George R.
R. Martin est un auteur prolifique mondialement connu.
Dans la maison du ver est l'une de ses nombreuses nouvelles, publiée initialement dans le recueil
Les rois des sables, avec la nouvelle éponyme multiprimée.
J'ai pour ma part découvert ce texte avec la récente et belle édition de Pygmalion.
Nous suivons le parcours initiatique du jeune Annelyn dans les tréfonds d'un monde agonisant.
La forme est celle du conte. le genre est un mélange improbable de fantasy, de science-fiction et… d'horreur ! Fantasy pour la structure du récit, pour la typologie des personnages et leurs rôles, pour l'univers tinté de médiéval.
Science-Fiction pour l'absence de magie (il y a de la technologie mystérieuse et ancienne), pour le contexte post-apocalyptique, pour le thème de la planète mourante.
J'ai peu accroché avec ce récit étrange, qui néanmoins se lit très facilement.
Le style est d'ailleurs trop simple, c'est le premier aspect qui m'a sauté aux yeux. Les dialogues font très roman jeunesse. La narration aussi d'ailleurs, qui décrit en long et en large la progression des personnages dans le dédale de ce monde souterrain. Globalement j'ai trouvé l'écriture un peu limite. Peut-être un problème de traduction.
En points positifs, j'ai apprécié le world building, excellent et original. « Enterrer » des chevaliers, fallait oser ! Mais au-delà des aspects vestimentaires étranges, l'univers est riche, assez cohérent, et très bien rendu (avec le bémol que la vie quotidienne concrète est largement passée sous silence). La tonalité horrifique en seconde partie est particulièrement réussie. J'ai aimé le développement des légendes, de l'homme-ver, et de la race des Grouns.
Ce qui m'a surtout décontenancé :
- On peut découper le récit en deux grandes parties, à l'issue de chacune desquelles le héros combat son ennemi : le « viandard ». Or il y a une rupture complète dans la tonalité, la gestion des personnages, et le type de récit de ces deux parties. Pour donner un exemple, l'aspect naïf et ado de la première partie ne colle pas du tout avec la noirceur de la seconde.
- L'intrigue est à mon sens problématique, car l'essentiel des réponses aux nombreuses questions que se pose le héros, et par son entremise le lecteur, est donné à l'issue de la première partie… La seconde partie n'est qu'une longue et lente mise à l'épreuve du héros destinée à faire évoluer son point de vue.
- le dénouement est logiquement fade puisqu'on n'apprend rien de plus.
Une lecture plutôt décevante pour ma part, donc.
Un récit que je rapprocherais de
Roche-Nuée, avec lequel il présente de nombreuses similarités. Outre une réédition également récente et illustrée (chez Scilla), cette novella de
Garry Kilworth est aussi un conte au background original et soigné. Les deux histoires sont basées sur le parcours initiatique d'un héros. Les deux histoires exploitent intensivement le thème du personnage difforme, quoiqu'il s'agisse du héros dans un cas et de l'ennemi dans l'autre. Plus étonnant encore, les deux histoires développent le thème de la confrontation entre races concurrentes.
Roche-Nuée, qui m'avait moyennement enchanté, reste à mon avis un ton supérieur à la nouvelle de George R.
R. Martin, ne serait-ce que par la consistance du récit et sa structure régulière.
Si aimez le cocktail un peu bizarre SF-fantasy-quête-postapo-souterrain-worldbuilding-horrifique, essayez-donc aussi
Metro 2033, de
Dmitry Glukhovsky. Il y a un peu plus de pages, mais cela pourrait vous plaire…
Indépendamment des défauts que j'ai pu lui trouver, je dirais que cette nouvelle est tout à fait conforme aux thèmes propres à l'auteur, d'après la petite recherche que j'ai faite à son sujet sur Internet.