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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ecrite en 1954, cette courte nouvelle, qui projette l'action dans un futur qui est aujourd'hui déjà notre passé, 2003, peut faire penser un peu à 1984.

Au-delà du sujet, l'euthanasie programmée des personnes âgées incapables de réussir certains tests leur validant un sursis de cinq année, la relation père-fils est développée très pudiquement, laissant de côté les vaines interférences de la bru.

Le désarroi du fils, la fausse résignation du père, les détails tels que le laçage des chaussures noires cirées, sont palpables dans une atmosphère étouffante d'un huis clos qui enferme de plus en plus le lecteur, jusqu'au dénouement qu'il déduira aisément, sans parvenir à en sortir.

Ce beau texte aurait-il dû être plus long? Je ne crois pas tant il exprime de densité dans les relations au fil de ces quelques pages si bien écrites.
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On découvre (ou redécouvre) parfois des textes oubliés ou passés inaperçus ; c'est le cas ici de L'Examen, de Richard Matheson, réédité chez le Passager clandestin.

Dyschroniques
L'Examen est publié dans une collection nommée Dyschroniques. Elle cherche à remettre au goût du jour des nouvelles de science-fiction (souvent d'anticipation plus précisément) parues au milieu du XXe siècle, soit sous la plume de maîtres du genre déjà reconnus, soit sous celle d'auteurs plus confidentiels qui ont donc besoin d'un coup de projecteur (un peu à l'image de ce que fait également L'Arbre vengeur). C'est donc une parution dans un petit format pour des textes précieux, puisqu'ils sont choisis par les éditeurs pour leur fort lien avec notre actualité : quand bien même le texte a été écrit il y a plusieurs décennies, en d'autres lieux et en d'autres moeurs, son propos de science-fiction recèle des réflexions précieuses pour la compréhension de notre monde à la dérive.

La vieillesse est-elle un naufrage ?
Ici, nous suivons Tom, quatre-vingts ans, qui doit passer son quatrième « test », examen qui doit vérifier ses aptitudes physiques et cognitives. Dans ce but, Leslie, son fils, l'entraîne sur certaines questions, sa femme Terry et leurs enfants sont également présents à la maison. Dans cette société (datée de 2003 dans ce récit de 1954), il semble qu'une fois les soixante ans arrivés, il faille passer un test pour mériter de rester en vie. C'est une façon certes singulière, mais assez pratique, de sélectionner ceux qui auront l'honneur et l'avantage de mourir plus vieux que les autres, cela règle les problèmes de « gestion » des personnes âgées, des soins gériatriques et autres « soucis » liés à nos EHPAD. Ce texte nous renvoie en pleine figure ce que peut ressentir une personne qu'on ne considère que sous l'angle de la productivité qu'elle n'a plus, de la mobilité qu'elle a perdue et de l'autonomie qu'elle recherche toujours.

Récit poignant et percutant
Dans ce court récit, ce qui est fort est d'abord l'empathie entre les personnages, non seulement vis-à-vis du père, Leslie, qui voit son propre père dépérir et attend malgré tout son décès approchant, mais surtout vis-à-vis du grand-père, Tom, qui arrive à la fin de sa vie et dont le destin dépend d'un banal test médical d'aptitude. Dès les premières lignes, la tension est posée entre le lien filial et familial autour du grand-père et l'extrême difficulté à trouver une utilité productive à cette « personne âgée ». le texte se termine sûrement de façon un peu trop abrupte, mais a le mérite de nous laisser imaginer la suite en toute liberté.

L'Examen est un très bon choix de la part de cette collection Dyschroniques, à la fois beau texte et très actuel au vu de notre constante recherche de la productivité au détriment de l'humain.

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Cette nouvelle, publiée à l'origine dans les années 50, prend place en 2003 (le futur donc - même si pour nous c'est déjà du passé). L'auteur y décrit une société qui fait face à un grave problème de surpopulation, et notamment de la hausse du nombre de personnes âgées dans une société qui se doit d'être active, et où ces dernières sont perçues comme des poids, des assistées. Pour y remédier, une loi a été votée pour que les personnes de plus de 60 ans (et donc retraitées) doivent passer tous les cinq ans des tests d'aptitude afin de valider ou non leur droit à continuer de vivre. Les personnes qui échouent sont euthanasiées.

Dans le cadre de son histoire, Richard Matheson fait le choix de nous placer dans le camp du fils adulte de Tom, octogénaire, qui vit aux crochets de son fils Leslie et de sa femme Terry. Après avoir passé le test plusieurs fois, il devient évident que le vieux ne réussira pas cette année-ci. Alors que son fils lui fait passer des tests de révision avant le jour J, on le voit en proie à d'énormes troubles d'attention, de mémoire, de motricité... Et ensuite, on suit Les et Terry qui discutent du fait que ce serait quand même mieux que le père échoue. le texte est très court, et se passe en 24h. Il ne s'agit pas tant d'une réflexion approfondie sur le sujet que sur une volonté de transcrire une tranche de la vie de cette famille, avec les émotions du fils, ses questionnements, ses contradictions, les injonctions de sa femme et le comportement embrouillé du père. Ce qui est probablement une tentative de l'auteur pour nous mettre dans la peau des gens qui seraient susceptible d'avoir voté cette loi, d'avoir des proches concernés, me fait penser à tous ces témoignages de parents d'handicapés : on n'a pas du tout le point de vue des personnes concernées. Et ici, le vieux est clairement montré comme un poids, comme un râleur, une gêne, quelqu'un qui ferait mieux d'accepter la mort plutôt que d'accepter... le cours normal de la vie, qui est de vieillir. Je ne cache pas que j'ai été très gênée par ceci, parce que quand bien même il s'agirait de montrer que ce genre de décision est horrible et ne devrait pas avoir lieu d'être, qu'on ne devrait pas avoir à choisir entre la vie d'êtres humains et le profit. Et on peut bien sûr faire le parallèle non seulement avec les personnes âgées (ici même, seulement retraitées), mais aussi avec les personnes handicapées, les personnes qui ne peuvent pas travailler, et même, carrément, les enfants. Bref, je pense que s'il s'agissait d'une critique virulente, l'auteur nous aurait donné le point de vue de celui qui risque sa vie plutôt que de donner les arguments pour / contre qu'on aurait en tant que personne qui a de l'autorité et ne risque pas sa propre vie, et de faire passer la mort du vieux comme quelque chose de, au final, bénéfique pour tout le monde.

À la fin de la nouvelle, comme pour chacun de ses textes SF réédité de nos jours et publiés dans un contexte antérieur, l'édition du passager clandestin fait une brève revue sur l'auteur, mais surtout sur le contexte du récit : ici la question du vieillissement de la population occidentale à la fin du XIXe siècle, les maladies liées aux vieillissement, le programme de sécurité sociale de Roosevelt en 1935, la question de la dignité des personnes âgées, la transition entre les "mouroirs" et les maisons de retraite, l'euthanasie involontaire... et même le programme Hitlerien concernant les personnes handicapées, malades ou âgées. On peut donc comprendre toutes les étapes qui ont mené à une amélioration des droits des personnes âgées, entre le XIXe siècle et le XXe (et, maintenant, au XXIe siècle), et même si je pense que ce genre de réflexion est un peu brutale, le fait que ce texte sorte juste au moment de la réforme des retraites par le gouvernement français est particulièrement pertinent - néanmoins le sujet n'est pas forcément bien abordé de mon point de vue.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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