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EAN : 9782246832379
Grasset (19/10/2022)
4.43/5   7 notes
Résumé :
« Alors qu’il est repoussé à la périphérie de la vie européenne, le christianisme en reste le centre agissant. Nous sommes gouvernés par ce que nous fuyons. Difficile d’imaginer situation plus dommageable. Ayant séparé Dieu du reste de notre vie, nous sommes devenus incapables d’aborder la question la plus haute et la plus urgente que l’animal rationnel puisse se poser. Comment ressaisir l’unité et la vie, le sens et l’urgence de cette question de Dieu ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pierre Manent, dans cet essai extrêmement touffu et rigoriste, beaucoup plus proche de la théologie que de la philosophie, reste le plus fréquemment au plus près des écrits de Blaise Pascal, qui n'est pas non plus réputé pour ses plaisanteries.

Je suis tenté d'ajouter que non seulement il cite abondamment dans cet ouvrage cette figure essentielle de la pensée du XVII° siècle français, mais qu'il sait l'expliquer dans ses plus infimes subtilités. Ce qui joue en sa faveur et fait preuve d'une belle hauteur de vue. Mais j'avoue que j'ai souvent peiné à les saisir...

Nous sommes nombreux a avoir entendu parler des « Provinciales », des « Pensées », fragments à la fois brillants et obscurs. Et du « pari » pour la foi. Dans mon souvenir ça se réduisait à quelque chose comme « Pile, je gagne, Face, tu perds ». Une sorte de jeu de bonneteau chrétien. Evidemment, c'est beaucoup moins simple, Pierre Manent aborde cette notion de pari avec un sens du détail, y compris mathématique, si fourni qu'il en est épuisant. Je le juge dans la surenchère, pour cette question comme pour bien d'autres, souvent plus pascalien que Pascal même.

J'ai du respect pour la foi ou l'absence de foi des uns et des autres. Je suis chrétien dans la mesure où je suis d'une génération pour laquelle une éducation religieuse allait encore de soi dans un milieu campagnard encore marqué par le catholicisme. Je suis un « tiède », un quiétiste, plutôt content de son sort, qui pense qu'il vaut mieux laisser en suspens les questions ultimes. Je suis à vrai dire surtout dans le doute, comme tant d'entre nous, persuadé que c'est la seule forme de raison dans ce domaine.

Autant dire que j'ai peu de goût pour les pénitences et les macérations, la question du péché originel ne me hante pas comme ce pauvre Pascal, mort à 39 ans de maladies diverses et variées qu'il n'est pas interdit de penser qu'il se les soit en grande partie infligées.

Ce qui m'a vraiment gêné dans ce livre, c'est son avant-propos. Pierre Manent y regrette notamment que les racines chrétiennes de l'Europe ne sont plus assez reconnues, que l'Etat se place dans la seule position de force et donc dicte sa morale, au détriment des convictions religieuses. Et que la pensée de Pascal serait aujourd'hui une aide précieuse pour revenir à des considérations plus justes.

Je suis opposé à cette voie dangereuse, comme vous l'aurez deviné. Et ces propos liminaires ont plombé ma lecture, qui a tout de même été complète et soigneuse.

S'il est parfois nécessaire de confondre les Tartuffe de tout poil, voir se multiplier de vrais dévots, fanatiques, persuadés d'avoir l'exclusivité du bon et du vrai, serait à mon sens bien plus problématique.

Cette lecture n'aurait pas été possible sans les éditions Grasset et NetGalley qui m'ont donné accès à l'édition numérique de ce titre.


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A la lecture, l'auteur est d'un haut niveau intellectuel et sa forme d'écriture et de pensée est rigoureuse. Mais de ce fait ne prêche-t'il pas dans un désert ? Car il n'est pas dans l'air du temps :
Prenons par exemple la phrase (introduction, page 9) : " L'Église se conçoit comme la réunion des volontés humaines adhérant par la foi, l'espérance et la charité à la volonté aimante et transformante de Dieu. Aujourd'hui, dans les pays de vieille chrétienté, l'État se conçoit et se veut comme la réunion des volontés humaines, mais de volontés n'adhérant réellement qu'à elles-mêmes puisqu'elles peuvent à tout instant se rétracter, et ne considèrent leurs adhésions que comme l'exercice d'un droit et non l'assentiment à un bien. L'État désormais pourrait se définir comme l'Église des volontés humaines séparées – séparées les unes des autres et séparées de tout bien."
...
Combien de lecteurs aujourd'hui vont-ils lire jusqu'au bout un tel paragraphe sans rejeter automatiquement mentalement l'idée décrite et seront dans la répulsion négative avant même d'avoir terminé la lecture du paragraphe, persuadés toutefois d'avoir exercé leur sens critique de discernement, alors qu'ils n'auront eu qu'un réflexe pavlovlien dû à l'endoctrinement social centenaire dont ils n'ont pas conscience, et n'auront en fait pas réfléchi ne serait-ce qu'une fraction de seconde?
Et pourtant ce paragraphe décrit si bien l'état de l'europe (j'aurais toutefois ajouté "commun" à "assentiment à un bien", car l'assentiment des peuples à la gouvernance se fait par l'adhésion au "bien commun"., peut être bien remplacé par le "marché commun" (sic) relooké en "libre échange")
Le "bien commun" est pourtant ce qui fait la différence entre un corps social vivant (un "peuple") et un "corps mort " (comme dit un certain bordelais), en fait un "cadavre" à la frankeinstein (un agglomérat de wokes)
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Il faut parfois accepter de « frotter et limer sa cervelle «  à celle des grands esprits de notre temps . Pierre Manent conduit ici notre réflexion sur la beauté et l'originalité du christianisme à la lumière des «  Pensées « (et autres écrits) de Pascal. L'approche du texte n'est pas facile et il faut, pour des personnes moins aguerries au maniement des concepts philosophiques ou théologiques, lire ces quatre cent pages à dose homéopathique. Mais on en retire un réel enrichissement, une lumière intérieure L'auteur dresse tout d'abord un constat sidérant : L'Europe ne sait plus quoi faire de ses racines chrétiennes et voudrait s'en débarrasser. La suite sonne comme un rappel à l'ordre déjà formulé par Pascal il y a près de quatre cents ans ,en un temps où les âmes étaient déjà bien malades.: les hommes doivent répondre à l'appel de Dieu et se laisser toucher par « la grâce divine”.Pascal s'en prend aux Jésuites qui introduisent dans l'Eglise la notion de grâce suffisante » favorisant un comportement laxiste de ses coreligionnaires afin d'asseoir leur autorité . L'Eglise, sous les coups de butoir du protestantisme,sera de plus en plus affaiblie et de moins en moins crédible car perdant de sa force. Pierre Manent revient sur le pari de Pascal Pour résumer :On a tout à gagner et très peu à perdre à croire en l'existence de Dieu . Puis il y de grands développements sur les analogies entre l'histoire juive et l'histoire chrétienne qui n'en est que le prolongement Mais les différences apparaissent car les Juifs n'ont pas reconnu le Messie en la personne du Christ parce qu'il n'avait pas suffisamment « d'éclat « nous dit Pascal..L'auteur revient aussi sur le sens mais aussi le mystère du péché originel réfuté par Rousseau .
« Les trois corps des choses » est une notion bien connue de Pascal: la chair , l'esprit et la charité.
A ce propos Pierre Manent nous rappelle que charité ne veut pas dire compassion pour toute l'humanité mais amour du prochain et même de son ennemi.

Un ouvrage de grande qualité intellectuelle qui nous permet de prendre de la hauteur .
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Pierre Manent nous invite, dans cet essai personnel et vivifiant, à une actualisation serrée et inspirée de la pensée de Blaise Pascal. Pour tous ceux qui s'intéressent (encore) à cet "effrayant génie" dont l'universalisme et le discernement ne cesse de m'épater, ce livre est vraiment à conseiller. Les comparaisons avec Montaigne, Hobbes, Machiavel (j'en oublie je pense) nourrissent ce très beau texte qui peut sembler sec, mais en réalité servi par le souffle profond d'une écriture engagée mais toujours étayée. Si vous cherchez un cours "objectif" de philosophie, passez votre chemin. On sent qu'il s'agit bien plutôt du témoignage d'un homme qui interroge ses convictions au travers d'une travail rigoureux d'élucidation de la pensée de Pascal. L'intellectuel y met du coeur, sans jamais céder je pense à l'"apologISME". Cet ouvrage et celui de Laurence Devillairs ("Pascal, une philosophie l'inquiétude"), constituent sans conteste deux très beaux opus pour commencer de fêter le quadricentenaire de la naissance de l'un des plus beaux et profonds esprits français.
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critiques presse (1)
LeMonde
22 novembre 2022
Si le nouveau livre de Pierre Manent n’était qu’une synthèse de la pensée religieuse de Blaise Pascal (1623-1662), la fermeté, la profondeur d’analyse et de style que le philosophe y manifeste suffiraient à le placer très haut dans l’abondante littérature que celle-ci continue de susciter. Mais Pascal et la proposition chrétienne est, en même temps, tout autre chose.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Depuis peu cependant, l’Europe a décidé d’ignorer cette histoire, de déclarer forclose cette possibilité. Elle a décidé de naître à nouveau. À nouvelle naissance nouveau baptême, ce sera un baptême d’effacement. Elle le déclare publiquement, elle le prouve par ses actions : l’Europe n’est pas chrétienne, elle ne veut pas l’être. Elle veut bien être autre chose, elle est entièrement ouverte à toutes les autres possibilités, elle veut bien même n’être rien, n’être que le possible de tous les possibles, mais elle ne veut pas être chrétienne.
Aucune nécessité, aucune utilité, aucune convenance ne conduisait à cette décision qui fut prise en toute liberté, et, oserais-je dire, pour le plaisir de la prendre. Pour entrer dans le sujet et l’enjeu de ce livre, je voudrais considérer sinon les motifs de cette décision – les motifs ultimes des actes libres nous échappent – du moins ses préliminaires, les développements qui ont conduit à cette étrange situation d’un continent devenu étranger et pour ainsi dire imperméable à sa religion historique, et conséquemment incapable de se rapporter judicieusement aux autres religions qu’il accepte de recevoir, le plus souvent avec faveur, au motif que du moins elles ne sont pas chrétiennes. L’opinion qui gouverne l’Europe est installée dans une inintelligence tranquille de la question religieuse, qui est, rappelons-le, la question de Dieu, et non pas celle des « opinions » religieuses, portion indéfinie de la masse informe des « opinions humaines ». Elle ne considère la question de Dieu que pour la tenir à distance. Elle n’y touche que pour n’en être pas touchée.
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Qui désire entrer dans la compréhension de la proposition chrétienne doit commencer par accepter la condition dans laquelle celle-ci place les hommes auxquels elle s'adresse - la condition de celui qui écoute.
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Videos de Pierre Manent (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Manent
#interview #débat #pays #devoir A l'occasion de ce nouveau débat en ligne, Paul Sugy accueille Cynthia Fleury, psychologue et psychanalyste et Pierre Manent, philosophe, pour réfléchir au sens du devoir des citoyens envers leur pays.
Chapitrage :
00:00 Que doit-on à son pays ? 01:25 Introduction 07:45 Quelle définition pour le mot « devoir » ? 12:12 Devoir à son pays est-il devenu un gros mot ? 22:30 le devoir imposé à soi-même est-il une contrainte ? 32:15 Est-ce abstrait de rendre des devoirs ? 37:30 Rendre à son pays, jusqu'à quel point ? 49:30 Comment doit-on respecter les lois ? 52:33 Conclusion
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