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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chanterelle-les-Bains, ça sent bon la destination de vacances, non ? Les doigts de pieds en éventail, l'amusement…

Non, oubliez cette destination pour vos futures vacances, sauf si vous voulez visiter la Lorraine industrielle et son ancienne raffinerie de sucre, qui, quand elle a fermé, a tué le village qui ne vivait que pour sa reine noire (le surnom de la haute cheminée).

Voilà une petite pépite noire qui prenait la poussière dans mes étagères depuis sa sortie en format poche. Mince alors, je ne me doutais pas que c'était un petit diamant brut qui me ferait passer un excellent moment de lecture.

"Si j'aurais su, j'aurais lu plus tôt" (Petit Gibus, sors de ma grammaire !). Imaginez un petit village, comme il en existe partout, avec ses commères, ses colporteurs de ragots, son esprit de clocher. Pas envie d'aller y vivre !

Comme dans un bon vieux western, deux hommes font leur entrée dans ce village qui est mort socialement. Si le premier laisse perplexe de par son habillement tout en noir, ses lunettes de soleil opaques (un gothique ?) et sa BM rutilante, le second qui porte un beau costume et roule dans une vieille Volvo, est reconnu tout de suite.

C'est Michel Durand, un ancien enfant du pays, de retour pour quelques jours au village. Il est psychiatre et tête sa pipe éteinte comme un Maigret, tout en s'aspergeant de parfum et de petrol-han. Il est flic et se garde bien de le signaler.

Dans ce polar noir à l'écriture serrée comme un café expresso, mais non dénuée d'humour (noir, bien entendu), on se demande bien qui sera le Bon, qui sera le Truand et qui jouera le rôle de la Brute.

Parce qu'ici, tout n'est pas tel qu'on nous le montre, qu'on veut nous le faire croire… Les apparences sont trompeuses. Voyez, Wotjeck, habillé comme un gothique, c'est un tueur sans scrupules (Le Truand ou La Brute ?) et pourtant, il aime les chats et ne brutalise pas les personnes atteintes de déficiences mentales. Serait-ce le Bon, alors ? un peu de tout à la fois ?

Quant au nouveau maire, c'est un magouilleur de première, oscillant entre le Truand et la Brute. Heureusement qu'il y a le flic, intègre et tout. Recherchant la justice pour la faire triompher, nom d'une pipe qu'il tète comme un petit veau au pis !

Ce polar noir brouille les pistes, mélange les cartes et il faut avancer dans le récit pour que le puzzle se mette en place et nous montre l'image complète. L'auteur a construit habillement son récit, donné un passé à ses personnages, leur a donné du piquant, du mordant et des casseroles aussi.

On pourrait se demander comment c'est possible d'avoir autant de personnages avec autant de casseroles au cul, un village avec autant de personnes pas nettes, cachant des sombres secrets peu reluisants.

Et puis, j'ai repensé que tous les pays en possédaient. Regroupés dans des hémicycles, vociférant, parlant pour ne rien dire, dormant, parfois, malgré la présence des chaînes de télé. Une belle bande de guignols avec des squelettes dans leur placard !

Anybref, même si l'auteur flirte avec la ligne rouge des stéréotypes réunis dans ce village (la bonne du curé, les joueurs de cartes, le flic, le tueur à gages, le politicien véreux, magouilleur, phallocrate à la main lourde, le manipulateur, les langues de putes, le gigolo, les femmes faciles, le chat cabossé, la jeune fille désespérée,…), le tout est présenté d'une telle manière que ça passe sans souci, tant l'humour et l'ironie sont présents, sans oublier les surprises d'un scénario qui n'ira pas là où on l'attend.

Voilà donc un excellent roman noir à la française, inattendu, un rural noir qui fleure bon le western, sans les duels dans la rue, mais avec des confrontations plus psychologiques, cachées, faites par des gens qui sont comme le dieu Janus, celui aux deux visages. L'un que l'on montre à tout le monde et le caché, qui doit bien rester caché !

Dans les non-dits, les lecteurs comprendront ce qu'il s'est passé dans l'envers du décor, qui est l'auteur des sabotages, qui tire les ficelles, qui ne veut pas être le pantin… Et surtout, qui sont les plus pourris dans l'histoire (ils sont nombreux).

J'espère juste que ce petit polar noir, aussi sombre qu'un café, mais avec moins d'amertume, ait bénéficié d'un bon succès, en librairie. On voit toujours les mêmes en tête de gondole alors que parfois, des petits romans sont de petites pépites noires, mais ne seront jamais mis sous les feux des projecteurs.

Moi, je me suis éclatée avec cette lecture !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Il était une fois, dans le village de Chanterelle, avant la crise, une raffinerie de sucre, qui employait la quasi-totalité du bourg. On l'appelait la Reine Noire, sa haute cheminée de l'usine était comme un phare pour toute la région. le conte de fées s'arrête là. Un jour, mondialisation oblige, l'usine est délocalisée en Indonésie. Depuis lors, les jeunes s'en vont chercher du travail ailleurs, et l'usine et le village se meurent lentement.
Seul le bistrot de la mère Paillet conserve un semblant d'activité, ainsi que l'auberge du vieux Joe, qui a du voir passer tous les couples illégitimes du village.

Un jour arrivent au village deux hommes au look diamétralement opposé. L'un a le style gothique, tout habillé de noir, les yeux cachés par d'épaisses lunettes noires, comme un masque de soudeur. Il conduit une luxueuse décapotable BMW dont s'échappent des accents de musique médiévale à plein volume. C'est Toto Wotjiek,qui traînait derrière lui une réputation de sale gosse, et a quitté le village il y a longtemps. Son père, un ouvrier polonais descendait un litre de pastis par jour, et sa mère contre une passe gagnait de quoi remplir la marmite. Il a fait fortune ailleurs, on ne sait où ni comment.
L'autre porte un costume de bon faiseur, le bouc bien taillé, les cheveux enduits de Pétrole Hahn, et il s'asperge abondamment d'Habit Rouge. Il s'appelle Michel Durand, il est flic et lui aussi a vécu son enfance à Chanterelle, où son père fut le dernier directeur de l'usine.
Peu après leur arrivée, des évènements étranges se produisent dans le village : poules égorgées, cimetières profanés… Jusqu'à la mère Lacroix, qui assassine sa fille débile avant de se donner la mort.
Il n'en faut pas plus pour que le village s'alarme et réclame un coupable. Toto Wojtiek est le bouc émissaire tout désigné. Son père, cet ivrogne de polack, ne tuait-il pas les chats ?
Toto Wojtiek et Michel Durand sont revenus au village dans un but bien précis. Tous deux ont des comptes à régler avec leur passé et la Reine Noire. En habiles manipulateurs, ils placent leurs pions en de subtils gambits sur l'échiquier de Chanterelle où trône la Reine noire, promise à une prochaine démolition.
Dans le bistrot de la mère Paillet, autour du comptoir, les commérages vont bon train entre les pochetrons du coin, prompts à passer de l'invective à la flatterie et la servilité.

Et au fur et à mesure de l'avancée du récit, se font jour toutes les lâchetés, les compromissions, les secrets gênants que l'on étale maintenant au grand jour.
L'intérêt de ce roman réside surtout dans son duo de héros qui sortent vraiment de l'ordinaire, un flic et un tueur vraiment à contre-emploi, où le méchant n'est pas toujours celui que l'on attend. Les personnages secondaires, comme Marjolaine, la mère Lacroix, Joe, ou Milos, le fils du maire Spätz, sont d'une réelle épaisseur, et contribuent à donner du corps au récit.
La narration est fluide et le récit habilement structuré. Malgré la noirceur et la violence qui habitent ce roman, l'auteur se laisse aller par moments à un style plus gouailleur qui contribue à alléger l'ambiance délétère de suspicion qui plombe toutes les pages.
Dans un environnement social glauque, en pleine décomposition, un univers aux limites étriquées, Pascal Martin orchestre à merveille ce duel entre deux hommes que tout sépare, jusqu'au dénouement, pas très moral, mais tellement légitime.
Il signe là un roman social d'un réalisme brut. Noir, machiavélique et violent, c'est une belle lecture, que je vous recommande.
Éditions Jigal, 2017

Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Une ville qui décline suite à l'arrêt de sa seule usine.
deux hommes reviennent au pays : l'un tout de noir vétu plutôt louche et l'autre costard cravate.
l'un est tueur l'autre et flic ; mais que cherchent ils .
Les 2 hommes vont rester dans le village plusieurs jours rencontrant les habitants tous assez atypiques.
Les dialogues sont assez crus on se demande où l'auteur nous amène mais on se laisse guider et c'est assez agréable
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"L'usine qu'on appelait autrefois "la Reine Noire" n'était plus qu'une carcasse de ferraille, un vieux cadavre décharné." Elle faisait vivre Chanterelle. Aujourd'hui, elle est fermée. Elle a entraîné dans sa déchéance les habitants de ce village lorrain, le laissant sans avenir et désespéré.
Deux personnages vont refaire surface dans ce Chanterelle lugubre, surplombé par la grande cheminée de la Reine Noire. le premier est Antoine Wotjeck, un tueur professionnel, dont le père a été retrouvé assassiné entre les murs de l'usine. Certains habitants le reconnaissent et les rumeurs vont bon train : il est certainement venu se venger. Les bruits s'amplifient davantage lorsque surviennent des événements inattendus : des poules égorgées, un cimetière profané, un suicide, des meurtres. Tous en sont persuadés : Wotjeck est forcément le coupable.
Deuxième personnage qui revient à Chanterelle : Michel Durand, flic d'Interpol, et fils de l'ancien directeur de la raffinerie. Son père a été évincé de son poste par Spätz, l'actuel maire du village. Lui aussi désire se venger, mais il est revenu sous une autre identité pour enquêter sur un tueur à gages qui aurait été engagé pour tuer Spätz. 

Le troisième personnage central, et certainement le plus important de l'intrigue, est la Reine Noire, qui plonge les habitants dans une morosité permanente. 


"Il expliqua qu'autrefois la raffinerie était comme une grosse araignée insatiable. Les enfants de Chanterelle naissaient sur son ventre et crevaient entre ses pattes. Maintenant qu'elle était morte, les gens du village erraient à ses pieds comme des fantômes tristes et désemparés." (page 43).


La Reine Noire, c'est également une histoire de vengeances. Wotjeck et Durand ont tous deux des ressentiments profonds contre Spätz, l'ancien directeur de l'usine et maire actuel de Chanterelle. Et même la Reine Noire nourrit un sentiment de vengeance, selon les dires d'un habitant du village :

"— Nous, on est coincés ici. On crève de mort lente.
Comme si la Reine Noire avait voulu se venger. 
— Se venger de quoi ?
— Dans le temps elle nous faisait vivre.
Elle ne nous a pas pardonné de l'avoir laissée mourir." (page 69)

Le face-à-face entre Wotjeck et Durand, deux hommes que tout oppose (fils d'ouvrier et fils de directeur), promet...

Ce roman noir se lit facilement, il est très réaliste, il comporte des dialogues crus et un très bon humour noir ! Les chapitres sont courts, l'intrigue est très bien rythmée, le personnage de Wotjeck est intéressant et attachant. Est-il celui qui sème la mort dans le petit village de Chanterelle ? Ce sera à vous de le découvrir ! Enfin, le personnage de Marjolaine, la serveuse du bar du village, est aussi très intéressant de par son envie de construire sa vie ailleurs.

En bref, La Reine Noire est un roman noir réaliste, à l'intrigue bien rythmée, aux dialogues crus et à l'humour grinçant. le village de Chanterelle, ses rumeurs et ses secrets, l'ambiance morose, la Reine Noire et son emprise, le personnage de Wotjeck sont véritablement les points forts de ce roman. Par ailleurs, l'auteur rend mine de rien un bel hommage aux femmes... pour le découvrir, il vous suffit de lire La Reine Noire et son dénouement détonnant...
Lien : http://lesmotsdejunko.blogsp..
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