Un JP Manchette peut en cacher un autre. Après
la position du tireur couché, me voici lancé sur les rives du petit bleu de la cote ouest. le swing plutôt, ce titre énigmatique faisant apparemment référence à un style de musique direct from the states
Il aime ça Manchette la musique et en truffe ses romans avec des artistes qui ne font pas partie de ma sphère musicale
C'est comme les armes. Dès qu'un protagoniste en touche une , on sent la plume de l'auteur qui s'emballe, prêt à nous faire vibrer avec quelques détails dont on se fout , sauf ses lecteurs texans peut être .
C'est marrant parce que sinon, il est plutôt avare de description le JP. On n'est pas chez
Balzac à se pâmer devant une tapisserie .
L'écriture est nerveuse et musclée et tout le charme est là. C'est vif, sans digression, avec un brin d'humour noir.
Dans les phrases sèches de Manchette, il n'y a pas de fioriture donc mais il y a souvent un adjectif qui va nous renseigner bien plus sur l'individu qu'une longue phrase. C'est très fort.
Alors, bien sur , on peut avoir tous les talents du monde, s'y connaitre en jazz et en flingue puis pondre des livres merdiques . Que nenni !
Parce qu'ici, l'histoire, elle est top . Moins de 200 pages de roman noir mais qui invite à relire le début du roman tellement celui ci est bien construit et mène le lecteur par le bout du nez.
Bon, mais cette histoire ?
C'est Georges . Et Georges, c'est le pékin de base . Marié deux enfants comme al Bundy . Un job de commercial, des vacances en Charente, une Mercedes de Tarba comme disent mes élèves. On ne le sent pas forcément au summum de l'épanouissement . Cela tombe bien , la vie va lui donner l'occasion de quitter son costume de cadres.
Le tout dans une immersion totale dans les années 70.
Mais je ne vais pas vous raconter parce que la construction du roman et le travail de Manchette en prendrait un coup de spoil , comme diraient à nouveaux les susdits élèves.
Un très bon moment de lecture , légèrement supérieur au tireur couché car l'histoire me semble plus prenante avec une construction élaborée.
Pour le reste , c'est du même calibre, mais là, Manchette s'y connaît mieux que moi !
Ce roman a été adapté au cinéma sous le titre "trois hommes à abattre"