Comment faire comprendre aux autres que dans ce tout magnifique, il manque l'essentiel ? Comment leur expliquer que manque la simple petite preuve que la vie est belle ? Comment trouver les mots pour dire qu'il manque la joie. La paix. La force d'affronter le monde. L'envie... (p.165)
Comment peut-on à la fois être autonome et dépendant ? Il en va pourtant bien ainsi. On ne devient libre qu'en acceptant la dépendance. Car on accepte alors cette part de fragilité qui est en nous. On admet alors de ne pas "tout avoir" et de ne pas "être tout". On comprend que l'autre "a quelque chose" que nous n'avons pas, qu'il "est quelque chose" que nous ne sommes pas.
J'ai toujours été une enfant sage. Mais à quel prix? Qu'est ce qu'il m'a fallu sacrifier à jamais pour être sage? Si sage qu'en cours de route, j'ai oublié ce que je voulais... Pire encore, qui j'étais....
Car pour respecter les autres et les traiter avec équité, nous ne devons pas oublier que nous avons tous besoin de quelqu'un. Que nous sommes tous dépendants. Sans exception. Et que la dépendance n'est pas nécessairement négative.
Comment pourrait-on envisager d'aimer quelqu'un si on ne dépendait pas, au moins un instant, des mots qu'il nous dit, des regards qu'il nous offre, des attentions qu'il nous réserve ? (p.168-169)
On peut être anorexique ou boulimique, on peut s'automutiler ou se droguer...C'est le "pourquoi" qui compte. Pourquoi est-on passé par là? Et au-delà du "pourquoi", le "comment"....
Comment retrouver l'envie de vivre ? ce très long chemin qu'on parcourt dès lors que l'on cherche à briser le cercle vicieux de la souffrance. (p.14-15)
Quand la parole oublie les êtres chers, elle se vide de sens. L'alliance se brise. Le pacte s'effrite. Et l'être tombe malade. Malade d'un désir qui s'ignore. Malade d'un silence qui le tue. (p.68)
Apprendre à vivre signifie accepter l'attente, la suspension, l'incertitude. Assimiler lentement l'idée que le vide que l'on porte en soi ne pourra jamais être tout à fait comblé. Qu'il nous manquera toujours quelque chose. Et que c'est cette absence qui caractérise notre rapport au temps, à l'espace, à l'amour...
Et admettre que les autres ne sont pas "méchants" s'ils ne sont pas toujours prêts à intervenir, à faire un geste pour que le vide fasse moins mal.
En réalité, on ne se libère jamais de son passé. Même lorsque le "mal obscur" s'éloigne. Ce n'est qu'en le retraversant qu'on arrive à donner un sens à notre douleur.
Car chaque parole, chaque geste est ambivalent. On dit souvent ce que l'on ne pense pas et l'on fait souvent ce que l'on ne dit pas. Il n'y a aucun moyen de calculer réelement les coûts et les bénéfices de nos actes. (p.171)
Et on tombe. Parce que c'est la vie.