Ainsi, l'homme des sociétés démocratiques, ne se rencontrant et ne voulant rencontrer autour de soi que des égaux et des semblables, ne se soumet pas à l'influence d'autres individus. Il cherche en lui-même ses opinions, mais il ne les y trouve ou du moins ne les y reconnaît que s'il les voit aussi en son semblable, que si elles sont autorisées par l'opinion commune et soutenues de toutes la force du pouvoir social. Ses pensées se jettent aisément dans l'abstraction tandis que son coeur s'ouvre à la pitié. Il est raisonneur, compatissant et doux.
L'indépendance individuelle n'est qu'un autre nom de la liberté confondue avec l'égalité.
La démocratie défait le lien social et le refait, autrement [...] établir un état dans lequel des hommes réellement indépendants seraient en mesure de s'associer en préservant leur liberté, c'est là sa tâche, toujours inachevée.
Vivre en démocratie n'est pas la condition de la vie des individus, c'en devient le but de tous les aspects de l'existence.
En revendiquant comme sienne cette opinion [commune], l'individu exerce surtout le droit à avoir une opinion personnelle que lui attribue la doctrine démocratique. L'homme démocratique [...] est très porté au doute ; il tient plus à avoir une opinion qu'à cette opinion même : il la croit vraie moins qu'il n'y tient. [...]
"Dans le doute des opinions, les hommes finissent par s'attacher uniquement aux instincts et aux intérêts matériels, qui sont bien plus visible, plus saisissables, et plus permanents de leur nature que les opinions".
Tocqueville , De la Démocratie en Amérique
Créer les condition de création de la seule société légitime, c'est là le travail social de la démocratie.