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3,95

sur 404 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Récit vif, plein d'humour et de second degré, ce court polar nous entraîne dans les mésaventures de Georges Gerfaut. Les changements de ton et de cadre se multiplient, notre homme est malmené... et il y a toujours un air de jazz en arrière-plan. Réjouissant.
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Il est malin Manchette. D'entrée de jeu, il intrigue le lecteur en présentant son héros Georges Gerfaut, agissant de façon erratique, roulant en trombe au volant de son véhicule sur le périphérique parisien, tout en écoutant du jazz west coast...... attitude que l'on ne comprendra vraiment qu'après avoir lu ce bouquin.

Mais qu'a-t-il donc fait ce Georges Gerfaut, cadre commercial d'âge moyen, apparemment sans histoire, marié, 2 enfants, existence tout ce qu'il y a de banale, pour que deux tueurs se lancent subitement à ses trousses ?
Eh bien, rien d'autre que porter secours à un automobiliste blessé lors d'un accident. Remarquez qu'en l'occurrence il ne s'est pas comporté en bon samaritain, non s'il s'est arrêté c'est pour éviter d'être taxé de non assistance à personne en danger.
Quel qu'il soit, ce geste de sollicitude sera curieusement récompensé, puisque Georges Gerfaut va être victime d'une tentative de meurtre lors de sa première baignade, dès le premier jour de ses vacances sur la côte ouest, au bord de l'Atlantique.
Il s'en trouvera totalement déboussolé ; pris de panique, on le comprend, il prend la fuite aussi sec et adopte un comportement désordonné, typique d'un être en cavale qui ne sait plus trop quoi faire !

Et Manchette, incisif, économe de moyens, d'entraîner le lecteur sur les traces de son héros malmené par les événements, ballotté à travers la France et se laissant dériver au gré des circonstances, pris dans un engrenage dont il peine à démêler les fils, jusqu'à ce que …
Voilà une affaire menée tambour battant, sans temps mort avec un auteur qui ne perd pas son temps à décortiquer les états d'âme de ses différents personnages. Non, ils avancent, agissent, tuent et meurent !
Et le lecteur, avide d'en savoir plus, mouille son doigt, tourne les pages et s'empresse d'enfiler les chapitres pour avoir le fin mot de cette histoire compliquée et simple à la fois !
Du noir, du bon noir !
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Georges prend la route, direction la West Coast. Saint-Georges-de-Didonne. La radio branchée fip 514, Dave Brubeck au piano. Les étoiles swinguent, la lune bleue est absente. C'est le noir, cool jazz blue moon. Cadre plus ou moins dynamique, Georges fonce à travers la nuit, le périphérique, l'A10. Et voilà, ce qui devait arriver arriva. le saxophone de Paul Desmond entre en jeu, propre, net. le grand jeu, cool... Ambiance western, entre deux morceaux west-coast. Mais Georges dans tout ça ? Oui on a essayé de le flinguer, façon tontons flingueurs, avec le silencieux qui fait tchouk ! Mais cadre chanceux, il s'en réchappe. Faut toujours se méfier d'un cadre. Il sombre dans la nuit, plaque tout, pour où ? On ne se remet jamais tout à fait d'une virée à Saint-George-de-Didonne.

Donc, Georges Gerfaut... il en est où le Georges ? Il s'est arrêter dans un troquet, fume des gitanes sans filtre, un Ricard peu d'eau au comptoir. Et puis après. Chut ! la chute est encore loin, d'autant plus que Gerry Mulligan entame son solo, au baryton. La nuit n'est pas finie. La nuit, fip 514 distille toujours ses airs mélancoliques au milieu de la nuit, du cool et du jazz pour cadres. C'était d'ailleurs un autre temps, un temps où les affiches de Gitanes s'affichaient sur les panneaux publicitaires des abribus, un temps ancien où les femmes, même jeunes, s'appelaient encore Eliane. Chauffe Gerry, chauffe. Ses mélopées réchaufferaient toutes les culottes des Eliane, même celles qui ont plus de trente ans. C'est la puissance de son gros saxo, elles fondent, elles mouillent, elles rougissent. Moi aussi, Dave Brubeck reprend le tempo. All the things you are.

Le petit bleu de la côte Ouest, c'est du cinéma, des seventies et du jazz. La nuit, la lune. Il swingue, Georges. Il flingue aussi. C'est aussi ça l'esprit West-Coast à Saint-Georges-de-Didonne.
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Georges Gerfaut, français moyen (cadre commercial, marié avec enfants) est témoin d'un accident automobile et emmène le conducteur blessé à l'hôpital. Voilà le point de départ de ce court polar un peu bizarre. D'ailleurs ce n'est pas vraiment un polar, il y a bien crime(s) mais nous ne saurons presque rien de la partie policière de l'enquête. Georges Gerfaut n'enquête guère non plus et très tardivement, les seuls qui mènent une enquête en bonne et due forme finalement, ce sont les deux tueurs à gage, un peu pieds-nickelés. le côté caricatural des personnages apporte un humour décalé bien plaisant. C'est un peu un pastiche des polars noirs américains, un peu un thriller mais avec pas beaucoup d'actions (mais en même temps il n'y a que ça, que des faits et peu de réflexions), presque plutôt un court roman d'aventure. L'écriture reflète l'état d'esprit du personnage, elle est parfois pénible à lire (mais il y a aussi des fautes de frappes, un manque de relecture!). Régulièrement, comme un tic, l'auteur fait de longues descriptions, de véritables listes (de lieux, de vêtements, …) mais en dehors de ces passages récurrents le style est sec, nerveux, sans digression, et plutôt agréable. Sauf que parfois il utilise des tournures étranges, sans compter les fautes grossières (un personnage nommé à la place d'un autre c'est une sacrée faute de frappe). J'ai horreur de devoir relire une phrase pour en faire l'analyse grammaticale avant d'arriver à la comprendre, parce qu'il y a ambiguïté, problème de pronom ou de concordance des temps.
Ce qui est le plus intéressant dans ce roman et qui en a fait l'originalité à sa sortie en 1976, c'est le schéma narratif et l'intrigue. Depuis, ce thème du cadre aisé qui se trouve un jour embarqué dans une sombre histoire par le plus grand des hasards, et est pourchassé par des tueurs professionnels, est devenu très banal. On peut y voir aussi une réflexion (bien légère) sur la société des années 70, sur les rapports du cadre moyen à la vie de son époque, à la famille, au travail…, Gerfaut sort de son train-train, puis finit par reprendre sa vie d'avant, comme si de rien n'était, si ce n'est qu'il lui arrive, sans aucune raison, de partir refaire des tours de périph à 145 km/h comme au début du roman, summum de l'aventure pour le cadre moyen ?!
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J'ai passé un moment excellent, et drôle, avec ce road trip assez spécial. C'était ma première tentative dans l'univers de Manchette.
Le personnage principal de Georges Gerfaut est sympathique, et on est très vite concerné par ce qui lui arrive. Cadre commercial aimant le jazz, marié et père de deux enfants, sur le point de partir en vacances, il croise sur sa route un véhicule accidenté. Il s'approche de la carcasse et vérifie si quelqu'un a besoin de son aide. C'est louable. Et effectivement, le conducteur visiblement très mal en point, a besoin de secours au plus vite. Gerfaut l'embarque lui-même seul, à l'hôpital, et repart sans s'attarder à l'admission, ni même appeler la police parce que « c'est emmerdant ».

C'est alors que deux tueurs professionnels vont tenter de le tuer, et se mettre à le pourchasser.
C'est d'un Gerfaut doté d'un sens bien affuté de la survie, dont il s'agit et l'aventure qu'il s'apprête à vivre est assez incroyable et réjouissante.
Un roman noir pétillant, plein d'humour, et fantaisiste.
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« Gerfaut acheta France Soir et le feuilleta vaguement en mangeant des Francfort-frites sur un coin de comptoir. Il se passait dans le monde le même genre de choses que naguère. Pourtant on pouvait déceler une progression vague, mais Gerfaut ne savait pas vers quoi. »

Son nom évoque un oiseau de proie. Pour l'heure Gerfaut est de retour à Paris après bien des épreuves, poursuivi qu'il est par des affreux qui n'ont de cesse d'essayer de le trucider. Mais l'animal est coriace.

C'est en ce qui me concerne un premier contact avec Jean-Patrick Manchette, et, sans être un coup de coeur absolu, je dois reconnaître que j'ai été séduit par ce roman noir essentiellement grâce à son style, ses remarques ou digressions pleines d'intelligence et même d'humour (noir aussi, le plus souvent). L'intrigue en elle-même n'est pas d'une originalité folle. Les Zaffreux le sont vraiment : tueurs à gage sadiques et pervers ils ont une énorme capacité de résilience. Comme Gerfaut, ils seront blessés et meurtris à de multiples reprises.

Manchette, à mon sens, a parfaitement réussi à capturer l'atmosphère de ces années Giscard. Une foule de « petites madeleines » m'ont sauté dessus. « Triscotte », « slips Mariner », où êtes-vous ?

Le personnage de Gerfaut n'est pas univoque. Il a sa part d'ombre et ne se réduit pas à son rôle de victime.

Un mot sur le titre, « le petit bleu de la côte ouest », qui est une référence au jazz west-coast qu'il affectionne particulièrement. J'imaginais je ne sais quoi de régional en rapport avec la côte Atlantique, ce qui s'est avéré être une fausse piste. Enfin pas entièrement, car un des sommets de ce roman reste pour moi la description d'une maison de vacances à Saint-Georges-de-Didonne, dans son affreuse splendeur, précédant de peu la première tentative de meurtre sur Gerfaut, presque irréelle, pour tout dire à la plage et au grand jour…

Je n'en ai pas fini avec cet auteur et je lirai au moins ses autres romans les plus connus.
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Avant de me plonger dans les chroniques ludiques de Jean-Patrick Manchette récemment rééditées, me remettre dans l'ambiance des 70's avec le petit bleu de la côte Ouest.

Lire Manchette c'est se retrouver chez Sautet avec Georges Gerfaut, un cadre qui travaille dans une filiale du groupe ITT, lit France Soir, Playboy et dévore Strange pour Captain Marvel, Dardevil ou l'Araignée (mais qui a dit Spiderman ?), porte un slip Mariner et des chandails en laine ras du cou, se parfume avec Habit rouge après s'être aspergé d'aftershave Gibbs, est plutôt Gitane filtre que Gauloises qu'il écrase dans un cendrier - d'albâtre forcément -, boit du bourbon Four Roses ou du Cutty Sark noyé De Perrier, écoute du jazz dans le lecteur de cassettes de sa voiture ou sur sa chaîne Hifi Sanyo, tandis que sa femme trempe une Triscotte dans son thé qu'elle a acheté à la Coop et regarde une émission d'Armand Jammot.

Lire Manchette c'est aussi acheter un rouleau de Kodachrome X 36 poses pour garder les souvenirs de juilletistes à Saint-George-de-Divonne où l'on déambule le soir devant la mercerie Aux Doigts de Fée, envoyer un télégramme téléphoné, prendre une chambre au P.L.M. Saint-Jacques et rouler en Lancia Beta Berline 1800, en Ford Taunus, en Datsun Cherry ou plus classiquement, en 504 Peugeot.

Lire Manchette c'est goûter la conclusion de la délicieuse préface de James Sallis : « Il savait que le roman policier était la grande littérature morale de notre époque ».

Allez, c'est bon, le cadre est posé. Et maintenant, play it again, dupont.
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Jean-Patrick Manchette serait l'inventeur du roman "neo-polar".
Le petit Bleu de la Cote Ouest est considéré comme son meilleur livre.

Après avoir lu cet ouvrage j'ai visionné sur internet son intervention lors d'une émission d'Apostrophe en 1979. J'ai trouvé amusant et intéressant la manière dont il parle de son livre et de son personnage principal George Gerfaut.

L'histoire se passe dans les années 1970. George Gerfaut est cadre moyen dans une entreprise. Il est marié. Ils ont deux filles que seule la télévision intéresse. Dans les années 1970 le malaise des cadres était un sujet d'actualité.
La nuit il aime rouler à 145 km/heure sur le périphérique après avoir absorbé des barbituriques et quelques verres de bourbon.
Une nuit il est témoin d'un accident. Un homme est grièvement blessé. Il le met dans sa voiture, le dépose à l'hôpital, rentre chez lui sans avoir prévenu la police.
Quelques jours plus tard il part en vacances en famille. Ils ont loué une maison à Saint-Georges -de- Didonne. Lors de son premier bain il est attaqué par deux tueurs.
Poursuivi par les tueurs commence pour George une sorte de road movie qui le mènera dans la Vanoise où il restera, un peu en dehors de la civilisation, quelques mois.

Ce cadre moyen que rien ne prédisposait à une telle aventure va se transformer "dans l'affolement"* en tueur.

Puis il redeviendra le cadre moyen qui aime rouler à 145km/heure sur le périphérique.

Roman très court (188 pages) , intéressant, avec beaucoup d'action, de violence et peu de réflexion.





* expression utilisée par l'auteur dans l'émission Apostrophe
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Un bon blues
Georges Gerfaut est un cadre commercial qui tourne en rond sur le périph avec cinq ou six verres de whisky dans le sang et du jazz west coast en fond sonore. Il est marié à Béa. (Béa-Béatrice Gerfaut, née Changarnier, des origines catholiques et protestantes, bordelaises et alsaciennes, bourgeoises et bourgeoises, exerçant la profession d'attachée de presse free lance après avoir enseigné les techniques audiovisuelles à l'université de Vincennes et tenu une épicerie diététique à Sèvres). Or donc, au cours d'une de ses courses nocturnes, Georges Gerfaut porte secours à un accidenté, le dépose à l'hosto et rentre chez lui. Avec Béa-te, et les enfants, il part ensuite en vacances sur la côte ouest, à Saint-Georges-de-Didonne. Et là deux types essayent de le noyer puis de le descendre. Au lieu de prévenir la police, Gerfaut prend son envol...

Le livre est un très bon polar et une satire sociale des années soixante dix. L'écriture est formidable. Elle mêle réalisme et parodie, style oral direct et érudition. Il y a de la violence brute mais je me suis aussi beaucoup bidonnée. Les illustrations de Tardi sont également formidables: atmosphère sombre, expressions hyper-réalistes, références parodiques ( Haddock, Spiderman...) .

Je remercie grandement Lesyeuxdelamomie qui m'a fait découvrir Jean-Pat.
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Ce néo-polar est une petite pépite.Il nous dépeint la société des années 1970 avec en toile de fond une sombre histoire de course-poursuite. Le héros ne trouve d'ailleurs d'autre issue que de revenir à son point de départ, peut-être n'existe-t-il d'ailleurs pas d'autre alternative. Le plus de ce livre : ses références au jazz West Coast, et surtout le style inimitable de Manchette qui ne décrit que des faits. A vous lecteurs de comprendre ce qui n'est pas dit.
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