L'Ikigami, c'est le préavis de mort, cette carte qui reprend votre identité, et vous annonce platement, 24 heures à l'avance, la date et l'heure de votre décès. Ces dernières 24 heures, chaque victime de l'Ikigami - un jeune sur 1000 - est libre de les occuper comme il le souhaite.
Surpopulation ? Criminalité galopante ? L'Ikigami sert-il à éradiquer ces fléaus modernes ? Pas du tout. L'Ikigami ne sert qu'à inciter les gens à profiter de la vie, et à en apprécier la valeur. Voilà pourquoi on joue à la roulette russe avec les jeunes de 18 à 24 ans, afin d'inculquer le bonheur de vivre aux autres et, conséquence logique, réguler le taux de criminalité : un citoyen conscient de la valeur de la vie est effectivement un citoyen qui y prête attention.
L'idée de départ est donc pour le moins originale. En suivant Kengo Fujimoto, chargé de la délicate tâche consistant à annoncer aux futurs défunts qu'ils vont y passer, on découvre plusieurs personnages, frappés par le destin. Chacun choisira de mettre ses dernières heures à profit de différentes façons, avec ou sans ses proches. Beaucoup se posent des questions, évidemment, sur l'utilité et l'intérêt de cette loi. Questions que notre livreur ne tarde pas à se poser non plus - mais discrètement, ses doutes existentiels pouvant lui offrir un aller simple pour la fusillade.
Comme beaucoup de dystopies, Ikigami présente un système politique qui ne nous est pas inconnu - voire est très familier - et qui sous prétexte de rendre les gens heureux fait appliquer des lois iniques et liberticides. On y retrouve des thèmes classiques : l'administration aveugle, le cloisonnement extrême de l'information, le dédouanement des autorités, la surveillance accrue des opinions de chacun, et son corollaire, la suppression des «éléments séditieux» ...
Ce premier tome nous fait suivre deux "livraisons", très différentes l'unes de l'autre, et à la lecture desquelles on ne peut pas s'empêcher de se demander ce que l'on ferait dans la même situation.
Ce tome est très introductif et pose les bases de la situation ; Kengo est très passif, mais on le sent un peu gêné aux entournures par la mission qui lui est confiée. Il est dommage que les anecdotes n'aient aucun lien entre elles, cela donne un effet un peu décousu à l'ensemble. Mais Ikigami est un manga original et intéressant !
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