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Citations sur Nouveaux poèmes 1930-1934 (27)

N'en souffle mot à personne,
oublie ce que tu as vu :
l'oiseau, la vieille, la prison
et le reste ...
Car, si tu desserres les lèvres,
d'imperceptibles frissons
comme aiguilles de pin,
le jour venu, te saisiront.
Et tu te rappelleras la guêpe,
l'encre, le plumier d'enfant
à la datcha, et les myrtilles
que tu n'as jamais cueillies.

octobre 1930
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Le pays où nous vivons se dérobe sous nos pieds
et nous ne causons plus que dans un chuchotis,
mais où l'on trouve assez à caresser la bouteille
les langues vont leur train sur l'homme du Kremlin :
Ses gros doigts comme des vers, pleins de graisse,
ses dires véridiques comme des poids de pesée,
ses moustaches de cafard qui rient,
ses bottes à tige qui luisent épanouies.

Petits chefs au cou grêle, la racaille s'empresse
(avec art il en joue de ces demi-portions)
siffle, miaule et chiale à qui mieux mieux,
tandis que seul il tonne, cogne, désigne,
édicte et ferre oukase sur oukase : et vlan !
dans l'bide, la tête, l'arcade et l'œil.

Tout ce qui est supplices est délices
et bombe le poitrail de l'Ossète.

(novembre 1933)

Note de l'éditeur :
Ce poème, lu à quelques amis, valut à Mandelstam d'être arrêté dans la nuit du 16-17 mai 1934.
Ossète : Staline était géorgien, mais beaucoup s'y trompaient car Djougachvili, son vrai nom, signifie en géorgien “fils d'Ossète”.
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N'en souffle mot à personne, oublie ce que tu as vu : l'oiseau, la vieille, la prison et le reste...

Car, si tu desserres les lèvres, d'imperceptibles frissons comme aiguilles de pin, le jour venu, te saisiront.

Et tu te rappelleras la guêpe, l'encre et le plumier d'enfant à la datcha, et les myrtilles que tu n'as jamais cueillies.
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(POÈMES EN MIETTES)

Assez broyé de noir : les papiers, au tiroir !
Désormais m'habitera un excellent démon
comme si mon shampouineur François
m'eût frictionné la tête à fond.

Parions que je ne suis pas tout à fait mort.
Et je jure sur mon bonnet qu'en jockey
je saurai encore leur en faire voir
à trotter sur leurs pistes de courses.

Je garde en mémoire qu'en cette belle année
trente et une, les merisiers croulent de fleurs,
les asticots sous la pluie pètent la forme
et tout Moscou vogue en chaloupe.

Ne pas s'émouvoir. L'impatience est un luxe.
Très progressivement je mets la vitesse :
nous entrerons en piste d'un pas mesuré
– je garde ma distance.

7 juin 1931

Note de l'éditeur :
François : Villon.
Chaloupes : les crues de la Moskova au printemps 1931 avaient fait sortir le fleuve de son lit.
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ARMÉNIE

12
Je ne te reverrai plus,
ciel myope d'Arménie !
Plus ne reverrai-je ébloui
la tente nomade de l'Ararat
plus n'ouvrirai-je curieux
au rayon des auteurs-potiers
le livre en creux de cette belle terre
où s'initièrent les premiers mortels.

16 octobre – 5 novembre 1930
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N’en souffle mot à personne…



N’en souffle mot à personne,
oublie ce que tu as vu :
l’oiseau, la vieille, la prison
et le reste …

Car, si tu desserres les lèvres,
d’imperceptibles frissons
comme aiguilles de pin, le
jour venu, te saisiront.

Et tu te rappelleras la guêpe,
l’encre, le plumier d’enfant à
la datcha, et les myrtilles
que tu n’as jamais cueillies.

/Traduction du russe par Christiane Pighetti
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Les cils me brûlent. Dans ma poitrine hoquète
un sanglot.
Sans effroi, je pressens l'orage imminent.
Quelque énergumène me presse à oublier
je n'sais quoi...
Etouffant ! Cependant...vivre jusqu'au terme !
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Des cinémas pleins à craquer…***



Des cinémas pleins à craquer
déboulent, abruties, chloroformées,
des foules — ô combien enfiévrées,
ô combien d’oxygène assoiffées !

/ Traduction du russe par Christiane Pighetti

***Je rêve ... Je rêve que je rêve ....
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"Ne lire que des livres pour enfants"

Ne lire que des livres pour enfants,
N'avoir que des pensées enfantines,
Jeter tout ce qui est adulte,
Se relever d'une profonde tristesse.

Je suis mort de fatigue de la vie,
je n'en accepterai rien.
Mais j'aime mon pauvre pays,
Car je n'en ai vu aucun autre.

J'ai bercé dans un jardin lointain
Sur une simple balançoire en bois, De
grands sapins sombres dont
je me souviens dans une fièvre brumeuse.
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"Votre prononciation merveilleuse"

Votre prononciation merveilleuse --
Le sifflement brûlant des oiseaux de proie ;
Ou devrais-je dire : une impression vivante
D'une sorte de cils soyeux.

-- Quoi? -- ta tête s'est alourdie...
-- D'accord ? -- Je t'appelle.
Et au loin, bruissement :
moi aussi, je vis sur terre.

Qu'ils disent que l'amour a des ailes.
La mort en a cent autres ;
Mon âme est remplie de conflits,
Mais nos lèvres s'envolent vers elle.

Tant d'air et de soie et de
vent dans ton murmure,
Comme des aveugles, à travers la longue nuit
Nous buvons un mélange sans soleil.
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