Un polar ? Où ça ?
Lorsque l'on aborde un roman classé roman policier, on s'attend à rencontrer, une victime, une enquête dont l'objectif sera de découvrir le coupable.
Pour ma part, l'enquête constitue le moteur du roman, ce qui invite à tourner la page mais l'intérêt du récit se trouve dans st tout ce qui l'entoure, le milieu, l'époque, les personnages où le lecteur est convié à évoluer. Ce sont ces aspects qui feront que je me souviendrai de l'ouvrage.
Dans le roman dont il est question ici, les victimes sont justes anecdotiques, elles ne sont mentionnées qu'en étant le fruit du travail du personnage principal. Ces victimes sont considérées comme le résultat de sa production, comme autant de boîtes de cassoulet ou de mètres de clôture repeinte. Elles n'ont pas plus de consistance humaine ou émotionnelle.
En ce qui concerne l'enquête, elle est très facile à présenter, à résumer, elle n'existe pas.
Reste donc l'un des personnages clés du roman policier : l'enquêteur. Là aussi le propos est bref, pour la même raison : pas d'enquête donc pas d'enquêteur.
Que reste -t- il donc pour constituer un roman policier ?
Un suspens peu soutenu concernant le désir de vengeance de proches d'une cible exécutée par le tueur.
Plutôt qu'un polar, j'y ai davantage vu une biographie fiction d'un romantique transformé en tueur afin d'atteindre l'objet de son rêve affectif, le tout en étant totalement coupé du monde extérieur. Tout se déroule dans le microcosme tueur, employeur.
Il est plusieurs passages également où il est difficile d'identifier qui est qui, ce qui peut davantage faire penser à une atmosphère de roman d'espionnage ou à un individu vivant dans une sorte d'absolu idéalisé, sans repère autre que lui-même, sans objectif autre que celle qu'il a élu sans toutefois tenir compte des désidérata de la bienaimée.
Vu sous cet angle, le sujet présente un peu plus d'intérêt mais cela ne devient pas exaltant pour autant car l'humain en est absent, la sensibilité inconnue, l'affectif hors sujet.
Cet auteur est présenté comme étant l'instigateur du nouveau polar. J'avoue n' absolument pas comprendre en quoi il a renouvelé un genre qui, aussi critiquable puisse -t- il être avait le mérite de proposer des récits contenant des ressorts dramatiques.
Si c'est ainsi que se présente le nouveau polar, je m'interroge grandement sur ce que je lis et classifié comme tel.
Où se trouvent l'Angleterre victorienne d'
Anne Perry, celle du Moyen-âge de Ellis Peters ou
Peter Tremayne. Où sont ces villes bouillonnantes de la fin du XIX début XXème avec
Frank Tallis à Vienne, Les soeurs
Izner à Paris,
Jean Contrucci à Marseille. Où est l'Egypte sous
les pharaons avec
Christian Jacq ou plus récente avec
Elizabeth Peters.
Où est le Paris du XVIII de
Jean-François Parot dont les épisodes télévisés ne révèlent rien de la richesse des romans.
On pourrait également évoquer
Giacometti Ravenne évoluant dans l'univers des francs-maçons.
Certains jugeront peut-être l'écriture pas assez littéraire mais dans le roman qui nous intéresse ici, l'écriture n'est pas le point pouvant interpeler. Reste à savoir ce que l'on recherche dans l'écriture. Mon critère est qu'une bonne écriture est comme une bonne musique de film, on n'y pense pas quand on la lit, elle est au service du lecteur pour qu'elle l'immerge dans l'écrit de l'auteur. L'écriture n'est pas un objectif en soi.
Sans être un mauvais livre, c'est un ouvrage que je vais très vite oublier. L'absence de saveur et de consistance ainsi que celle d'un sujet qui interpelle ne peuvent permettre à la mémoire de s'y ancrer.
L'intrigue se situe peut-être là . Comprendre pourquoi ce roman est cité par certains comme une référence.
Peut-être suis-je passé à côté de quelque chose, peut-être ma manque -t- il des clés ? Merci de votre générosité pour éclairer ma lanterne.
En tant que polar, je ne lui attribue guère plus de 1*
En tant que roman sur un homme égocentrique évoluant dans un univers isolé du reste du monde, on peut monter à 3*