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EAN : 9781779504654
160 pages
DC Comics (03/11/2020)
3.83/5   3 notes
Résumé :
The voice from beyond the veil...

In the gaslit splendor of late-19th-century New York, rage builds inside 14-year-old Daphne. The sudden death of her father has left her alone with her grief-stricken mother. Emotionally adrift and living outside her means, the widow becomes easy prey for a group of occultists promising to contact her dead husband.

While fighting to disentangle her mother from these charlatans, Daphne experiences a genu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Elle a été publiée dans la branche Hill House de DC Comics, des histoires placées sous la tutelle de Joe Hill. Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Laura Marks, dessinés et encrés par Kelley Jones, avec une mise en couleurs réalisée par Michelle Madsen. Les couvertures originales ont été réalisées par Piotr Jabłoński (épisodes 1 à 3), et Sam Wolf Connelly (épisodes 4 à 6). le tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Yasmine Putri, Dan Quintana, Dustin Nguyen, Gene Ha, Sebastian Fiumara, Kelley Jones. Il comprend également une courte interview (6 questions) de Marks, et une de Jones, également en 6 questions, mais avec des réponses plus courtes.

En 1886, une horde d'ectoplasmes anthropomorphes se masse à proximité d'une des deux femmes en pleine séance de spiritisme autour d'un petit guéridon : Althea Byrne qui souhaite entrer en contact avec son époux, et madame Swarthmore, la médium. Cette dernière prend la main de la jeune veuve pour la rassurer. Pendant ce temps-là, Daphne Byrne (14 ans) est en classe, Maud et Minnie cancanant dans son dos en pariant sur le fait qu'elle devra bientôt quitter l'école, sa mère n'ayant plus de quoi en payer les frais. Daphne jette un coup d'oeil en coin au plafond comme si elle y percevait quelque chose, fait semblant de ne rien entendre tout en découpant sa poupée en papier. À la fin de la classe, Minnie, Ida et Maude voient que Daphne farfouille dans la terre au pied d'un arbre. Elles vont la voir et elle explique qu'elle récupérait un morceau de basalte, une roche magmatique, et que celle-ci est porphyrique. Elles la regardent d'un air méprisant.

Daphne Byrne se rend seule au cimetière pour aller se recueillir sur la tombe de son père, et lui offrir le morceau de roche. Après avoir parlé tout haut à son père défunt, elle rentre à la maison, guettée à une fenêtre par la bonne Nonie. Une fois le seuil passé, elle est accueillie par sa mère qui lui parle de sa séance médiumnique, et du fait que son époux défunt lui a parlé. le soir, Nonie aide Daphne à se déshabiller et à se coucher, les deux se demandant si Althea a vraiment pu parler à son époux. le lendemain, Daphne accompagne sa mère à sa séance. En chemin, elles passent devant un clochard aveugle avec un pilon de bois à la jambe gauche, et Daphne lui donne deux pièces qu'il se met sur les yeux. Madame Swathmore entame la séance, la pièce étant cette fois-ci plongée dans la pénombre, en présence de trois autres clients. Elle invoque les esprits et la clochette sur la table se met à bouger. Althea est intimement convaincue que l'esprit de son mari est présent avec elle dans la pièce. Il échange quelques mots avec sa fille, parlant à travers la médium. Une fois la séance terminée, sur le trottoir, la mère s'inquiète de savoir si sa fille va bien. Celle-ci rétorque que c'était une supercherie car le prétendu esprit de son père a répondu des énormités à sa remarque sur l'astronomie. Elle demande à sa mère combien elle paye les séances.

Ça ne commence pas de manière très originale et la scénariste utilise une trame prévisible. Elle et en scène une pauvre adolescente dont le père est décédé, et dont la mère se fait embobiner par une médium aussi crédible qu'un billet de trois dollars. Pour couronner le tout, la charmante demoiselle voit le spectre d'un jeune home qui lui tourne autour, discute avec elle et essaye de la convaincre d'agir comme il l'entend. N'oublions pas des camarades de classe portées sur les brimades à son encontre, et ses premières règles qui prennent Daphne par surprise. Pour faire bonne mesure, les responsables éditoriaux ont confié ce scénario aux bons soins d'un artiste réputé pour ses pages gothiques, fortement influencé par Bernie Wrightson. Ça commence dès la première page, avec ces spectres anthropomorphes, avec des orbites vides, une peau tendue sur le crâne, mais des muscles apparents, et pour l'un d'eux les os de la colonne vertébrale qui dépassent dans le dos. le lecteur peut ainsi s'amuser à relever les éléments gothiques ou horrifiques convenus et typiques de cet artiste : les yeux de l'innocente Althea plus grands que la normale, les ombres très marquées, les stèles massives dans le cimetière, les troncs d'arbre très noueux et déformés, les aplats de noir très appuyés, les crânes béants, les draperies et les tissus très lourds avec des plis tombants, les angles de vue très inclinés et quelques bestioles bien répugnantes. le dessinateur ne vise pas le réalisme : il exagère certains aspects des dessins pour les rendre plus expressifs.

Dans le même temps, le lecteur observe que Kelley Jones a réalisé des planches soignées, qu'il s'encre lui-même et que le rendu dose savamment les éléments descriptifs et les effets macabres, sans tomber dans le systématisme. Une fois passée la première page, de nombreuses scènes dégagent un parfum vénéneux tout en restant plausibles : le petit salon de madame Swarthmore trop encombré ce qui lui le rend un peu oppressant, les gestes nerveux de Daphne avec ses ciseaux pour couper une poupée de papier, le mendiant aveugle qui se met une pièce de monnaie sur chaque oeil, Daphne découvrant la tâche de sang sur ses draps, le professeur un peu trop prévenant avec Daphne, l'ouvrier un peu trop pressant auprès d'Althea Byrne pour récupérer ses dettes, les rues pavées désertes la nuit, etc. du coup, le contraste est plus saisissant quand surgit un élément surnaturel, ce qui lui donne plus de poids : le spectre du Frère, les créatures monstrueuses, le cocon anthropomorphe dans le lit de Daphne, le squelette d'oiseau à deux têtes, etc. Malgré tout, Jones ne peut pas s'empêcher de forcer la dose à une demi-douzaine de reprises, et de basculer dans le grotesque, que ce soit avec les monstres, ou avec les expressions de visages. La coloriste ne se montre pas aussi subtile qu'aurait pu le faire Dave Stewart, mais elle s'en tient majoritairement à une approche naturaliste, ne recourant à des effets pop que lorsque le dessinateur passe en mode grotesque.

Sur cette route bien tracée, le lecteur relève quelques éléments un peu plus personnels. Ça commence avec un numéro d'équilibriste parfaitement maîtrisé : se produit-il oui ou non des phénomènes surnaturels ? D'un côté, il semble bien que la mère de Daphne se fasse rouler dans la farine par une médium qui la manipule et qui ne dispose d'aucun don, comme si le monde des esprits n'existait pas. D'un autre côté, il semble bien que Daphne, elle, soit en contact avec un véritable esprit. La narration visuelle fait en sorte d'appuyer sur le folklore visuel des comics d'histoires avec fantômes, tout en donnant l'air de ne pas y croire. La scénariste a l'art et la manière de laisser les deux possibilités ouvertes, alors que le lecteur sait bien que dans le monde des comics, c'est binaire : soit le surnaturel est un fait, soit il n'existe pas du tout. le lecteur scrute alors les visages aux traits appuyés des personnages pour essayer de se faire une idée du jeu qu'ils jouent, s'ils disposent de talents cachés ou non. Il suppute également à chaque apparition de monstre, s'il doit les prendre au premier degré, ou s'il est possible que ce ne soit que la projection de l'imagination fertile d'une personne bien partie dans sa tête et en proie à des hallucinations.

Les auteurs n'ont pas choisi la période du récit n'importe comment : en le plaçant à l'époque victorienne, ils jouent avec le refoulement des pulsions sexuelles, dans une société particulièrement stricte. le lecteur peut le voir dans les tenues vestimentaires austères, dans la première culotte de Daphne pour ses menstruations (une image aussi affligeante que chaste), ainsi que dans le comportement des individus. le lecteur peut voir le comportement, les attitudes, les postures d'Althea Byrne comme l'expression d'une forme de soumission aux normes sociales en vigueur concernant la position de la femme dans la société. Par contraste, Daphne refuse de se conformer, de se soumettre, et elle affronte l'expression explicite des désirs, les siens, comme ceux de certains hommes. Il est aussi possible de considérer cette histoire comme une sorte de thriller gothique, en essayant de devancer les manigances de madame Swathmore, en s'inquiétant pour le sort de Daphne Byrne et de sa mère.

Lura Marks et Kelley Jones réalisent une histoire d'horreur gothique conforme aux canons du genre, sous forte influence des EC Comics et de Bernie Wrightson. Prise au premier degré, l'intrigue s'avère agréable et divertissante. L'artiste fait preuve d'un savoir faire réel pour instiller des éléments macabres dans le récit, sans tomber dans la farce grotesque. La scénariste sait intégrer des éléments complémentaires à l'intrigue, tels que le caractère répressif de la société de l'époque, ou la place dévolue à la femme.
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