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EAN : 9782377221387
232 pages
Jigal (25/09/2021)
4.27/5   22 notes
Résumé :
Elle s’appelle Romane, elle est Gitane. Dans cette brasserie parisienne, elle vient de flinguer un sale type d’une balle en pleine tête. Lui, c’est Rio, il venait juste de prendre sa défense face aux gifles de ce mec. C’est là qu’elle l’a pris en otage, enfin presque… Et que tout a commencé ! Il est enquêteur pour les assurances. Elle, elle se débrouille comme elle peut… Et plutôt bien. Mais quand le temps vire à l’orage, ils décident ensemble de décamper au plus vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Bon... le titre n'est pas engageant... Mais ma libraire m'a si bien recommandé ce polar que je l'ai pris et lu dans la foulée pour profiter de cette IMMENSE BOUFFÉE D'OXYGÈNE, celle promise sur la couverture. J'ai trouvé dans ce roman atypique : adrénaline, inventivité de l'écriture, surprise d'un scénario qui détonne, énorme cri d'espoir et de liberté. de l'oxygène à pleins poumons !

Le titre ? Une simple référence à une expression gitane, l'insulte suprême pour un Gitan, celle que l'on envoie à la figure de celui qui renie ses ancêtres. Romane, la passionaria manouche déjantée du récit, l'utilise souvent quand elle dégage du terrain les brutes qui ont massacré son enfance, lorsqu'elle vivait dans le camp des Savic. Ne pas chercher ici une étude fine sur la communauté des gens du voyage... Il y a deux clans ennemis, celui des Savic et celui des roumains, tirant leur revenu d'un catalogue de délits allant de la mendicité jusqu'à la vente d'arme.

Rio Capo Ortega est un agent de la société ALFA, Agence de Lutte contre les Fraudes à l'Assurance. Il vérifie s'il n'y a pas tricherie et si le lésé a bien droit à des indemnités. Oui, ça existe ce type d'enquêteur, j'en ai rencontré un une fois, qui était également un gentil garçon. J'espère qu'il n'a pas connu une destinée aussi mouvementée ! Célibataire, Rio mène une vie sans surprise, parfaitement ennuyeuse mais qui lui convient. La seule aventure qu'il se permet est de trouver un nouveau restaurant le vendredi soir.

La rencontre de Rio et de Romane n'a rien de conventionnel. Jugez-en ! Il dîne dans ce nouveau restaurant alors qu'à la table d'à côté est installé un homme plutôt âgé et une jeune femme. L'homme frappe celle-ci à plusieurs reprises. Il s'agit de l'héroïne du livre, Romane, que le lecteur va suivre à partir de ce moment fondateur. Rio s'interpose timidement « Excusez-moi, monsieur, je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais on ne frappe pas une femme comme ça ». Aussitôt l'homme se lève et le bouscule violemment. Romane sort un révolver, abat l'homme puis entraîne Rio dans les rues. En quelques minutes la vie bien réglée de l'enquêteur d'assurance prend un tour imprévu. Un couple improbable se forme. Va-t-il la dénoncer et reprendre sa vie d'avant, continuer à être sous la coupe de mademoiselle Dercourt, celle qui, au retour de ses missions professionnelles, épluche ses notes de frais avec suspicion ? Ou bien va-t-il se retrouver en cavale comme Bonnie and Clyde ?

Est-il vraiment l'otage de Romane lorsqu'ils se réfugient dans son appartement ? Rio est vite subjugué. Elle est jeune, belle et il a tout d'un coup le sentiment d'exister. Ils sont pistés par les schmitts. Les schmitts ce sont les policiers. Rio et le lecteur également, vont devoir s'habituer au sabir gitan qu'elle emploie. Cela reste facile à comprendre et colore parfaitement le récit comme le « va criave tes moulos », traduit dans le titre. Pas besoin de lexique comme dans certains livres et en plus les expressions fleuries, grivoises passeront plus facilement pour certains. Et ils sont vraiment michto, Romane et Rio...

J'aime beaucoup les récits qui intègrent ainsi la parole de l'autre dans sa langue à lui. Je trouve que cela raconte quelque chose de la rencontre, de la confrontation avec une culture nouvelle vers laquelle il faut faire l'effort d'aller. Je pense ainsi, par exemple, au roman Les mots étrangers de Vassilis Alexakis, lui qui écrit si justement : « Les mots étrangers ont du coeur. Ils sont émus par la plus modeste phrase que vous écrivez dans leur langue, et tant pis si elle est pleine de fautes. »

Un récit court, concentré, rythmé jusqu'à la page finale, peu littéraire mais exprimant bien l'urgence de la fuite et le désir de vivre, communicatif, de la jeune femme, sorte de MeToo gitan – version polar bien sûr... La vie actuelle, Facebook, les sugar babies sont aussi du voyage, indiquant un auteur instillant du fond derrière le divertissement. Pour moi, la révélation d'un petit chef-d'oeuvre dans le genre. Merci à cette jeune libraire de m'avoir mis dans les mains ce roman devenu, après une lecture enfiévrée ponctuée d'éclats de rire, un de mes essentiels, de ceux que je suis ravi de chroniquer.

Pascal Martin est un journaliste et écrivain français né le 7 décembre 1952 en Seine-et-Oise et mort le 30 juillet 2020 au Porge (Gironde). Il a eu de multiples vies, de quoi alimenter sa plume. Il a parcouru le monde, réalisant des enquêtes pour la télévision sur des sujets variés : la guerre à Beyrouth, le trafic de squelettes à Calcutta, l'arrivée au pouvoir de Khomeiny. Il a collaboré pendant une dizaine d'années à Envoyé Spécial. En 2015, il lance sa série de livres le monde selon Cobus. Depuis 2017 il s'était essayé au polar : La reine noire, L'affaire Perceval. Un peu plus d'un an après sa disparition, les éditions Jigal publient son dernier titre : un pied de nez à la mort et jusqu'au bout une révérence à la liberté. Chapeau l'artiste !
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Un dernier roman, véritable ode à la vie, pour cet auteur nous ayant récemment quitté et que je découvre avec Va manger tes morts.

Un véritable coup de poing, une lecture qui vous bouscule. Va manger tes morts est une histoire comme on en trouve trop peu. Dans ce roman noir, tout commence par une scène ordinaire, Rio Capo Ortega, comme chaque vendredi soir, déguste un excellent steak dans une brasserie parisienne. La vie de cet enquêteur en assurance est réglée comme une horloge. Mais, en cette soirée ordinaire, à une table voisine, un sale type, cogne violemment la jeune femme avec qui il partage son repas. Pourquoi Rio s'en mêle, nul ne le sait. Il ne fait malgré tout pas le poids et sera à son tour sauvé par la jeune femme, tuant l'agresseur d'une balle dans la tête devant tout le monde.

L'enquêteur à la vie si posée d'habitude, se retrouvera en cavale, accompagné par la tueuse. Seulement nos décisions prises parfois en quelques fractions de secondes peuvent avoir des conséquences énormes sur nos vies…

Véritable ode à la vie, ce récit nous donne envie de nous échapper de nos quotidiens bien rythmés. Il nous fait voyager, nous donne à réfléchir et nous fait découvrir une culture mystérieuse, celle des Gitans. En effet, Romane, la jeune tueuse, est une Gitane au langage bien particulier. Michto, bicrave, chlof, courave, gadjo, tikno… et en leitmotive Va criave tes moulos, ne sont qu'un petit échantillon du vocabulaire de Romane. Un roman quasi bilingue.

Va manger tes morts est une véritable aventure littéraire. Un roman plaisant à lire, mais avec un fond très dur mêlant traite humaine, violence extrême, règlement de compte. Parfois, suivre son instinct, ne pas prendre le temps de réfléchir à ses actes, fait exploser nos petites vies pour le meilleur ou le pire…

Pascal Martin nous aura quittés en laissant en héritage un récit débordant de vie.

Un grand merci à Jimmy Gallier et à Jigal Polar.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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Le titre m'a tout d'abord intrigué, presque hanté… je voulais savoir à quoi il pouvait bien correspondre. Et bien ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais…
Un divertissement, un bon moment de lecture, sans plus…

Je n'ai pas réellement accroché à cette histoire, je me suis presque ennuyé… (il faut dire je venais juste de finir un Stephen Kingaprès cela, difficile d'être prise dans un roman… enfin, bref… difficile d'être à la hauteur du grand maître, mais ça, c'est une autre histoire.)

Romane et Rio seront vite oubliés pour moi.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Rio Capo Ortega contrôleur pour une agence de lutte contre la fraude à l'assurance mange tranquillement son assiette dans un restaurant lorsqu'une femme se fait gifler à plusieurs reprises par l'homme avec qui elle est attablée. A la gifle de trop Rio se lève et intervient, l'homme lui rentre dedans et la femme tire une balle en pleine tête de son agresseur. Elle prend ensuite son « sauveur » en otage pour fuir.

La femme, c'est Romane une gitane pur jus. Après le choc, le refus et les doutes, ensemble avec Rio ils vont finir par devenir les « Bonnie & Clyde » du moment.

Utilisant avec malice le langage gitan à travers Romane l'auteur nous raconte l'histoire de son parcours chaotique.

Pascal Martin nous lègue Va manger tes morts, son dernier livre. Un moment emprunt de violence et de liberté.
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Pascal Martin, dont j'ai ici chroniqué pas mal de romans, a écrit avec Va manger tes morts son dernier, il est décédé en juillet 2020. Et avec tout le respect que je dois à l'auteur décédé, je me dois de dire qu'il fait encore mouche et avec talent. Son histoire, pas banale, notamment parce que Romane s'exprime dans une langue qui emprunte à l'argot au parler gitan, au langage du moment des jeunes et a recours à des expressions très personnelles, ce qui fait qu'elle est parfois un peu hermétique : "Au fil du temps, Rio s'était habitué aux répliques nébuleuses de Romane. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elle disait, ni le sens des mots qu'elle employait, mais on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles." (p.143) Si pour le lecteur, le début peut paraître abscons, la gouaille, l'entrain de la jeune femme emportent tout et on se fait même à son parler d'autant plus que parfois, Rio traduit pour lui-même et donc pour nous.

La cavale de Rio et Romane ne sera pas de tout repos, dès qu'un danger paraît passé, un autre surgit : "Cette histoire était comme une poupée gigogne. Chaque fois qu'une vérité apparaissait, il y en avait une autre cachée à l'intérieur. Un vrai théâtre d'ombres." (p.202) On se demande même jusqu'au bout s'ils s'en sortiront et si oui, comment, mais rien de ce que l'on peut envisager ne se déroule vraiment, c'est Romane qui décide de tout et qui surprend tant Rio que nous-mêmes.

Un polar rapide, vif, dynamique notamment grâce aux dialogues et à la quasi hyper-activité de Romane à laquelle il est difficile de résister. D'ailleurs pourquoi résisterait-on lorsque se propose à nous un excellent roman noir ?
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Au fil du temps, Rio s’était habitué aux répliques nébuleuses de Romane. Il ne comprenait pas toujours ce qu’elle disait, ni le sens des mots qu’elle employait, mais on peut aimer la musique d’une chanson sans en comprendre les paroles. Elle parlait un drôle de sabir, un mélange du langage des jeunes d’aujourd’hui et de mots gitans. Un charabia qui lui ressemblait.
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Un quart d’heure plus tard, ils roulaient sur les petites routes boisées de la Vienne, direction les Charentes. Les champs exhalaient des odeurs sucrées et ils voyageaient fenêtres ouvertes, cheveux au vent.
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Mais jamais il n’était arrivé à vaincre cette phobie qui l’avait poursuivi tout au long de sa vie : la peur de l’abandon. Elle suscitait chez lui une panique totalement irrationnelle contre laquelle il était incapable de lutter. Pour la museler, il avait choisi une solution simple et radicale : vivre seul, replié sur lui-même, coupé des autres. Lorsqu’on vit seul et muré, on ne risque pas d’être abandonné.
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Elle pianota sur la télécommande et jeta son dévolu sur un téléfilm érotique qu'elle trouva sur une chaine allemande, l'histoire navrante d'un plombier et d'une ménagère désœuvrée.
- Tu aimes ce genre de film ? demanda Rio.
- Ziv' ! Ça me fait baver la schneck.
Bon ! On faisait plus élégant, mais Rio avait l'habitude. Ils mirent peu de temps à démarrer un chantier.
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Aller trouver les flics, bien sûr que c’était ce qu’il devait faire... Il en était tellement persuadé qu’il passa devant le commissariat sans s’en apercevoir.
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