LE GUEUX AUX ROSES
À Georges d'Esparbès.
I
j'aime les vieux romans et les contes de fées
Où combattent les preux au son des olifants,
Où le bon chevalier se couvre de trophées,
Epouse la princesse et fait beaucoup d'enfants.
Je guerroie avec eux; avec eux je pourfends
Les Stryges du jardin, de vipères coiffées,
Et je m'assieds avec mes héros triomphants
Aux festins servis par des nymphes dégrafées.
— Ainsi, maigre poète aux coudes anguleux,
Je chemine à travers les Édens fabuleux,
Loin de ce monde, et loin des écœurantes proses :
Je parfume ma vie aux rêves du passé,
Comme ce gueux qu'un jour j'ai vu , près d'un fossé,
Qui mangeait son pain sec en respirant des roses.