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Citations sur Ton visage demain, tome 3 : Poison et ombre et adieu (17)

Les gens le disent trop. "Tu auras ma reconnaissance éternelle" est une des phrases les plus vides qu'on puisse entendre, et pourtant on l'entend souvent, toujours avec cette épithète invariable, toujours la même et irresponsable "éternelle", indice supplémentaire de son manque absolu de valeur concrète, de vérité et même de signification, et en plus il arrive qu'on ajoute : "Quoi que je puisse faire pour toi, maintenant ou plus tard, tant que je vivrai, tu n'auras qu'à me le demander", alors que ce qui est sûr, c'est que personne ou presque ne demande rien sur le moment - cela ressemble alors à un do ut des, à la volonté d'en profiter - , et si on le fait plus tard, la phrase creuse est oubliée depuis longtemps et en plus on n'y a pas recours, il est rare que quelqu'un rappelle à quelqu'un d'autre : "Il y a quelque temps, tu m'as dit que..." ; et s'il s'y hasarde, il est possible qu'il se gagne cette réponse : "Je t'ai dit ça? Je ne sais pas, c'est curieux, j'en doute, je ne me souviens plus", ou bien "Tout sauf ça, pas ça, c'est la seule chose impossible, c'est la pire, ne me demande pas ça", ou bien "Comme je regrette, je ne demanderais pas mieux, je ne peux pas, si seulement tu était venu me trouver il y a quelques années, maintenant ce n,est plus comme avant." Si bien que celui qui veut simplement qu'on lui rende son vieux service finit par en demander un nouveau, comme s'il n'y avait pas eu d'histoire, et peut-être même en suppliant ("S'il te plaît, s'il te plaît. S'il te plaît, s'il te plaît").
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Les gens sont imprévisibles quand ils se séparent. Il y en a qui s'enferment chez eux et ne veulent voir personne, et il y en a qui se jettent dans la rue et se mettent dans le lit du premier qui s'offre. Il y en a qui commencent par faire une chose, puis qui en font une autre, ou l'autre et la première [...].
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Étrange et incongru est le processus des nostalgies, ou des regrets, que ce soit d'une absence ou d'un abandon. Au début on croit ne pas pouvoir vivre sans quelqu'un ou loin de quelqu'un, la peine initiale est si aiguë et si constante qu'on ressent comme un effondrement sans limites ou comme une interminable lance qui avance, parce que chaque minute de privation compte et pèse, se fait sentir et nous étrangle, et on ne fait rien d'autre qu'attendre que passent les heures du jour, en sachant que leur passage ne nous mènera à rien de nouveau, rien d'autre qu'à l'attente d'une autre attente. Chaque matin on ouvre les yeux - si on a pu profiter du sommeil, qui ne permet pas d'oublier tout à fait mais qui trompe - avec la même pensée que celle qui nous a oppressés avant que nous les fermions, "Elle n'est pas là et ne reviendra pas", par exemple (c'est-à-dire me revenir à moi, ou de la mort), et on se prépare non à traverser péniblement la journée, car on n'est même pas capable de voir si loin ni de les différencier, mais les cinq minutes qui suivent puis cinq autres, [...]. Ce sont les routines découvertes qui nous soutiennent, ce que la vie a en trop, ce ton inoffensif, ce qui n'enthousiasme pas et ne nous demande ni participation ni effort, le remplissage que nous dédaignons quand tout est en ordre et que nous sommes actifs et que nous n'avons pas le temps de regretter qui que ce soit, pas même ceux qui sont morts [...]
Et puis le temps passe, et à partir d'un jour diffus nous recommençons à dormir sans nous réveiller en sursaut et sans nous souvenir dans notre sommeil, et à nous raser non plus au hasard ni à des heures indues mais le matin ; aucune bouteille ne se casse et aucun appel ne nous irrite, nous nous passons du feuilleton, des mots croisés, des routines survenues et salvatrices que nous observons avec étonnement en les quittant car nous ne comprenons même plus ou presque pourquoi nous en avons eu besoin, et même les personnes patientes qui nous ont distraits et nous ont écoutés pendant notre période de deuil, monotone et obsessives.
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"Aujourd'hui on s'épouvante de rien et les gens sont très peu libres dan leur vie personnelle, et de moins en moins dans l'éducation de leurs enfants. Avant, on apprenait beaucoup de choses aux enfants dès qu'ils avaient l'âge de raison, ce n'était pas pour rien que ça s'appelait comme ça. Des choses qui pourraient leur être utiles quand ils seraient grands, parce qu'on ne perdait jamais de vue qu'un enfant finissait par devenir grand. Pas comme maintenant, où ce qu'on cherche, plutôt, c'est que les adultes continuent à être des enfants jusqu'à leur vieillesse, et des enfants idiots et pusillanimes, en plus. C'est pour cela qu'il y a partout tant de bêtise."
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La bureaucratie financière est irrationnelle, contre-productive, absurde, elle n'aide en rien, c'est un poids mort, et entre ces agents le mécontentement finit toujours par se répandre, ils ont l'impression d'en faire plus qu'on ne leur reconnaît, de se salir les mains et souvent de mener une vie de chien pour protéger une société qui ignore non seulement leurs sacrifices et leurs actes de bravoure ou de sauvagerie occasionnels, mais, par définition ou par principe, jusqu'à leurs noms.
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Les gens aiment les châtiments cruels, et les revers de fortune sarcastiques, et le dépouillement soudain de ceux qui ont tout eu, ne parlons pas de ce dépouillement absolu qu'est la mort inattendue, et plus encore si elle est sanglante.
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[...] le temps est un continuum et on y est toujours, de toute façon, jusqu'à ce qu'on cesse d'y être.
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John Kennedy autant que Jayne Mansfield auraient souffert de leur propre complexe, K-M, comme nous l'appelons, s'ils avaient deviné où redouté leurs morts respectives. Bien entendu, il y en avait bien d'autres, que sais-je, de James Dean à Abraham Lincoln, de Keats à Jésus-Christ. La première chose que tout le monde se rappelle d'eux, presque la seule, c'est leur fin frappante ou hors normes, ou trop précoce, ou extravagante : Dean mort à vingt-quatre ans dans un accident de voiture, alors que s'ouvrait à lui une incroyable carrière de star et que le monde entier l'adorait ; Lincoln assassiné par John Wilkes Booth, très théâtralement, dans une loge, peu après avoir gagné la guerre de Sécession et avoir été réélu ; Keats décédé à Rome, de tuberculose, à vingt-six ans, la littérature a perdu tant de poèmes ; le Christ sur la croix, un adulte parfait pour l'épique, un homme accompli quoiqu'un peu tardif dans ses œuvres, mais infortuné, jeune sans l'être, du point de vue de notre époque si lambine et si vieille.
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- L'État a besoin de la trahison? lui demandai-je, un peu étonné (juste ce qu'il fallait, je commençais à entrevoir ce que cela voulait dire).
- Bien sûr, Jack. Surtout en temps de siège, d'invasion ou de guerre. C'est ce qu'on commémore le plus, ce qui unit le plus, ce dont les nations se souviennent le plus, au fur et à mesure que passent les siècles. Que deviendrions-nous sans elle?
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Aujourd'hui le premier imbécile venu possède et transporte un mini appareil photo dans sa poche ou incorporé à son portable, et si un touriste capte par hasard quelque chose de grave, y compris un crime, il est probable qu'il essayera d'en tirer de l'argent plutôt que d'aller le montrer à la police.
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