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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La culture, un outil pour dominer le monde ? le « soft power » vise à imposer au monde ses valeurs en propageant sa culture. Comment dominer ? En construisant une culture mainstream, grand public, populaire, universelle. Mais la culture universalisée, lissée, codifiée, mâchée et prédigérée, conçue pour divertir et réunir les personnes les plus diverses, ne s'oppose-t-elle pas à l'art, lequel se rapporte à un peuple lié par un territoire, une histoire et des valeurs communs ? le film hollywoodien et la pop music s'adressent à tous par leurs intrigues formatées et leurs rengaines recyclées qui divertissent. Mais sous le terme divertissement (entertainment) se cache plutôt la monopolisation du cerveau pour détourner de la réflexion et asseoir la culture américaine. Quant à l'art, il souffre d'une image trop intellectuelle et hautaine, comme si l'entertainment et l'art étaient opposés et incompatibles.

Comment les États-Unis ont-ils fait pour devenir mainstream ? Durant plusieurs années, Frédéric Martel a mené 1250 entretiens à travers le monde ; il a rencontré les acteurs de l'industrie du cinéma, de la musique, de la télévision, de la radio, du livre et du jeu vidéo pour expliquer comment les pays livrent leur bataille des contenus pour devenir mainstream.

La première partie est donc consacrée aux États-Unis. On parle pop music, chaîne de télévision, mais surtout cinéma : de la production hollywoodienne, partagée entre les majors et les labels pseudo indépendants, à la distribution par les multiplexes en passant par l'industrie du pop-corn et des sodas, au coeur du système.

On parle aussi des critiques qui n'assument plus leur rôle de critique : ils accompagnent la promotion par des textes tellement dithyrambiques qu'ils en deviennent banals : « la meilleure comédie romantique de l'année… absolument fabuleux ! hilarant ! »

En fait, le jugement disparaît au profit des classements et des box-offices pour légitimer le succès d'une oeuvre littéraire ou cinématographique. Cette tendance n'est pas seulement propre aux États-Unis, on la constate en France aussi ; pour cela, il suffit d'entrer dans une Fnac où sont exposées à l'entrée les « meilleures ventes », ou d'ouvrir un « journal » gratuit pour voir comment les « critiques » des journalistes sont utilisées pour la promotion du dernier film le plus extraordinaire de l'année.

Les États-Unis, leader en matière de contenus mainstream, ne sont plus les seuls. La Chine, avec 1,4 milliard d'habitants, représente le plus grand « marché » au monde, mais sa politique en matière culturelle est protégée à l'intrusion légale de contenus étrangers. Parmi les concurrents, l'Inde, avec 1,3 milliard d'habitant, tente d'exporter le cinéma bollywoodien ; le Japon, après la pénétration massive des mangas, s'exporte en Asie avec la J-Pop, tout comme la Corée du Sud avec les dramas et la K-Pop ; les telenovelas en Amérique du Sud et les feuilletons du Ramadan.

Tous ont compris le système : produire une culture divertissante aux histoires universalisées et simplifiées pour conquérir un grand public. La langue est également cruciale et les industries de la K-Pop l'ont bien compris : outre une campagne publicitaire adaptée à chaque pays d'Asie, les chanteurs enregistrent les tubes en plusieurs langues.

Depuis l'arrivée d'Internet, la géographie des contenus évolue rapidement. Les échanges ne se font plus des pays riches vers les pays en développement ; ces derniers assoient localement leur culture, comme la Chine ou l'Inde qui ont décidé de conquérir l'Afrique par leurs industries et leurs contenus. de nouvelles capitales culturelles font concurrence aux villes états-uniennes : le Caire, Dubaï, Hong Kong, Singapour.

Au coeur des échanges culturels, Internet apparaît pour les industriels américains comme une menace à la diffusion gratuite de contenus ; pour les autres, c'est une véritable arme de propagation pour gagner la guerre des contenus.

Et l'Europe ? Malgré une culture nationale féconde mais qui ne s'exporte pas, la seule culture commune aux Européens est celle des Américains. Grande importatrice culturelle, l'Europe, défenseuse de la « diversité culturelle », parvient à protéger sa culture, mais elle pourrait être noyée par la concurrence de part et d'autre du monde.

La suite de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/mainstream-frederic-martel-a80136690
Lien : http://www.bibliolingus.fr/m..
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Je ne suis pas habitué aux livres enquêtes produits par des journalistes. Pourtant, celui-ci m'a séduit. Il ne faudrait pas y chercher une enquête incendiaire contre un système à combattre. Ça n'est pas le propos.

L'auteur ne critique pas, il se borne à décrire et expliquer. Au fil de ses voyages et des interview de responsable de l'industrie culturelle à travers le monde, aux USA, bien entendu, mais aussi à Bombay, Séoul ou encore en Afrique, il s'intéresse aux jeux de pouvoir qui se trâment.

Les batailles culturelles autant qu'économiques se déroulent dur différents terrains, le cinéma, la télévision, la musique... Les stratégies de conquêtes se heurtent parfois à des différences culturelles importantes.

Les expériences incongrues finissent par remporter des marchés et devenir des majors. le blocages de différents marchés empêchent la victoire de l'hégémonie américaine en Chine, par exemple, les coûts de productions permettent la diffusion des telenovelas dans le monde arabe alors que la culture traditionnelle de la Corée du Sud permet a des dramas de se diffuser dans des milieux culturels opposés aux récits occidentaux.

Quelques touches d'histoires des médias nous permettent entre autres de comprendre comment se joue ce jeu, pourquoi certains pays restent à l'écart de l'invasion de la sortie culture US. le cas de l'Inde et de ses cultures cinématographiques est par exemple emblématique, avec sa construction d'un modèle qui lui est propre et tient à l'écart es grades productions occidentales, mais qui peine encore à s'exporter.

On peut parfois être un peu perdu dans des systèmes qui nous semblent si étrangers, mais la plume agréable de l'auteur nous permet tout de même de suivre.

C'est un livre particulièrement intéréssant pour ceux qui s'interrogent sur la lutte entre les softpowers.
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Un livre très sympathique pour comprendre comment fonctionnent les studios de cinéma américains. Je ne sais pas si le livre se veut subversif, en tout cas cela reste plutôt soft. Martel se contente de décrire ce business juteux, il nous raconte comment le cinéma est passé d'un modèle industriel local à des multinationales économiques internationales. Il explique pourquoi on mange du pop corn et boit du coca pendant une séance, ce qu'est le cinéma indépendant aux U.S.A, comment les studios essaient (désespérément ?) de s'installer en Chine et en Inde. Bien évidemment, il aborde des thèmes comme l'importation d'un modèle de culture américaine dans le monde. Comment l'Inde réagit face au modèle américain, comment réagissons-nous en Europe etc. Puis il traite également de la musique pop, de l'industrie du CD et du DVD, bref, pas mal de chose vu sous un angle très intéressant pour ma part.
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Cinq ans d'enquête, 1 250 entretiens à travers 30 pays et 150 villes. Découvrir ce qui fait qu'un film devient un blockbuster mondial. Comprendre pourquoi les États-Unis arrivent à inonder le monde avec leurs contenus. Et comment al Jazeera devient peu à peu un média mainstram pour le monde musulman. Alors que l'Europe de son côté peine à suivre la tendance et se replie tout doucement sur elle-même… Cinq ans d'enquête de Frédéric Martel pour appréhender l'économie des industries de contenus. Car on ne parle déjà plus d'industrie culturelle, à l'heure où tout devient immatériel, mais des contenus que l'on peut décliner sur différents supports à travers le monde.

Une enquête riche, objective et sans concessions sur l'état actuel de l'industrie des contenus (films, livres, télévision, radio, DVD, téléfilms, …). Vous ne trouverez pas dans ce livre de critiques du modèle américain. Ni une mise en avant d'une supériorité quelconque dans le domaine de la culture pour un pays. Ce livre ne dénonce pas le modèle actuelle, mais tente plutôt de comprendre les mécanismes qui sont en place, comprendre ceux qui sont en train de se mettre en place à travers le monde. Et comment cela pourrait évoluer dans les années à venir.
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/mai..
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En cours. Très intéressante enquêtes sur la culture mondiale, les différences profondes et les ressemblances... le lutte de pouvoir et les stratégies.
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petit pavé, quelques longueurs. mais j'ai apprécié que l'auteur se mette en scène et parle à la première personne tout en nous abreuvant d'infos incroyables sur la culture dans le monde entier. je dis pas que je me souviendrais de tout et que je pourrais régurgiter les détails sur les Emirats Arabes Unis ou le Brésil, mais j'ai appris pleins de choses et ça me sert pas mal dans mon boulot de bibliothécaire.
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Une analyse passionnante sur l'uniformisation des goûts.
Où il en ressort que les américains des États Unis, s'ils sont en avance pour imposer au reste du monde leurs productions cinématographiques, ne sont plus les seuls... L'Inde, la Chine ont, eux aussi, bien compris l'importance de la culture.
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