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sur 426 notes
Des humains qui s'aventurent dans la mort à l'ère des Vivants et des morts qui veulent se sentir vivant à l'ère des Morts.
***
En surface, une histoire d'Amour improbable entre un zombie et une vivante. Une romance fantastique pour « young adult » ? Ce que l'on pouvait faire avec un vampire (Twilight, Les Dents de l'Amour ou La Communauté du Sud) n'est finalement pas si sommaire, d'autant que notre zombie a une nette tendance à philosopher sur sa condition d'humain mort.

L'édition que j'ai en main débute ses chapitres, avec de petits schémas représentant des morceaux de nous-mêmes, des morceaux d'êtres humains. Cette intrusion organique ne vire jamais au cauchemar, elle est purement biologique : mort ou vivant, nous sommes du muscle, de la peau, des abats. « Nous portons sur nous-mêmes le même regard que sur les vivants : nous ne sommes que de la viande. »
Cette forme, est suivie de près par un fond plus mystique : l'âme (elle sera incarné par Perry). Peut-on séparer l'âme de la viande ? Et qu'est-ce qui nous différencie des zombies ? le zombie ne serait-il que chair tandis que le vivant sensible ? Pourtant aux yeux du mort-vivant, le vivant n'est que chair, puisqu'il n'est là que pour être mangé. Mais le vivant lui, ne se réduit pas à cela car il ressent des sentiments, ressent de la douleur, de la honte, de l'espoir et du désespoir, de l'injustice à la différence du mort-vivant.

Est-ce si limpide ? le roman Vivants nous montre une fois de plus que la barrière n'est pas si simple, puisque la barrière est en fait un miroir. En effet, d'un côté une Julie qui cite : « Je suis une épave, moi aussi, sauf que…Je suis toujours en vie. Une épave en cours d'achèvement. » et de l'autre côté, un zombie biologiquement très mort mais qui cherche ses sentiments, qui cherche à s'exprimer, à se souvenir, à ressembler à un vivant et dont l'esprit se décuple de réflexions philosophiques jusqu'au moment où viendra l'inattendu : la renaissance du mort-vivant grâce à l'Amour . « Pourquoi le passé m'apparaît-il comme brouillard, alors que le présent est brillant, riche en sons et en couleurs ? »
***
Le monde était une merde, et les possibilités de se sentir vivants dans un monde de Guerre, d'épidémie, de sécheresse, de surpopulation, de crises politiques et sociales, de dérèglement climatique, étaient amoindries. Nous étions, pour la plupart déjà à l'état de zombie de manière métaphorique. Lorsque le zombie est réellement arrivé au sens propre : il n'était « que le dernier clou enfoncé dans le cercueil. » Privé de nos vies, nous devenions des vivants morts avant que les morts-vivants arrivent pour de vrais, dans le but de bouffer des vivants morts (à défaut de nous bouffer entre nous à cause de notre déshumanisation, perpétuée par notre condition d'esclave face au Dieu Argent). Et après quoi ? « Papa pense que sauver l'humanité revient à bâtir une grosse boîte en béton, mettre tout le monde à l'intérieur et monter la garde devant la porte, un fusil à portée de main, en attendant la vieillesse et la mort. » Que vaut la vie aujourd'hui, si elle doit se passer dans une prison à attendre la mort, à apprendre à tuer les zombies depuis l'enfance ? Tandis que les morts circulent à la recherche de vies ? le monde post-apocalyptique n'est alors pas si différent de l'ancien : nous avons le choix entre être un vivant mort, un mort-vivant ou un casse-dalle.

Heureusement, R., un zombie, va tout changer en tombant amoureux. Et plus précisément, il va tomber amoureux d'une vivante. Ce qui curieusement lui offrira un sens à sa vie de mort-vivant. Et même plus encore : il aura une volonté de vivre ! Et cette volonté de vivre : la résurrection née de l'Espoir et de l'Amour.
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Je ne vais pas trop déroger à la règle de la plupart des critiques faites sur ce livre, je préfère vous prévenir. J'ai beaucoup aimé ce roman. Et même si ma lecture n'a pas été une grande surprise (j'ai vu le film Warm Bodies bien avant de lire le roman de Isaac Marion), j'ai apprécié chaque moment passé avec R et Julie. J'ai d'ailleurs très envie de revoir le film maintenant, que je trouve très fidèle au roman, même s'il est plus "joyeux" à mon goût. Pour autant, Vivants n'est pas tellement sinistre. Il ne traite pas de sujets très drôles, je ne dirais pas le contraire, mais l'auteur aurait pu mettre plus d'horreur dans son récit. J'ai plutôt trouvé que l'espoir était le fil conducteur de toute cette histoire. L'espoir d'une vie meilleure, l'espoir d'un monde meilleur. Et cela ne fait pas de mal de lire ce genre de romans de temps en temps, bien au contraire.

Je ne suis pas une fan des zombies, loin, loin de là. Walking Dead et compagnie, très peu pour moi. Donc si vous vous posez la question, oui, vous pouvez vous jeter sur ce roman même si vous n'êtes pas un fan du genre. Il y a bien sûr des descriptions et des événements qui vont de paire avec l'univers "zombie", mais encore une fois l'auteur a su rendre cela sans trop d'horreur. Pour moins, l'état même de zombie, dans Vivants, est plus une forme de désespoir ultime. Une sorte de renonciation totale. Plus de combat face à la vie et au monde cruels dans lequel vivent les personnages. En un sens, le roman est une critique de notre société actuelle. du moins, c'est comme cela que je l'ai ressenti. le fait que nous détruisons notre monde, que l'individualisme est devenu un art de vivre, que l'espoir s'amenuise de plus en plus, que nous préférons vivre dans nos peurs plutôt que de combattre... Ce n'est pas moralisateur du tout, bien au contraire. Et j'ai beaucoup aimé les passages où R entend les personnes qui lui expliquent comment la société des vivants est devenue ce qu'elle est. Ce sont des moments très forts, des témoignages brefs mais qui expliquent tout avec une lucidité cruelle.

Et puis, il y a bien sûr nos Roméo et Juliette zombiesque. Il n'est pas trop difficile de faire le rapprochement. Les prénoms des héros déjà : R et Julie. le fait qu'ils appartiennent à deux... "groupes" disons, totalement opposés et ennemis, et qu'ils font tout pour rester ensemble malgré les barrières qui se dressent devant eux. Les clins d'oeil aux deux héros tragiques étaient plutôt bien trouvés sans pour autant être du copier-coller. Et puis, Isaac Marion a su s'approprier sa propre version. R est pour moi l'espoir latent de l'humanité. Voir toute l'histoire à travers ses yeux, tout appréhender avec ses sentiments et ses pensées étaient très prenant. J'avais adoré ce contraste beaucoup plus présent dans le film où on voyait R vraiment comme un zombie et la voix off de Nicholas Hoult nous donner les pensées complexes et précises de ce personnage. C'était assez aberrant en un sens de voir un "cadavre" incapable de parler, ou presque, être aussi expressif. le roman le fait moins ressentir. Il est aussi très facile de s'attacher à R, malgré sa condition. Il est ainsi d'autant plus appréciable de le voir évoluer petit à petit. Julie, elle, est le déclencheur. La petite étincelle qui fait exploser le tout. Étincelle est d'ailleurs un terme qui lui convient bien. Elle a un caractère assez explosif. Je l'ai tout de suite adoré. Sa fragilité et les horreurs qu'elle a pu vivre, ne la définissent pas en fin de compte. Elle vit dans le présent, avec un pied bien ancré dans le futur. Il est vraiment difficile de ne pas s'attacher à elle. Et même si contrairement à R, je n'ai pas trouvé que son personnage avait beaucoup évolué, il est tout aussi plaisant de la suivre tout au long du roman et d'en découvrir toujours un peu plus sur elle.

Le tout est très agréable à lire. Fluide, dynamique, très drôle à certains moments, triste aussi, mais il aurait été mal venu de raconter une telle histoire avec trop d'humour. L'action n'est pas tellement présente, mis à part quelques instants, mais le roman n'en reste pas moins prenant. Il est difficile de ne pas vouloir continuer sa lecture, car on veut absolument savoir ce qu'il va se passer. Est-ce que R va changer ? Est-ce que le monde va changer ? J'ai juste trouvé que la fin était un peu rapide à arriver (la fin de la deuxième partie pour être précise). C'était l"aboutissement de tout un processus, mais je ne sais pas... J'ai trouvé qu'il y avait un petit côté "brusque". Heureusement,la troisième partie du roman qui fait office d'épilogue nous donne une petite prolongation que j'ai beaucoup apprécié.

Je ne sais pas si l'auteur a écrit d'autres romans (il faudra que je me renseigne) mais je serais assez curieuse de découvrir d'autres histoires d'Isaac Marion.
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Ce livre partait d'une bonne idée, en tout cas d'un concept un peu original. En effet, le narrateur est un zombie, ce qui est assez incongru, je me suis donc laissée séduire.
Les premières pages m'ont intéressé, j'avais envie d'en savoir plus.
et puis, je me suis ennuyée et je n'ai pas pu aller jusqu'au bout de ma lecture, pourtant cela faisait longtemps que cela ne m'était pas arrivée.
donc je ne dirai pas que l'histoire est mauvaise, juste que je n'ai pas aimé.
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Une histoire d'amour faite avec beaucoup de charme, d'humour et de tendresse !

Enfin un vrai bon livre traitant le sujet "zombie" avec intelligence et légèreté. Après avoir des tonnes de navets plus nuls les uns que les autres sur ce thème, Warm Bodies donnerait presque l'impression d'être un chef d'oeuvre.

Une histoire atypique, qui rompt avec les codes traditionnels des histoires de zombie. du moins, dans les grandes lignes, puisqu'il n'oublie pas de traiter avec beaucoup d'autodérision certains classiques du genre. Mais vu du coté Zombie, «Warm Bodies» est une expérience unique et intéressante sur une histoire d'amour classique. Pensées adéquates qui se transforment en une conversation insuffisante est une des métaphores brillantes appliquées tout au long du livre qui en font une expérience amusante. Bien que prévisible et patché avec quelques passages ennuyeux, «Warm Bodies» mérite des éloges pour son idée originale et sa touche de fraîcheur.

Dans ce roman, les zombis ont la capacité de penser comme les humains même si aligner plus de trois mots en dix secondes est un exploit pour eux. Ils ont un quotidien morose dans un aéroport et ils doivent manger des humains pour survivre.
R, le personnage principal est un des leurs et c'est par son intermédiaire qu'on découvre leur vie et leur phase terminale : les osseux, à peine différents entre eux et qui tendent vers les véritables monstres de muscles. Car oui, on s'attache aux zombis vu qu'ils nous paraissent réellement humains. Les osseux représentent le non-retour et les antagonistes du livre. Dans un passage exceptionnel du début du livre (no spoil), R, par un concours de circonstances banal, va manger le cerveau de Perry, le petit ami de Julie. Les deux faisant partie d'une escouade formée de quelque uns des rares survivants. Après avoir sondé les souvenirs du pauvre défunt dans des moments assez émouvants, R va ainsi tomber amoureux d'elle et devenir tout à coup plus humain. Il va ensuite la protéger dans l'avion qu'il possède, rempli de collections en tout genre. Est-ce le début d'une amitié ou d'une grande histoire d'amour?

Le roman ose un pari risqué : il tend à la fois vers la parodie sans gore mais non moins jouissive grâce à l'humour souvent décapant. Mais aussi vers l'histoire d'amour entre R, un zombi attachant et maladroit et Julie, qui a une seule envie : rentrer chez elle.

Au final, on prend beaucoup de plaisir à suivre ce roman tantôt drôle, tantôt touchant, tantôt empreint d'un petit pouvoir de réflexion sur l'espèce humaine et sur nos comportements.

Vous l'aurez compris, je ne rangerais pas Vivants dans les sous-daubes abyssales méritant d'être oubliées. C'est un roman à la fois déjanté, touchant et surprenant grâce à ce très cher R.

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Pas fan de bit-lit (j'en suis restée à Bram Stocker), mais influencée par les éloges sur Babélio, je ne regrette absolument pas cette lecture. Sous forme de conte philosophique, aux relents de taoïsme
«Peut-être que nous sommes éternels, je ne sais pas.Pour moi l'avenir est aussi flou que le passé. Seul le présent semble m'intéresser, et encore»,

ce roman post-apocalyptique donne au lecteur l'occasion de réfléchir sur la condition humaine les conséquences sociologiques lorsque l'environnement devient hostile.

Un mal mystérieux a frappé la planète. Ses habitants sont quelques humains réfugiés dans le ghetto d'un ancien stade, une armée d'Osseux qui sont des squelettes tueurs, stade d'évolution de la troisième espèce terrienne : les zombies. le narrateur est un zombie privé des sensations et des fonctions physiologiques de base, mu par des pulsions mortifères qui le conduisent à dévorer le cerveau des humains qu'il chasse. Ce «repas» a une dimension spirituelle, car il confère à ce cadavre charnu le don de ressentir les pensées et souvenirs de sa proie.
Mais voilà la traque d'un groupe d'humains parmi lesquels se trouve Julie va modifier la donne.

L'intrigue est bien ficelée et maintient l'attention du lecteur jusqu'à la fin. L'écriture est bien au service du propos et en particulier offre un très bon rendu de l'évolution psychique du personnage principal. Les explications quant à l'origine de la fin du monde sont peut-être un peu capilotractées, mais c'est pardonnable.

A lire par tous les fans de science fiction post apocalyptique, mais pourquoi par aussi par les autres.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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J'ai acheté «Vivants» d'Isaac Marion au salon du livre de Bruxelles parce que les affiches et des extraits diffusés du film m'ont donné envie de le lire.
La couverture est agréable, le rouge tranchant sur le blanc et la quatrième révèle que la découverte d'une "parabole sur notre époque et la nostalgie d'une vie pleine". Bon, un roman de zombies qui amène de la réflexion, pourquoi pas?

Les zombies mangent le cerveau des vivants pour voler leurs souvenirs. Les morceaux de cerveau leur “allume la tête comme un tube cathodique” et leur procure pendant quelques minutes un semblant d'existence, une sensation, une mémoire… celles de la personne qu'ils dévorent.
R dévore le cerveau du petit ami de Julie et revit ses souvenirs. Les pensées et les sentiments du mort s'infiltrent au plus profond de R qui sauve Julie d'un carnage, la ramène chez lui dans l'aéroport parmi les autres zombies. Une « cohabitation » va commencer.
Roméo (R) et Juliette (Julie) au pays des zombies.

C'est une narration à la première personne et l'on suit les pensées de R. Il ne se souvient de rien. « Ne m'en veuillez pas si je ne m'étends pas sur les présentations, c'est simplement que je n'ai plus de nom. Comme la plupart d'entre nous. Nous le perdons aussi facilement que des clés de voiture, nous l'oublions comme une date d'anniversaire. le mien commençait peut-être par la lettre "R", mais je n'en sais pas plus » R est différent. “Quelque chose remue en moi, un papillon de nuit faible, prisonnier d'une toile d'araignée, qui lutte pour s'échapper.”
Mais s'il pense quasi normalement, le langage est défaillant.
“Dans ma tête je suis éloquent : je grimpe les échafaudages complexes de mots afin d'atteindre les plafonds des cathédrales les plus hautes et d'y peindre mes pensées. Mais quand j'ouvre la bouche tout s'écroule.”
L'amour de R et de Julie déclenche une révolution.
Petit à petit, R ressent les choses, capte des sensations. R aime. R change. D'autres zombies commencent leur transformation. Ils sont “pris au piège entre le berceau et la tombe, n'ayant plus (notre) place ni dans l'un ni dans l'autre“. Les Osseux, les plus anciens zombies, refusent la relation entre R et Julie. Grigio, le père de Julie et général du camp des survivants veut exterminer tous les zombies. Et c'est ici que l'on fait la comparaison avec Romeo et Juliette.

Je suis déçue par les bizarreries : R n'a aucun souvenir de sa précédente existence. “L'équation a été effacée, le tableau noir cassé” mais garde une compréhension exacte de la société humaine, porte des vêtements, écoute de la musique, se marie, adopte des enfants…
Tous les zombies sont ralentis sauf lui, qui est capable de réflexion sans pouvoir l'exprimer.
Il y a les zombies, des cadavres ambulants qui se décomposent, d'autres moins et puis il y a les osseux, tout cela servi sans aucune explication.
En tant qu'infirmière rien qu'à l'idée de R tartinant Julie de sanies pour qu'elle s'intègre dans le groupe des zombies, l'estomac me remonte haut dans la gorge. Comment tomber amoureuse d'un cadavre en décomposition ? « Je n'en suis qu'aux premiers stades de la décomposition. Ce se limite à une peau grise, une odeur désagréable et des cernes noires sous les yeux. Je pourrais presque passer pour un vivant qui a besoin de vacances. » Cela, je ne peux même pas l'imaginer.

C'est lent, composé de flashbacks et de loooooongs passages descriptifs. L'ensemble est sans grands rebondissements. Les deux héros ne savent pas où aller ni quoi faire, n'ont aucun plan mais ils veulent sauver le monde ! « On se balade tous les deux dans cette ville comme un chaton dans un chenil. Changer le monde : tu n'as que ces mots à la bouche, mais tu restes assis là, à te lécher les pattes, alors que le cercle des pit-bulls se referme sur nous. C'est quoi ton plan, mon minou ? »

J'ai lu «Vivants» d'Isaac Marion, j'ai trouvé l'écriture fluide, j'ai trouvé les illustrations en début de chapitre originales mais globalement je n'adhère pas à l'histoire.
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J'aurai aimé écrire ce livre. C'est la première pensée qui m'est venue en le refermant. L'écriture est fluide et belle, drôle et tendre ou crue et poétique tour à tour. Ça aurait pu être un nanar, mais l'auteur ne va pas dans la facilité, au contraire, il plonge avec une franchise impudique dans les méandres de R et de notre monde nécrosé... Son histoire avec Julie est belle, juste je dirai même. C'est beau et bon, tout simplement... C'est un livre qu je relirai asses souvent je pense, le dernier en haut de ma pile (plutôt petite) de ces livres qu'a force l'on connait par coeur et dont on relis des passages juste pour se ré-imbiber des mots et des sensations.
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Ce titre me faisait envie depuis sa sortie. Son résumé original a attisé ma curiosité et les avis dans les médias me faisaient trépigner d'envie.
On peut dire que je suis on ne peut plus ravie d'avoir, enfin, pu le dévorer.

Comment vous parler de Vivants ? L'idéal serait de le faire avec justesse et émotions, en choisissant les mots appropriés, en pointant du doigt les divers éléments ressortant fortement et le rendant tout à fait unique.
Le problème c'est que, maintenant que j'ai refermé ce bouquin, tout ce que je sais faire quand j'ai envie d'en parler, c'est m'agiter, grogner et baver, tel les zombies le peuplant.
Bon, je me ressaisis, et je me lance :
Ce qui m'a directement interpellée et, du coup, beaucoup plu, c'est le personnage même de R. C'est un zombie, et c'est la seule chose dont il est certain. Il ne se souvient plus de son nom, seulement qu'il commençait par R. Il a un bon ami, M, un zombie à part qui a le sens de l'humour. R se sent souvent à l'écart, car il a l'impression d'être le seul à rêver, à penser plus loin, à philosopher. Comment cela se fait ? Et pourquoi ?
Un jour, alors qu'il part en chasse avec d'autres de ses congénères, il tombe sur un groupe de jeunes, et dévore avidement le cerveau de l'un d'entre eux. En le mangeant, il a des flashs de souvenirs de cette personne. Il était amoureux, amoureux fou. de Julie. Julie est cette jeune fille, à côté, qui va se faire dévorer.
Mu par un mouvement qu'il ne s'explique pas, R va défendre Julie.
Ce geste va tout changer. Pour R. Pour Julie. Pour le monde entier.

"Pour moi, l'avenir est aussi flou que le passé. Seul le présent semble m'intéresser, et encore. La mort m'a rendu plutôt zen, en fait."

Bon sang de bonsoir. Comment je vais pouvoir vous transmettre toute l'incroyable beauté de ce livre ?
Je pourrais vous dire que son personnage principal est tout à fait unique, un mort qui se balade et qui pense, qui espère, qui veut aimer, qui veut changer, qui veut vivre. du coup, on suit un personnage d'une profondeur incroyable, dont l'existence même est une erreur, un monstre pour les Vivants, un outsider pour les Morts. Ses questions, ses désirs, ses rêves, ses doutes, ... rien ne nous est épargné, et tout nous est offert, sans concession, sans faux-semblant, sans édulcoration. Jamais je n'aurais cru éprouver autant de sentiments pour un mort-vivant, et pourtant R a maintenant une place de choix dans mon coeur.
Je pourrais vous parler de son ambiance, si particulière et tellement difficilement descriptible. On passe d'une roman fantastique flirtant avec l'horreur, avec zombies mastiquant avidement, gerbes de sang et chairs déchiquetées, à la quête initiatique remplie d'espoir, en passant par la romance à couper le souffle ou le récit philosophique d'une beauté renversante.
Je pourrais également tout simplement vous dire qu'il est unique, d'une intensité absolument vertigineuse, que ce soit dans les actes, les émotions ou les idées transmises. Qui aurait pu croire qu'une "histoire de zombies" puisse être si bouleversante, si incroyablement recherchée et si tragiquement romantique ?

L'écriture d'Isaac Marion est tout simplement parfaite. Elle nous emporte avec une facilité et une fluidité déconcertante, nous fait ressentir des émotions fortes et incroyables sans pour autant en faire des tonnes, nous rend les situations les plus invraisemblables complètement réalistes et plausibles.
J'ai terminé cette lecture en pleurs, ayant du mal à reprendre ma respiration et à retourner dans la réalité. Et pendant plus de 300 pages, j'ai ri, j'ai frissonné, j'ai été attendrie, j'ai eu peur, j'ai été dégoûtée, j'ai espéré. Je suis passée par une palette d'émotions riches et intenses, j'en étais presque étourdie, mon esprit brinquebalé dans tous les sens telle une simple poupée de chiffons par cette plume hallucinante.
Cet auteur possède un talent rare et je trépigne déjà à l'idée de lire d'autres de ses oeuvres.

"Suis-je issu des fondations de mon ancienne vie ou me suis-je levé d'entre les morts avec une ardoise vierge ? de quoi ai-je hérité et qu'est-ce qui est ma propre création ? Ces questions, longtemps restées à l'état de rêvasseries, semblent avoir pris un caractère plus pressant. Suis-je fermement enraciné dans le monde d'avant ? Ou puis-je choisir de m'en écarter ?"

C'est un livre précieux, un joyaux brillant dans les ténèbres, dont les messages qu'il transmet m'ont transpercés le coeur avec une vivacité et une clarté étrange et éblouissante.
Le fait d'avoir le point de vue d'un zombie, ce qu'il fait de ses journées, ses habitudes, ce qu'il pense, etc ... est déjà d'une originalité fascinante, mais le fait de l'avoir rendu incroyablement attachant, et d'une humanité dépassant de beaucoup celle de nombres de Vivants, c'est juste époustouflant, un challenge qu'a osé relevé Isaac Marion, et qu'il a réussit avec un brio remarquable.
C'est un titre marquant, qui se hisse tout droit dans mon panthéon de livres préférés. Un coup de coeur, sans équivoques.
Lien : http://archessia.over-blog.c..
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C'est vendu comme un Roméo et Juliette revu. C'est pas faux en même temps.
J'ai eu beaucoup de mal à le lire, car le rythme est vraiment totalement en adéquation avec le thème : zombiesque ! du coup, on avance poussivement dans l'histoire, sans trop savoir où on nous entraîne, suivant R et Julie dans leur relation particulière. Pour ne pas être trop injuste avec ce roman, on peut quand même trouver que R est finalement attachant : on a envie de le connaître mieux, de voir comment il évolue, de le suivre. Mais cela reste quand même peu transcendant. Les dernières trentaine de pages sont plus attrayantes, le rythme s'accélère un peu, mais même avec de l'action, je n'ai pas réussi à vraiment l'apprécier. J'étais plutôt pressée d'en finir. Et justement, pour ce qui est de la fin, je m'attendais à quelque chose d'autres (quoi, je ne saurais vous dire), en tout cas quelque chose de plus surprenant. Mais nous avons finalement une fin assez logique avec le reste de l'histoire, un happy end qui s'imposait depuis le début. du coup, on se dit que l'auteur a vraiment pris son temps pour raconter son histoire qui ne cassait pas trois pattes à un canard, et qui ne nous a pas émus plus que cela. Malgré quelques idées bien vues mais finalement pas assez mises en valeur, le tout se résume à un "mouais" sans plus.
Si vous êtes bon public, pourquoi pas.

Lien : http://ylgana.blogspot.fr/20..
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Très bien accueilli par les critiques et les lecteurs, ce roman me faisait de l'oeil depuis un moment déjà. C'est donc avec beaucoup d'attentes que je me suis plongée dans cette histoire d'amour atypique entre un zombie et une vivante.

Suite à une catastrophe dont on ne sait rien, R n'est plus qu'un corps parmi d'autres, déambulant jour et nuit dans un aéroport, entouré d'autres corps comme lui. R est plutôt bien conservé comparé à ses congénères, mais comme eux il ne peut quasiment plus parler et exprimer ce flot de paroles et d'émotions qui envahissent son esprit. Il ne ressent plus rien, ne se souvient de rien, n'attend rien de sa mort... Les seuls souvenirs dont il dispose sont ceux de ses victimes vivantes, lorsqu'il mange leur cerveau. Lors d'une chasse aux vivants pendant laquelle un groupe de jeunes est attaqué, R, envahi des souvenirs de Perry dont il est en train de se délecter, tombe sous le charme de la petite amie de celui-ci, Julie. A partir de ce moment, il va commencer à changer. Il sauve Julie des crocs de ses "amis" zombies et la cache en sécurité dans l'avion qui lui sert de logement. D'abord effrayée, la jeune fille va vite comprendre que R est bien plus qu'un simple corps animé et qu'il ne lui veut pas de mal... R de son côté va réapprendre la vie, l'amour, les sensations, la douleur, aux côtés de celle dont il est tombé amoureux.

C'est une histoire à la Roméo et Juliette qu'on découvre ici, dans Vivants. Deux camps s'opposent, deux êtres tombent amoureux malgré tout ce qui les sépare et vont lutter pour changer un monde qui est en train de mourir... J'ai bien aimé les descriptions du quotidien des zombies, leur organisation (les mariages, les enfants, comment les plus vigoureux chassent pour nourrir les plus "morts"...). Dans un sens, ce semblant de vie y ressemble plus que le quotidien des vrais vivants, enfermés dans leur stade comme dans une prison, privés de tout et soumis à des règles bien trop strictes, qui les mènent au désespoir plus qu'à la vie.

La lecture est facile, rapide, j'ai bien aimé l'atmosphère qui se dégage de ce roman, à la fois sombre et pleine d'espoir. Il n'y a rien d'exceptionnel dans cet ouvrage d'Isaac Marion (au vu des critiques, je m'attendais quand même à mieux), mais c'est une lecture plaisante et originale.

Pour finir, quelques petites remarques par rapport à l'adaptation cinématographique Human bodies. Pour une fois, j'ai vu le film avant de lire le livre, et j'ai bien aimé car je l'ai trouvé drôle, ce qui ne se retrouve pas du tout dans le livre, qui est bien plus profond et sérieux. Avec du recul je me dis que ce film aurait été bien nul sans cet humour, car l'histoire est très peu développée et très pauvre par rapport au livre, et c'est dommage. Au final, ça reste un film pour ados, et je suis bon public, n'est-ce pas ?
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