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Sur le porte-bagages du facteur Joigneau vous allez faire le tour de Maupeyrou, village campagnard. Vous rentrerez dans les maisons et les commerces pour y voir surtout les vices des habitants. Remarquez bien, le père Joigneau, calculateur et hypocrite, n'a rien d'un ange lui non plus.
Un tableau vivant digne d'Albert Dubout avec des accents de Marcel Aymé va s'offrir à vous.
Après avoir lu la grande fresque familiale, Les Thibault, ce court roman est une surprise. Je ne soupçonnais pas l'auteur d'avoir ce ton sarcastique.
Cent cinquante pages de pur bonheur où Roger Martin du Gard dévoile son absence d'illusion sur la nature humaine. Personne n'est épargné.
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Embarquement pour une tournée jubilatoire et grinçante dans les pas du facteur du village : si ce dernier est riant et bucolique à souhait, il n'en est pas de même de ses habitants, archétypes de la France rance, mesquine, égoïste, violente, obsédée par l'argent.
L'auteur des Thibault, fin observateur de son temps, n'épargne personne et se régale à peinturlurer de noirceur ses compatriotes ruraux et leur farouche détermination à ne pas rentrer dans le nouveau siècle.
C'est drôle, méchant, cynique: j'ai adoré!
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Cela commence comme dans un film de Jacques Tati où le facteur du village fait sa tournée de distribution du courrier. Mais la "Vieille France" de Roger Martin du Gard fait aussi penser aux photographies d'Henri Cartier-Bresson sur la vie quotidienne des années 1930 ou plus récemment à celles de Raymond Depardon.
J'ai choisi par hasard ce roman du dernier prix Nobel de littérature français que je n'avais pas lu alors qu'il l'a obtenu en 1937. Je suis enchantée de ce choix, pour avoir fait le tour des habitants de Maupeyrou dont j'ai lu que le village existait réellement dans le Puy-de-Dôme.

J'aime beaucoup les chapitres courts qui présentent chaque famille, chaque maison et commerce du village où tout le monde se connaît et se regarde souvent en chien de faïence. C'est joigneau, le facteur anticlérical que l'on suit durant une journée, qui fait les présentations. Sur son vélo, accompagné de ses deux épagneuls, il donne les lettres et récupère celles à envoyer mais comme il les ouvre en cachette il sait ce qui se passe dans chaque foyer. Ils ont tous des choses à cacher ou des comptes à régler et si le facteur a plutôt grand coeur il participe à certains arrangements intéressés.

C'est l'époque où les opinions de gauche et de droite sont clairement revendiquées et où les séquelles de la première guerre mondiale touchent bon nombre d'habitants comme les veuves et les pensionnés qui ne s'entendent pas toujours bien. Et puis, il y a les jeunes qui ne veulent plus exercer des métiers éreintants des anciens (on découvre le charron, le savetier, le fossoyeur...) et quitter cette campagne retardée pour aller en ville.
Cette "Vieille France" est ce qu'on appelle la France profonde qui ne fait pas regretter le passé.


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Du Gard je ne connaissais que le département et son pont, maintenant j'ai découvert son formidable auteur éponyme !. de la belle écriture, rien à redire, c'est pas pour rien qu'on obtient le Nobel de littérature.
Et un roman qui nous fait retrouver le quotidien d'un village de cette France rurale d'entre deux guerres, à travers la tournée de son facteur. Un facteur qui détient tous les secrets, mesquineries et vices des habitants, qu'il traite comme ses administrés. Manipulateur même machiavélique, comme il distribue son courrier, il colporte des messages pour informer et désinformer au gré de ses humeurs et de ses bonnes et mauvaises intentions. Au final, c'est un délice de découvrir les turpitudes de tous ces personnages occultant le côté obscur de leur personnalité et leurs obscures intentions, l'hypocrisie d'interactions à la sous-jacente malveillance et ce chef d'orchestre en képi à cocarde....en un mot tout ce qui fait société, comme un tableau de Brueghel l'Ancien.
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"Vieille France" (1933) de Roger Martin du Gard n'est ni une nouvelle
ni un vrai roman, rien de plus que l'esquisse des premiers chapitres
d'un futur roman jamais achevé.

Dans "Vieille France", Martin du Gard décrit une journée de la vie d'un
facteur de village. Devant nous se déroule une galerie de portraits,
ceux villageois et de leurs caractères . Ils sont très typiques,
reconnaissables. La création de telles oeuvres est la critique sociale la
plus efficace. du facteur corrompu Joigneau et du patron du café où la
gauche a l'habitude de se retrouver, on passe au noyau dur de la droite
qui se retrouve chez le coiffeur. le lecteur découvre également la vie
de trois veuves de militaires, d'un rentier, des boulangers, d'un
épicier et de bien d'autres.

L'histoire m'a rappelé certains romans de Marcel Aymé, comme "La Jument
verte". En général, les descriptions de la vie rurale qui font mouche
sont tout à fait dans l'esprit d'Aymé en tant qu'écrivain excentrique.

Mais "Vieille France" semble plus un brouillon qu'un vrai roman. Cette
histoire est comme une promesse non tenue.
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"Vieille France", roman écrit en 1933 par Roger Martin du Gard, prix Nobel de littérature 1937.

Ce roman, au style exemplaire, est un petit bijou de cynisme. Il en est désespérant. Il fait mal. Roger Martin du Gard retourne le couteau dans la plaie et nous présente un village français où chacun est pire que son voisin.

Ceux qui avaient encore un idéal, ont abdiqué face au cynisme et aux magouilles des autres. Ce village désespérant nous est présenté via les tournées et les combines de Joigneau, le facteur.

C'est un roman très bien écrit, mais au cynisme quasi insoutenable.

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Dès potron-minet, Joigneau se lève, s'habille en vitesse puis abandonne sa femme Mélie nonchalamment allongée dans le lit conjugal. C'est qu'il a des responsabilités, Joigneau ! Il est le facteur du village de Maupeyrou et sa journée de travail débute par la réception du courrier à l'arrivée du train en gare, sise en dehors du bourg.

En traversant la place, il rencontre Féju, le cantonnier, passe devant la boulangerie tenue par les frères Merlavigne, deux vieux garçons, puis il attend l'arrivée du wagon en compagnie de Flamart, l'homme d'équipe, avec lequel il déjeune de sardines étalées sur un morceau de pain. Et Flamart a un service à lui demander.

Le courrier réceptionné, il faut rentrer à la poste, puis apposer au dos le timbre à date du jour (d'où l'expression le cachet de la poste faisant foi), classer les plis, lettres, journaux et autres, avant de partir en tournée. Mais surtout mettre de côté les lettres dont le contenu pourrait être intéressant. Car il est curieux Joigneau, et il aime s'enquérir des petits secrets de ses concitoyens. Il lui arrive aussi d'écouter les ragots, d'être le confident des uns et des autres, de jouer les entremetteurs dans des conflits délicats, de rendre de petits services. Non sans se faire rétribuer d'une façon ou d'une autre, en piécettes, en liquide ou en nature.

C'est ainsi que nous le suivons tout au long de sa tournée, en savourant une chronique villageoise, avec pour guide touristique, pour conférencier même, ce préposé à la distribution comme l'on appelait encore les facteurs. On fait la connaissance d'Ennberg, l'instituteur marié et père de famille qui cumule la fonction obligée de secrétaire de mairie, de sa soeur qui elle aussi fait la classe, des punaises de tabernacle, du bistrotier, de la femme de Flamart qui tient un petit établissement et qui est réputée pour recevoir des clients particuliers de temps à autres, du curé et de sa soeur, et de quelques autres villageois.

Le vieux débris, officiellement monsieur de Navières, souhaite offrir à un musée ses vieux objets auxquels il attache beaucoup d'importance mais ne sont que des reliques sans valeur. Il lui remet une lettre à poster. Joigneau s'arrange une fois de plus pour récupérer un modeste gain, on n'a rien sans rien. Mais monsieur de Navières est sans le sou, et il rêve à un régime politique comme en Russie. Plus besoin d'argent, l'état pourvoie à tout.

Et puis, pour finir en beauté la journée, ou presque, les gendarmes arrivent pour régler une sombre affaire dans laquelle les Pâqueux seraient impliqués. Il est reproché au frère et à la soeur de séquestrer leur père, à moins qu'ils ne l'aient tout simplement transformé en pâture pour les vers.



Une journée dans la vie d'un petit village, tel est le propos de ce roman qui se décline comme des vignettes juxtaposées, le facteur rural servant de trait d'union. Une facétie qui mêle humour et ruralité mais dont le propos est plus profond qu'il y paraît.

Lorsqu'il écrivit ce roman, Roger Martin du Gard était au bord de la faillite, ce qui explique peut-être cette diatribe contre l'argent et en même tant le besoin d'en posséder.

Comme dans toutes les petites communes de France, les idées politiques sont partagées entre réactionnaires, socialistes, voire communistes, bigotes et ce mélange entraîne parfois des tensions, ou à tout le moins des jalousies et des ressentiments. Et souvent tel est pris qui croyait prendre.



Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Nous sommes à la fin des années 20 (au 20ème siècle) dans un petit village du sud de la France, Maupeyrou, « un village tout en longueur, sans autre rue que la route qui le traverse et qui s'élargit, de mauvaise grâce, au centre du bourg, pour encercler l'église » où le café-tabac est le centre de la gauche anti-cléricale, la boutique du coiffeur celui de la droite.
Nous suivons la journée et la tournée de Joigneau, le facteur-receveur, un homme cupide, calculateur, rusé, hypocrite, qui connaît les affaires et secrets de tous, car il n'y a pas un courrier qui résiste à sa curiosité.
« (…) il n'y a pas d'enveloppe qui ne finisse par entrer dans la voie des aveux, si on la soumet, le temps qu'il faut, à la question de l'eau bouillante. »
On fait ainsi le tour du village et de ses habitants qui pour la plupart n'ont rien à envier au facteur, décrits comme « une race méfiante, envieuse, calculatrice, que la cupidité ravage comme un chancre ». le prêtre a abandonné toute initiative pour créer un peu de solidarité.
« Les premières années, pour lutter contre la frigidité religieuse de ce vieux pays sclérosé, où chacun ne pense qu'à soi, à son petit commerce, à sa petite épargne, à sa petite sécurité, il a tout mis en oeuvre pour créer entre ses ouailles un esprit d'entraide chrétienne. Peine perdue. »
#rogermartindugard nous fait entrer dans chaque maison grâce à ce facteur corrompu qui rumine ses combines et reçoit souvent confidences, doléances et requêtes diverses moyennant contrepartie.
« Il est pareil à ces araignées velues qui vivent au grenier, tapies pendant des jours au centre de leur toile, immobiles, redoutables, prêtes à bondir au moindre tressaillement du piège tendu. »
Il dresse un portrait mordant et caustique des villageois, n'épargnant personne. Il nous offre ainsi une belle galerie de personnages dont il saisit magnifiquement bien les faiblesses, les vices et les travers.
Ce court roman a été écrit dans les années trente. Il nous montre une France profonde mesquine, égoïste et étriquée.
C'est savoureux. Un petit bijou littéraire !
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Ces vieux auteurs, quelle plume ! Ce n'est, dit Roger Martin du Gard, qu'un « simple album de croquis villageois », mais c'est un vrai bonheur de lecture. Un ami me l'avait vivement conseillé, je le conseille vivement à mon tour. le fil narratif est simple : un facteur d'un petit village du sud fait ses deux tournées quotidiennes (si, si, cela a existé, c'était avant que la Poste ne soit abandonnée aux comptables) et se mêle aux intrigues du moment, tout en tramant les siennes. Les indigènes (c'est à dire un peu nous, tous autant que nous sommes) se révèlent avec leurs désirs, leur cupidité, leurs rêves et leur lâcheté, le héros le premier... le livre n'a que 150 pages, il se lit d'une traite et l'on regrette de ne pas assister à une deuxième journée de tournées. Cela tient à l'intelligence de l'auteur, vive, et à ses trouvailles de langue, qui ravissent. Exemple, cette bouche « fendue comme une tirelire » ou cette femme « électrique comme une chèvre »... Oui, ce vieux prix Nobel, quelle plume !
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Les thibaut continuent ! Et c'est toujours aussi bien ! Je me suis régalé à cette lecture grace au talent de l' auteur et je n'ai qu'une hate attaquer le tome suivant !
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