Un album « nouvelle génération » ? Il semblerait ! Parler de cet album ? Exercice difficile parce que justement il innove, donc de comparaisons possibles. C'est en cela qu'il est intéressant. Pour le reste, je suis loin du coup de coeur même si j'ai conscience de tout le travail qu'il a fallu pour le finaliser.
Un univers de contrastes, de noirs & blancs très tranchés. Un jeu d'ombres et de lumières permanent. On découvre chaque scène grâce à une vue d'ensemble puis, par un effet de zoom permanent, le champ de vision zoom sur un élément du décor (de type miroir, cuillère, caméra…). Cette surface réfléchissante renvoie donc le reflet de la scène sous un autre angle de vue. On commence par deviner l'ensemble avant que l'image devienne plus précise et ne cible de nouveau sur un autre élément réfléchissant…
Marc-Antoine Mathieu utilise des univers-gigognes pour se déplacer dans l'univers infini des mondes reflétés… Au terme de l'album, on a une vision d'ensemble d'une intrigue, de ses différents protagonistes (décideur, observateur) et de ses répercussions (à l'échelle de l'individu et de la société).
Un album interactif puisqu'il nous invite à enquêter sur une intrigue politico-économico-sportive (je vous renvoie au pitch du quatrième de couverture qui introduit mon article). Je me suis prise au jeu de la récolte des indices durant les 69 pages de l'ouvrage, cherchant à savoir à quel détail s'intéresse MAM pour choisir un autre angle de vue. On manipule l'album, on le retourne, on scrute les coupures de presse quand elles sont une image-reflet… l'album aurait pu être un immense palindrome si une césure en milieu d'album ne nous projetait pas dans une transition originale avant de redécouvrir les scènes de la première moitié d'album défiler dans le
sens inverse, mais ce situant
3 secondes après la scène décortiquée. Les personnages ont interagit sur un décor qui reste figé.
Une nouvelle fois,
Marc-Antoine Mathieu intègre de nombreuses références dans ses décors. Oeuvres d'Art, personnages médiatiques… les clins d'oeil sont nombreux. Il suffit de repérer Eric Cantonna derrière un hublot pour compléter la liste des anagrammes repérés dans les coupures de presse (comme ce Renato Nacci du synopsis).
Le tout est assez fluide, l'oeil du lecteur est guidé dans cette lecture très cinématographique de l'univers. La version papier m'a donné l'impression d'un flip-book dont on aurait arraché puis les pages sur une même feuille. Si je trouve cet ouvrage intéressant, j'étais assez dubitative de ma lecture. Restait le site de la série à découvrir. Une vidéo reprend à la case près le contenu de l'album. Si je suis restée assez extérieure à la version papier, ce n'est pas le cas de la version numérique. La possibilité nous est laissée de moduler la vitesse de la vidéo, de faire marche arrière, de zoomer. C'est assez jouissif et très prenant.
Une lecture dans laquelle le lecteur s'implique.
Les deux expériences cumulées (papier et écran) rendent la lecture atypique. C'est innovant et cela ouvre des perspectives intéressantes. MAM est-il placé en orbite ?
Lien :
http://chezmo.wordpress.com/..