pleine période d'inquisition, d'Umberto Eco.

Le dessin y est immersif, les couleurs divinement enveloppantes tout en sachant se renouveler au fil de la narration. le séquençage accompagne le suspense tout au long d'un récit haletant. Les trognes des personnages de la bd sont le reflet des trognes des personnages du film : les traits fins des faciés délicieusement exagérés (Salvatore...), oscillent entre le grotesque, le grossier, la caricature. Ces personnages dégénérés semblent s'être extirpés du tympan de l'église.

Manara reprend successivement les codes picturaux de l'enluminure, de la gravure. Les rappels graphiques oscillent par moment entre Jérôme Bosch et la peinture miniature flamande des Bruegels.

Impossible de ne pas attendre frénétiquement la suite de ce récit monastique alternant intolérance, mysticisme et divine dépravation. Bravo.
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Livre sur le pouvoir des livres, le Nom de la Rose trouve chez Milo Manara un adaptateur hors pair et ô combien désigné. le choix d'éditeur qu'on pouvait craindre est un choix de roi, totalement réussi. Et dire que Manara s'amusait à se demander pourquoi lui, dans un récit où on ne voit, a priori, que des hommes et plutôt des moines !
Sous la plume et le trait de Manara, et avec les couleurs très réussies de sa fille, le roman riche de références s'envole littéralement. Les récitatifs du narrateur, que l'introduction nous fait connaître àgé, se font légers, illustrés et colorés dans un style particulier. L'enquête menée par un Marlon Brando - Sean Connery était déjà pris et je cherchais l'idéal masculin, dira Manara pour expliquer son choix - tout à la fois ascète et sensuel, cartésien et intuitif, courageux et obstiné, est un délice, un jeu de pistes où il fait bon se perdre. le tandem formé pour la mener est à la hauteur de la cruauté des crimes qui sont commis et des épreuves à franchir dans ce qui reste un roman d'apprentissage... Savoir et voir que Manara y tient la plume est un plaisir délectable. La plume et le ciseau car le dessinateur sculpte aussi le personnage essentiel ou presque, le monastère. Et que dire de tous les personnages dits secondaires !
Captivant, magnifique et réussi. 5 étoiles.
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J'ai complètement replongé dans le film (et oui, le roman je ne l'ai pas lu). Les dessins sont précis, d'un très beau trait. le détail permet de s'installer dans les lieux: on se représente les lieux et c'est un plaisir de replonger dans l'univers du nom de la rose. Manara dépose sa touche coquine dans les enluminures. Les dialogues sont au plus juste. Magnifique adaptation!
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Que j'avais aimé ce roman d'Umberto Eco, lu pendant mon adolescence au moment de la sortie du film que mes parents m'avaient interdit de voir ! Une lecture jouissive donc, de censure en littérature !
Et c'est avec ce souvenir que j'ai abordé la lecture de cette BD signée du Maestro Manara pour les illustrations, car je déplore malheureusement ses scénarios. J'ai donc dévoré ce premier tome où je retrouve la délicatesse des enluminures et la tendresse du jeune moine, la rudesse de la vie monastique et la démence des illuminés.
Hâte de lire la suite et fin de ce thriller ! Ce chapitre sur le rire m'avait fait forte impression...
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Milo Manara est un auteur de bande dessinée :

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