Citations sur La démocratie protestataire : Mouvements sociaux et pol.. (7)
Le "passage au politique" implique nécessairement de se conformer à un ensemble institué de manières de penser, de s'exprimer et d'agir qui ne sont pas celles en vigueur au sein des mouvements sociaux, qui parfois entrent en contradiction avec elles.
La césure entre "étudiants pacifiques" et "casseurs de banlieue" tend à s'estomper devant la réelle radicalisation de fractions significatives de la jeunesse estudiantine [...].
Les médias apparaissent, dans cette perspective, comme des puissants instruments de délégitimation des mouvements sociaux.
Il ne s'agit pas ici de nier ni de minimiser le fait que certaines avancées technologiques ont transformé l'activité protestataire (les révolutions tunisienne et égyptienne ont démontré le potentiel mobilisateur des réseaux sociaux), mais de rappeler que ce ne sont pas elles qui déterminent le degré et les enjeux des engagements.
Les mouvements sociaux occupent dans la vie politique une place aussi importante que paradoxale. Une majorité de Français considère aujourd'hui la manifestation comme une forme légitime d'expression politique, dans le même temps que les grèves des transports publics déclenchent leur flot de critiques.
De la délégation et de la délibération doit ainsi naître ainsi une harmonie des voix, qui définit l'accord social. Mais la délégation contient toujours en germe la possibilité de la trahison des engagements, le risque que le mandataire ne respecte pas le mandat confié par ses mandants, qu'il ne les représente pas fidèlement et abuse du pouvoir qui lui a été confié.
Refuser de se soumettre à un pouvoir arbitraire, s'insurger contre l'oppression, est ainsi explicitement encouragé par les textes fondateurs des régimes démocratique modernes.