Hm, il est plutôt curieux que ce soit la dernière nouvelle du recueil qui lui donne son titre. Elle est celle qui m'a le plus plu, car aussi la plus classique, et disons la plus "morale"; les autres le sont beaucoup moins et peuvent faire lâcher prise à des lecteurices peu persévérant.es!
On commence avec par "La croix et le dragon" (1978): dans un monde extra-terrestre, Damien, un inquisiteur poursuit les hérésies, dont une amusante relecture du mythe d'un Judas Iscariote maître des dragons, avec une réflexion sur la désillusion, les mensonges, la foi. Pas inintéressant, mais poussif.
Aprevères ( 1977): dans un monde où l'hiver règne... une adolescente perdue loin de son clan arrive dans une sorte de grotte métallique où Morgane, une femme, l'abrite et fait d'elle son amante dans les étoiles; mais Shawn découvrira la vérité. Une ambiance assez hippie et LSD dans cette nouvelle, si on aime le style ça passe. Hé, il paraît qu'il fait froid à Woodstock en hiver!
Dans la maison du ver (1975): c'eest loooong, c'est long! dans un monde en décadence, un jeune gandin parti se venger d'un dur à cuire qui s'est moqué de lui ( pas sûr qu'on parle d'humains) erre dans des souterrains dangereux peuplés de grouns... Pour les amateurs de survival claustrophobiques, style poursuites de zombies dans les égouts et les caves XD
Vifs-amis ( 1973): Les sombres sont de dangereuses entités spatiales qui donnent des "vifs amis" lorsqu'ils fusionnent avec des humains.... Brand, un type qui a reculé par peur devant cette fusion poursuit son amante devenue une "vive-amie".. On ne demande qu'à trouver ce type sympathique... mais décidément bof, sans compter le personnage de l'"ange" qui lui sert de poupée sexuelle gentiment décérébrée... scénaristiquement utile mais douteux quand même.
La cité de pierre ( 1974): un équipage de vaisseau échoué sur une planète a renoncé à tout espoir d'en partir. On suit les journées de Holt, qui essaie d'avoir un poste sur un vaisseau de n'importe quelle des races y habitant et vit de rapines en attendant... Long aussi et désespérant malgré une fin très ouverte.
La dame des étoiles (1973): Janey, une jeune touriste en goguette dans un bidonville de l'espace est contrainte de devenir prostituée pour Hal le poilu après s'être faite détrousser. Son mutique compagnon, le Môme d'or, est son unique raison de tenir sur le Caillou... C'est noir et violent, si vous aimez la décharge de Kuzutestu dans Gunnm vous serez en terrain connu, et si on veut rester sur du Georege R R Martin, Janey qui apprend peut faire penser à Arya Stark qui apprend... Moins contemplatif, poussif et abscons que les précédentes nouvelles.
Les Rois des sables (1979): point de fier guerriers bédouins de fantasy mais
Kress, un riche sadique se complaisant à posséder des espèces exotiques et dangereuses, qui acquiert des rois des sables, une sorte d'insecte combattant. La vendeuse le prévient de bien les nourrir, mais il va les gérer à sa manière... le thème de la personne qui achète un être vivant étrange, enfreint les règles de son entretien et où tout dégénère, est un grand classique du fantastique, voir de l'horrifique. Là c'est traité de manière presque baroque, peut-être un peu longuet, mais le jeu de massacre/descente aux enfers fait partie du charme de ce type de récit! Il y a un léger parfum de le portrait de Dorian Gray avec l'effigie de
Kress par
les Rois des sables qui se déforme au fur et à mesure qu'il maltraite ses insectes... Gore et marquant bien plus que les autres nouvelles, l'avoir mis à la fin n'est pour moi pas un choix très judicieux!
Ces nouvelles sont pratiquement toutes de la science-fiction, sauf éventuellement
Dans la maison du ver, et parfois reliées les unes aux autres via des noms de planètes qui reviennent: clairement l'espace de Holt et celui de Janey est le même... Les thèmes du mensonge, de l'illusion, de la déformation de récits anciens, de la confusion, sont importants et récurrents, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai trouvé certains passages très abscons. Les femmes sont plutôt coriaces et pas potiches, c'est appréciable, les univers sont riches d'un luxe de mots exotiques comme de noms d'extraterrestres, aux belles sonorités, parfois un peu trop, ça peut saoûler : la nouvelle
les rois des sables est plutôt sobre dans ce domaine, peut-être cela joue-t-il aussi en sa faveur?
Enfin bref, c'est loin d'être déshonorant, mais je n'aurais clairement pas mis les nouvelles dans cet ordre, et puis j'avoue que chez moi trop d'exotisme tue l'exotisme... Donc pas été emballée, j'ai refermé le livre sans trop de remords!