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3,95

sur 403 notes
J'aime assez les romans noirs, les "polars", et cela faisait un moment que je souhaitais rencontrer Jean-Patrick Manchette, notamment grâce aux lecteurs de Babelio.
Si chaque auteur a son style, je n'ai cependant pas souvent la sensation de lire quelque chose de "différent", je ne sais pas si cela tient au rythme ou au traitement des personnages, ou encore à la qualité du scénario, mais je dois dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures de Georges Gerfaut.
Cette histoire, elle est à la fois extraordinaire et cependant crédible, les réflexions et états d'âme de gerfaut sont basiques et complexes en même temps, ses réactions sont à la fois cohérentes et tantôt étonnantes, son regard d'ancien militant de gauche devenu "bourgeois" sur ces concitoyens est acéré et plutôt cynique.
Cette histoire a un côté déjanté, improbable et pourtant ça marche, cela fonctionne à merveille !
Si vous secouez le tout vous obtenez le "Petit bleu de la côte Ouest" et ma foi, c'est assez réussi dans son genre en plus d'être inattendu.
La psychologie de Gerfaut est difficile à appréhender, c'est le genre de type qui ferait les délices d'un apprenti psychologue, cela-dit, si un type normal est confronté à une tentative d'assassinat sur sa personne, il peut se passer beaucoup de choses dans sa tête, cela peut même se révéler extrêmement passionnant.
Tout commence par une bonne action, Gerfaut prend en charge un blessé sur la route et le dépose à l'hôpital, il repart la conscience tranquille avec le sentiment du devoir accomplit, il sera bien mal récompensé...
C'est assurément une belle rencontre, je compte lire ensuite "La position du tireur couché".
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Ce Petit bleu de la côte Ouest, Manchette nous le sert saignant et cuit à point tour à tour!
Le pape de néo-polar va faire vivre un enfer inoubliable à son héros des seventies: Georges Gerfaut, cadre aussi aisé que sans histoire. Enfin, sans histoire jusqu'à ce que Georges porte secours à un blessé...
Pour les deux tueurs chargés d'éliminer Gerfaut, cela ne va pas s'avérer être la routine espérée: Il est coriace, voire très coriace, le Georges!
Sur fond de remugles de dictature sud-américaine et de malodorantes magouilles, les 184 pages de cette Série Noire N°1714 sont l'assurance d'un bon moment de lecture hard-boiled en french touch! Un "circuit court" du polar à ne surtout pas dédaigner lorsqu'on le trouve dans l'une ou l'autre édition. Miam.
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Ce néo-polar est une petite pépite.Il nous dépeint la société des années 1970 avec en toile de fond une sombre histoire de course-poursuite. Le héros ne trouve d'ailleurs d'autre issue que de revenir à son point de départ, peut-être n'existe-t-il d'ailleurs pas d'autre alternative. Le plus de ce livre : ses références au jazz West Coast, et surtout le style inimitable de Manchette qui ne décrit que des faits. A vous lecteurs de comprendre ce qui n'est pas dit.
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Maçacestchouette, ce Manchette !

Oui, oui, vous allez me dire qu'on ne moque pas des grands noms, décédés qui plus est. Néanmoins, je me permets une petite entorse au règlement car j'ai vraiment été séduit par l'écriture de cet auteur français des années 70-80.
Auteur, que dis-je, écrivain, traducteur, notamment de Westlake, critique littéraire, journaliste, j'en passe et des meilleurs. Manchette est également un passionné de Jazz dont le titre « Un petit bleu sur la côte ouest » s'avère être un morceau de jazz dans le roman, peut-être inventé par l'auteur en référence au blues américain.

Mais, pour le moment, je cède la parole à Zazie qui se met dans la peau du héros du roman, Georges Gerfaut, cadre commercial, marié deux enfants, qui tourne en rond sur le périf' parisien à 145 km/h pour échapper à sa propre existence :

♫ Je tourne en rond, je tourne en rond.
Je suis un homme plein d'ambition
Belle voiture et belle maison
Dans la chambre ou dans le salon
Moi je tourne en rond, je tourne en rond.
Je fais l'amour et la révolution
Je fais le tour de la question
J'avance, avance à reculons
Et je tourne en rond, je tourne en rond.♪

Et puis, un jour, quittant la région parisienne pour Troyes, Georges Gerfaut assiste incrédule à un accident de la route, poursuit son chemin ni vu ni connu et enfin, pris de remord, retourne sauver la personne blessée sur le bord de la route. Gerfaut dépose alors la victime aux urgences de l'hôpital de Troyes et quitte les lieux sans même communiquer son identité aux médecins… Hum, hum…

De retour en famille, Georges Gerfaut prépare déjà le voyage au bord de la mer en Charentes non loin de chez sa belle-mère qu'il … haït tant. Après les quelques heures de voiture et la visite de l'hideuse location retenue par la belle doche, rien de mieux que plonger une tête dans la mer ; oui l'océan atlantique pour les puristes.

Et devinez ce qu'il advint de notre homme :
a) Un requin, s'étant trompé de Réunion, tente de faire qu'une bouchée de Georges Gerfaut,
b) Deux tueurs musclés et beaux gosses en maillot de bain agrippent Georges Gerfaut et essaient en vain de le noyer,
c) Georges Gerfaut, se croyant sur le périf, fait des ronds dans l'eau à 145 km/h et déclenche une mini-tornade en bord de mer,
d) Tout simplement, Georges Gerfaut ne s'est pas suffisamment mouillé la nuque avant de rentrer dans l'eau et est foudroyé par une hydrocution.

Bien entendu, je comprends parfaitement que vous hésitiez fortement entre toutes ces réponses tout à fait crédibles, hormis peut-être la b) j'en conviens.

Toujours est-il qu'après cet évènement, Georges Gerfaut ne peut plus tourner en rond et doit fuir pour de bon sa famille ! A vous de découvrir la cavale de notre cadre dynamique en lisant le roman…

Hep, hep… Je devance même vos interrogations les plus folles à propos de Georges.

Cherche-t-il à s'éloigner à jamais du requin mangeur d'hommes ? A-t-il une peur paranoïaque des tornades tempérées de France ? Georges évite-t-il tout contact avec à l'eau dorénavant ? Ou encore, mais assez peu probable, veut-il échapper à la mort certaine des deux tueurs à ses trousses qui auraient un contrat sur sa tête ?

Lisant habituellement plutôt des romans américains, j'ai été séduit par le style et la construction de ce livre de Jean-Pierre Manchette. La première partie, que j'ai relue après la fin du roman, est particulièrement intrigante et permet d'embrouiller avec finesse le lecteur. Manchette, tel le petit poucet avec ses blancs cailloux, laisse suffisamment tomber d'indices au passage pour nous plonger dans un brouillard de suppositions au sujet de Georges Gerfaut et de son entourage.

Jusqu'au bout, j'ai été happé par ce roman noir, assez court et rythmé, qui ne fait pas de sentiments et délivre une course-poursuite des plus enivrantes. Un très bon moment de lecture que je recommande chaudement, excepté pour ceux qui ont peur des requins, des tornades ou de l'eau bien entendu.

♫ « Pour ma peine, ma punition », ma prochaine cible sera ‘La position du tireur couché' du même auteur. « Moi je tourne en rond, je tourne en rond » ♪
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Georges prend la route, direction la West Coast. Saint-Georges-de-Didonne. La radio branchée fip 514, Dave Brubeck au piano. Les étoiles swinguent, la lune bleue est absente. C'est le noir, cool jazz blue moon. Cadre plus ou moins dynamique, Georges fonce à travers la nuit, le périphérique, l'A10. Et voilà, ce qui devait arriver arriva. le saxophone de Paul Desmond entre en jeu, propre, net. le grand jeu, cool... Ambiance western, entre deux morceaux west-coast. Mais Georges dans tout ça ? Oui on a essayé de le flinguer, façon tontons flingueurs, avec le silencieux qui fait tchouk ! Mais cadre chanceux, il s'en réchappe. Faut toujours se méfier d'un cadre. Il sombre dans la nuit, plaque tout, pour où ? On ne se remet jamais tout à fait d'une virée à Saint-George-de-Didonne.

Donc, Georges Gerfaut... il en est où le Georges ? Il s'est arrêter dans un troquet, fume des gitanes sans filtre, un Ricard peu d'eau au comptoir. Et puis après. Chut ! la chute est encore loin, d'autant plus que Gerry Mulligan entame son solo, au baryton. La nuit n'est pas finie. La nuit, fip 514 distille toujours ses airs mélancoliques au milieu de la nuit, du cool et du jazz pour cadres. C'était d'ailleurs un autre temps, un temps où les affiches de Gitanes s'affichaient sur les panneaux publicitaires des abribus, un temps ancien où les femmes, même jeunes, s'appelaient encore Eliane. Chauffe Gerry, chauffe. Ses mélopées réchaufferaient toutes les culottes des Eliane, même celles qui ont plus de trente ans. C'est la puissance de son gros saxo, elles fondent, elles mouillent, elles rougissent. Moi aussi, Dave Brubeck reprend le tempo. All the things you are.

Le petit bleu de la côte Ouest, c'est du cinéma, des seventies et du jazz. La nuit, la lune. Il swingue, Georges. Il flingue aussi. C'est aussi ça l'esprit West-Coast à Saint-Georges-de-Didonne.
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Georges Gerfaut balade habituellement son mal de vivre la nuit à cent quarante-cinq à l'heure sur le périphérique, bercé par le jazz que diffuse son lecteur de cassette. Un jour, cet homme ordinaire (il est cadre commercial, marié et père de famille), après avoir hésité, secourt un automobiliste victime d'une course-poursuite sur la route de Troyes, puis s'en retourne chez lui. Pas pour continuer une vie banale comme il s'y attend car désormais deux tueurs sont à ses trousses…

Avec une économie de mots et d'effets, Jean-Patrick Manchette crée une remarquable version française des romans noirs américains, violence et critique sociale sur fond de jazz sont les ingrédients de ce petit bleu de la côte ouest, un héros improbable capable de sauver sa peau, mais pas son âme.

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Un JP Manchette peut en cacher un autre. Après la position du tireur couché, me voici lancé sur les rives du petit bleu de la cote ouest. le swing plutôt, ce titre énigmatique faisant apparemment référence à un style de musique direct from the states
Il aime ça Manchette la musique et en truffe ses romans avec des artistes qui ne font pas partie de ma sphère musicale
C'est comme les armes. Dès qu'un protagoniste en touche une , on sent la plume de l'auteur qui s'emballe, prêt à nous faire vibrer avec quelques détails dont on se fout , sauf ses lecteurs texans peut être .
C'est marrant parce que sinon, il est plutôt avare de description le JP. On n'est pas chez Balzac à se pâmer devant une tapisserie .
L'écriture est nerveuse et musclée et tout le charme est là. C'est vif, sans digression, avec un brin d'humour noir.
Dans les phrases sèches de Manchette, il n'y a pas de fioriture donc mais il y a souvent un adjectif qui va nous renseigner bien plus sur l'individu qu'une longue phrase. C'est très fort.
Alors, bien sur , on peut avoir tous les talents du monde, s'y connaitre en jazz et en flingue puis pondre des livres merdiques . Que nenni !

Parce qu'ici, l'histoire, elle est top . Moins de 200 pages de roman noir mais qui invite à relire le début du roman tellement celui ci est bien construit et mène le lecteur par le bout du nez.
Bon, mais cette histoire ?
C'est Georges . Et Georges, c'est le pékin de base . Marié deux enfants comme al Bundy . Un job de commercial, des vacances en Charente, une Mercedes de Tarba comme disent mes élèves. On ne le sent pas forcément au summum de l'épanouissement . Cela tombe bien , la vie va lui donner l'occasion de quitter son costume de cadres.
Le tout dans une immersion totale dans les années 70.
Mais je ne vais pas vous raconter parce que la construction du roman et le travail de Manchette en prendrait un coup de spoil , comme diraient à nouveaux les susdits élèves.
Un très bon moment de lecture , légèrement supérieur au tireur couché car l'histoire me semble plus prenante avec une construction élaborée.
Pour le reste , c'est du même calibre, mais là, Manchette s'y connaît mieux que moi !
Ce roman a été adapté au cinéma sous le titre "trois hommes à abattre"

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Avant de me plonger dans les chroniques ludiques de Jean-Patrick Manchette récemment rééditées, me remettre dans l'ambiance des 70's avec le petit bleu de la côte Ouest.

Lire Manchette c'est se retrouver chez Sautet avec Georges Gerfaut, un cadre qui travaille dans une filiale du groupe ITT, lit France Soir, Playboy et dévore Strange pour Captain Marvel, Dardevil ou l'Araignée (mais qui a dit Spiderman ?), porte un slip Mariner et des chandails en laine ras du cou, se parfume avec Habit rouge après s'être aspergé d'aftershave Gibbs, est plutôt Gitane filtre que Gauloises qu'il écrase dans un cendrier - d'albâtre forcément -, boit du bourbon Four Roses ou du Cutty Sark noyé De Perrier, écoute du jazz dans le lecteur de cassettes de sa voiture ou sur sa chaîne Hifi Sanyo, tandis que sa femme trempe une Triscotte dans son thé qu'elle a acheté à la Coop et regarde une émission d'Armand Jammot.

Lire Manchette c'est aussi acheter un rouleau de Kodachrome X 36 poses pour garder les souvenirs de juilletistes à Saint-George-de-Divonne où l'on déambule le soir devant la mercerie Aux Doigts de Fée, envoyer un télégramme téléphoné, prendre une chambre au P.L.M. Saint-Jacques et rouler en Lancia Beta Berline 1800, en Ford Taunus, en Datsun Cherry ou plus classiquement, en 504 Peugeot.

Lire Manchette c'est goûter la conclusion de la délicieuse préface de James Sallis : « Il savait que le roman policier était la grande littérature morale de notre époque ».

Allez, c'est bon, le cadre est posé. Et maintenant, play it again, dupont.
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Georges Gerfaut n'a pas de bol. Par un concours de circonstances, il enchaîne les déconvenues, du genre sanglantes.
Georges Gerfaut a un bol monstre. Il va vivre une aventure qu'il n'aurait pu imaginer. Ça va lui changer, tout ce palpitant.

C'est donc l'histoire rocambolesque d'un mec désabusé.

Je n'ai pas bien compris toutes les références musicales et cinématographiques de Jean-Patrick Manchette (soit il a son univers d'érudit dans ce domaine, soit je ne pipe rien aux années soixante-dix, voire les deux), mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ses saillies réjouissantes. À tel point que les morts ne deviennent qu'anecdotiques, et les catastrophes deviennent divertissantes.

Un vieux roman noir bien stylé, du genre inhabituel dans mes lectures. C'était vachement bien.
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« Un cadre commercial, pourtant, c'est normalement très facile à tuer. »

Georges Gerfaut, cadre commercial, bien sous tous rapports, est poursuivi par deux tueurs à gage. Qu'a-t-il bien pu faire pour en arriver là ? Il se le demande lui aussi. Mais pas longtemps. Il préfère prendre la poudre d'escampette. Un soir il se casse. Laissant femme et enfants en plan. Il roule en voiture Porte d'Ivry, puis en train, puis à pied (enfin, sur un pied), il roule sur lui, laissant derrière lui les portes-flingues (enfin un, l'autre est parti en fumée). Jusqu'au moment où il est rattrapé et se met alors en colère. Mais pas longtemps, car Gerfaut, rien ne l'atteint au fond. Il oublie, tout. Un cadre qui a perdu son utilité, sa fonction, et la boussole, oui Gerfaut était dans la merde totale, et la seule solution, la fuite et la picole...

J'ai adoré l'écriture décalée, très drôle, de Jean-Patrick Manchette. Il savait jouer de contrastes dans les styles d'écriture .

« Ce n'étaient qu'abrupts ressauts, affleurements de granit, entrelacs de troncs abattus par la foudre ou les avalanches, surplombs vertigineux. Plastiquement, c'était fort romantique. du point de vue de Gerfaut c'était la merde totale. »

Un moment bien amusant quand Carlo pleure la mort de Bastien et lui lit la page de garde des aventures de Spiderman en guise d'oraison funèbre. Fallait y penser.

Manchette, c'est le « jazz de style West-Coast : du Gerry Mulligan, du Jimmy Giuffre, du Bud Shank, du Chico Hamilton. Je sais par exemple qu'à un moment, ce qui est diffusé est Truckin', de Rube Bloom et Ted Koelher, par le quintette de Bob Brookmeyer. » Ouaip, ce bouquin, c'est aussi une anthologie du jazz !

« Georges, dit Gerfaut. Georges Sorel, dit-il précipitamment. Je suis tombée d'un train de marchandises, l'autre nuit. Je suis un vagabond. Vous comprenez ? Un chemineau. Pas un cheminot de la S.N.C.F., un chemineau qui chemine, un vagabond quoi. »
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