- Tu sais, je crois que les bateaux ont une âme, dis-je. Ils chantent dans le vent, gémissent dans la tempête et murmurent dans la brise nocturne. Et, quand, épaves abandonnées et tristes, ils exhalent leur esprit, alors ils pleurent, leur voix se confond avec celle des vagues et, des yeux qu'ils ont sur la proue, des larmes coulent et se perdent dans la mer.
Tout était confus, je n’arrivais plus à faire la distinction entre les hurlements et le bruit des différents métaux, les armes parlaient diverses langues mais prononçaient toutes le même mot : mort, mort, mort !
(...) lorsque la guerre dévaste le monde entier, la douleur est douleur de tous, chaque père est père de tous les fils et chaque fils est le fils de tous les pères.
Je confonds la Lune et le Soleil. Parfois l'astre de la nuit resplendit en éclairant l'immense étendue de neige avec une intensité semblable à celle du Soleil, et l'astre diurne sort de l'horizon noyé dans le brouillard, comme une lune pâle.
Mourir à la bataille c'est comme être frappé par la foudre. Dans la mêlée il n'y a pas le temps de penser, encore moins celui de méditer. Imagine, en revanche, savoir que tu vas mourir, tu ne sais pas bien quand mais bientôt, tu ne sais pas comment mais probablement dans un lit souillé de tes humeurs, en voyant ton corps dépérir heure après heure, tes membres se dessécher et tes muscles disparaître en révélant ton squelette sous la peau toute fripée. C'est cela qui est insupportable, même si tu sais qu'on est né mortel.
C'est le destin qui décide du futur.