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Houellebecq économiste est le livre le plus stimulant de mes dernières lectures. L'économiste Bernard Maris (parmi les victimes de la tuerie de Charlie Hebdo) propose de relire les romans de l'écrivain Michel Houellebecq à travers une grille de lecture économique (tout en égratignant pas mal au passage cette discipline qu'il ne considère pas comme une science, ses prédictions s'avérant souvent fausses écrit il).

suite de la chronique sur mon blog...
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Si vous êtes fan d'Alain Minc ou si vous êtes abonné à l'hebdomadaire Challenges passez votre chemin.
L'idée au coeur de l'ouvrage : Houellebecq a saisi notre triste univers quotidien cent fois mieux que tous les prix Nobel d'économie réunis. Une lecture très accessible (n'essaie à aucun moment d'être plus fin ou plus malin que le lecteur). 150 pages lues d'une traite en deux heures.

Peut-être un titre plus approprié serait Houellebecq anti-économiste car le romancier « utilise et détruit la pensée économique », il « vous vaccine contre l'économie.
Bernard Maris nous rappelle que les économistes ne se sont pas contentés de notions comme l'offre et la demande, le PIB, la courbe de chômage. « Un prix Nobel, Gérard Debreu, expliqua que le grand enjeu des sociétés tenait à la durée de vie des très vieux : fallait-il les débrancher plus tôt, pour faire des économies de Sécurité sociale, ou les maintenir à tout prix dans les limbes du trépas, pour créer des emplois de jeteurs de couches usagées ? » p 19. Ben, avec ce niveau du débat, c'est facile de les surclasser.

Quant à MH, grâce à ses antennes et à sa sensibilité, il capte l'air du temps, il anticipe les états d'âme de ses congénères – contrairement aux économistes.
Ce livre de Bernard Maris est une lumineuse diatribe, un génial pamphlet. Chapeau pour l'ironie mordante.

Extraits :
« Malthus avait raison. L'homme avait voulu épuiser la nature et il est mort épuisé. » p133

A place de la vie sociale, les économistes ne voient « qu'un univers de transactions généralisées' qui débouchera sur ce que déteste MH : le bonheur quantifiable ». P39

« Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence perpétuelle du marché. » P48. Son personnage récurent n'est pas l'ouvrier, mais le cadre qui s'emmerde.
« L'incertitude et l'angoisse furent les meilleurs barreaux des camps. Bruno Bettelheim, survivant, [ ] se pose la question : comment, avec si peu de moyens, les gardiens arrivaient à maintenir l'ordre dans les camps ? Pourquoi [ ] n'y avait-il pas de révoltes ?
Et la réponse de Bettelheim est lumineuse, elle est la même de celle de Houellebecq pour la société de l'argent : les gardes n'avaient de cesse d'infantiliser les hommes en les maintenant perpétuellement dans l'incertain, le risque, l'indéterminé. Ils brisaient tout lien de causalité autorisant l'action. [ ] Tantôt une action était récompensée, tantôt la même action était punie. Observer et réagir, pour un prisonnier, devenaient impossible et, dès lors, l'instinct de conservation était impitoyablement brisé. Ne savoir que ce que ceux qui commandent vous autorisent à savoir est la condition du petit enfant ou de l'esclave ». p66

« Marx détestait Malthus, parce qu'il avait découvert la célèbre loi de la baisse tendancielle du taux de profit, liée à la concurrence. Au bout de la concurrence, le profit est nul. [ ] A la baisse tendancielle du taux du profit, ajoute MH, correspond la baisse tendancielle du désir : cette société ne sait plus comment attiser le désir, exciter le sens. » P125
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Je découvre, malheureusement trop tard, la plume et l'esprit de Bertrand Maris dans cet essai consacré à notre société libérale mondialisée vue au travers de l'oeuvre de Michel Houellebecq.

L'auteur y fait référence à de nombreux économistes prestigieux et à leurs concepts dans une structure facile d'accès : l'individualisme, l'entreprise, les consommateurs, le travail et la fin de l'espèce.

Même si cet essai pourtant rédigé par un économiste n'a pas eu pour moi la même force qu'un essai de Jean-Claude Michéa avec lequel il partage pourtant quelques convergences au niveau des analyses tout en ayant une qualité d'écriture supérieure, il permet pourtant de redécouvrir certains romans de Houellebecq sous un angle nouveau et invite à s'aventurer dans la bibliographie de l'économiste.
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Ce livre a eu une seconde vie.

Sa première vie creusait son sillon comme son auteur qui intervenait dans les médias avec un certain succès, les réparties de celui-ci dans les débats faisaient mouche, sa gouaille du sud emportait l'adhésion.

7 janvier 2015, Bernard Maris est assassiné par les bouchers islamiques. Houellebecq son ami qui vient de publier Soumission comme une ironie de l'histoire est en quelque sorte rattrapé par l'actualité. et son oeuvre présentée alors sera interrompue, et l'oeuvre de Bernard Maris en trouvera bénéfice

Ca fait drôle d'ailleurs de lire la bio de Bernard Maris et d'y voir : assassiné ! Comme si nous étions des siècles en arrière.

Et bien ce Houellebecq économiste va voir ses ventes décupler rendant ainsi hommage à son auteur.

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Bernard Maris est décédé, assassiné lors de l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

Pour nous, qui sommes le grand public, la science économique se réduit pratiquement à trois noms : Adam Smith, Karl Marx, John Maynard Keynes. Le libéral, le communiste, le social-démocrate ; prenez deux extrêmes, déterminez leur milieu. Vous aurez toutes les nuances du prêt à penser de l’économie politique ; choisissez la couleur qui sied à votre teint. Le tour est joué.

N’attendez pas cela de Houellebecq économiste. Bernard Maris était un économiste qui n’aimait pas l’économie. Beaucoup de ses écrits témoignent de son aversion pour cette science (pseudoscience selon lui) à laquelle il a cependant consacré l’essentiel de sa vie universitaire puis de sa vie publique en la vulgarisant pour en dénoncer les travers.

Bernard Maris prévient ; « Faire de Houellebecq un économiste serait aussi honteux que d’assimiler Balzac à un psycho-comportementaliste » (p. 22). En effet, il ne s’agit ni d’élever l’économie à un genre littéraire, ni de dégrader un écrivain au rang d’un pseudo-scientifique. Il s’agit essentiellement de montrer comment en romancier qui sait marier son art à celui de l’essai, Houellebecq parle d’économie dans ses romans et sa poésie. Surtout, il veut montrer comment l’œuvre de l’écrivain constitue une violente charge contre la façon dont l’idéologie économique perverti les relations entre les hommes.

Bernard Maris a voulu relire Houellebecq au prisme de quelques auteurs classiques de l’économie. Ainsi Les Particules élémentaires, à la lumière de la pensée individualiste d’Alfred Marshall devient un roman qui dénonce le règne des individus. L’Extension du domaine de la lutte, éreinte le monde de l’entreprise. Avec John Maynard Keynes, Plateforme devient le roman de la consommation insatiable. Joseph Schumpeter et la théorie de la destruction créatrice permettent de lire La Carte et le Territoire comme une analyse de la création de valeur dans l’art et le travail. La Possibilité d’une île confrontée à la pensée malthusienne revient sur le mythe de la « Fin de l’Histoire ».

Cette lecture économique de Houellebecq par Bernard Maris n’a cependant pas oublié l’essentiel de cet œuvre. Un essentiel que bien peu de lecteurs semblent avoir vu – à moins qu’ils n’aient tout simplement méprisé ce détail : les romans de Houellebecq sont des romans qui affirment la valeur de la bonté. Peu d’écrivains redonnent aujourd’hui toute sa valeur à la bonté humaine. Que la plupart des lecteurs n’aient pas su le voir est une marque de notre époque. Que Bernard Maris aie été un lecteur sensible à cette marque discrète de l'oeuvre de Houellebecq voilà qui justifie - si besoin est - notre volonté de rendre hommage à sa mémoire.
Lien : http://www.pavillonblanc-col..
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Je ne sais pas ce qui m'a pris de lire ce petit ouvrage alors que je n'ai lu qu'un roman de Michel Houellebecq. Peut-être pour mieux comprendre Houellebecq ?
Il est évident qu'un romancier qui situe ses romans dans la période contemporaine va plonger ses personnages dans les grands courants de son temps. Mais il est aussi vrai que par rapport à nombre d'auteurs Houellebecq s'attache assez fortement à tout ce qui y phénomène de société pour nous peindre le mal-être, la dépression, le désespoir des individus. du coup, comme chez Balzac ou Zola le contexte économique ne peut qu'être très présent. En tout cas la plume de Bernard Maris est agréable à lire et ouvre un angle intéressant sur l'univers anxiogène de Houellebecq. Je pense que ce n'est qu'une clé de lecture parmi d'autres, et que si Houellebecq est antilibéral, il est aussi très nettement anti-libertaire, ce qui ne relève absolument pas de la grille de lecture proposée ici. On peut aussi prendre cet ouvrage dans l'autre sens, c'est à dire pour expliquer l'économie à la lumière des personnages des romans de Houellebecq. de ce point de vue, c'est un peu faible, Bernard Maris explique bien moins ses propos que dans son anti-manuel d'économie où il illustre ses dires par de larges extraits de textes de théoriciens économiques.
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Houellebecq saisit le malaise économique, le désenchantement contemporain, l'individualisme, le monde de l'entreprise, du marché de l'art, la consommation insatiable, l'organisation du travail mieux que les économistes selon Bernard Maris. La littérature qui s'inscrit dans la durée a souvent mieux traité les thèmes économiques, sociologiques, psychologiques que les spécialistes de ces mêmes disciplines.
Bernard Maris retrouve dans l'oeuvre de Houellebecq des thèmes analysés par de grands économistes : Marshall, Shumpeter, Keynes, Marx, Fourier, Malthus si ce n'est que les économistes restent froids, abstraits, campés sur une vision théorique tandis que l'oeuvre de Houellebecq sait que l'homme n'est pas rationnel, n'obéit pas à des modélisations et que l'application de théories libérales atomise la société, la déshumanise, détruit le collectif, crée de l'incertitude, de l'anxiété, de la violence, de l'angoisse.
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C'est avec une certaine émotion que j'ai lu ce petit manuel de recadrage de l'Economie sur fond des romans de Houellbecq. La disparition de l'auteur, dans les conditions tragiques, donne un éclairage particulier à ce livre.
On sait depuis longtemps qu'il y a plus de "vérité" dans la grande littérature romanesque que dans la plupart d'écrits "savants". Il n'est donc pas anormal qu' immergé dans une époque où la pseudo-science économique s'autoproclame reine, un romancier, Houellbecq en l'occurrence, rende bien compte de l'obscénité de la chose. Ce qui est remarquable c'est que cela se manifeste à travers toutes les oeuvres ( romans, poèmes...).
La lecture de cet essai est plaisante et instructive.
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Une attaque justifiée de la bullshit économique. Donne le goût de relire Houellebecq.
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Logorrhée Marxiste
Apposer le nom de houellebecq dans un livre n'en fait pas un grand livre mais par contre il garanti une visibilité. Visibilité que ne méritait pourtant pas ce livre qui tente de percer le mystère Houellebecq à travers une analyse économique de son oeuvre.
L'auteur tout au long du livre s'évertue à travers des extraits de livres à faire de Houellebecq un pourfendeur du libéralisme, là on peut êtres à peu près d'accord, mais il tente aussi de le faire passer pour un bon gros gauchiste ce qui est loin d'êtres évident même si ses "amis" le son pour la plupart.
Bref un énième ouvrage à la logorrhée marxiste, qui plaira sans doute à de vieux prof de gauche lecteur de Charly Hebdo et convaincu d'avance. Comme d'habitude, aucune solution ne seras proposée, rien que du constat.
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