C'est en partant d'un bref échange dans le bus avec une anonyme admirant la rareté du physique « blond aux yeux bleus » de son bébé que l'autrice se souvient s'être interrogée, adolescente, sur les origines norvégiennes de sa mère née en 1944 et adoptée à deux ans.
La mère entama alors des recherches qui lui révélèrent qu'elle était une enfant victime du programme nazi des
Lebensborn, ces maternités allemandes destinées à développer la race aryenne dans les pays occupés.
Elle se lança ensuite dans un périple qui la conduisit en Norvège, sur la piste de sa mère biologique, une des nombreuses femmes à avoir accouché dans l'un de ces instituts. Grâce à ses recherches, elle retrouva également la trace de son père, un des soldats SS à qui
Heinrich Himmler avait demandé de séduire les femmes, pour faire naître des enfants aryens.
C'est l'histoire de sa mère et de toute sa famille norvégienne retrouvée que raconte l'autrice dans cette bande dessinée.
Les illustrations sont simples, dans le style dessin humoristique et en grande partie en noir et blanc. Seuls le personnage ou le lieu dont parle le texte sont colorés, comme un focus du texte vers l'image.
J'ai trouvé le sujet très intéressant mais j'ai regretté que le récit soit beaucoup plus centré sur la famille de l'autrice que sur la réalité de ces maternités fascistes qui ont vu naître près de 15.000 enfants pendant la Seconde Guerre mondiale.
Si la grande Histoire se nourrit souvent de petites histoires, la place que prend le cercle familial dans ce récit limite, de façon assez réductrice, la gravité de ce sinistre programme nazi.
Heureusement, le texte explicatif des dernières pages nous offre l'éclairage nécessaire sur ces institutions que ni l'Histoire, ni ce livre, ne dénoncent suffisamment.
Je reste sur ma faim en refermant ce roman graphique qui n'a fait qu'éveiller un intérêt chez moi, sans répondre aux interrogations qu'il a soulevées. Il ne me reste plus qu'à aller chercher ailleurs l'information que j'aurais aimé trouver ici et c'est un peu dommage.
Merci à Babelio et aux éditions Bayard Graphic' pour cette masse critique.