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sur 139 notes
Je referme cette lecture heureuse que mon a priori un peu négatif ait été infirmé. En lisant la quatrième de couverture, j'ai un peu levé les yeux aux ciel : encore un énième roman français sur une famille dysfonctionnelle racontée par la mère. Soit. Rien de neuf en ce qui concerne la thématique mais un regard d'une grande acuité pour un portrait familial finalement très cruel et désenchanté sans pour autant sombrer dans la noirceur ou l'ironie. Un bel équilibre.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la caractérisation de chacun des membres de la famille, tous présentés dans leur complexité et dans le souci de fouiller très précisément la psychologie de chacun. 

La mère. Esther. A travers elle, Alexandra Matine compose un très beau portrait de femme qui, à la soixantaine, réalise que sa famille qu'elle a cru construire n'est pas soudée comme le voudrait. Fragile et vulnérable. Ses quatre grands enfants se sont éloignés d'elle, surtout du père, un tyran domestique. A peine se voit-il aux grandes occasions, rarement tous ensemble.

Les quatre enfants.

Alexandre, le fils préféré du père qui a eu des attentes démesurés pour le mettre à son moule : « Il n'avait pas le choix. C'était lui sur la ligne de front et pour toujours, c'était son rôle de protéger les autres. de se mettre en avant, d'attirer la lumière. Parce que l'ombre protège de l'astre puissant qu'est le père. Un astre qui brûle, abime, réduit. Une lumière qui poursuit implacable au milieu du désert ».

Bruno, qui a poussé dans l'ombre du grand frère, ignoré : « Il lui semblait qu'il avait vécu toute son enfance, là, derrière cette porte entrouverte, dans le silence, retenant sa respiration et espérant que se tairaient un jour les cris d'admiration de son père et des adultes pour Alexandre. »

Vanessa, la « grande dernière », celle à qui Esther ne pardonne pas d'être partie à 18 ans en Australie, de l'avoir rejeté alors qu'elle ne faisait que vivre sa vie entre insouciance et égoïsme : « Les absences, pour Esther, ce sont les creux que Vanessa a laissés. Des trous béants dans lesquels elle tombe parfois, au hasard d'une balade dans Paris, d'un parfum, du scintillement d'un objet. Elle cède à l'appât du vide, espérant y retrouver des traces de leur passé. »

Et puis, Carole, la soeur aimée, bien laide par rapport à l'aura de sa petite soeur, celle qui dès qu'elle a la parole part en monologues logorrhéique, trop heureuse d'être entendue, juste un peu.

Tout est juste dans la radiographie de cette famille qui s'évite pour garder les non-dits non dits. Ou la famille comme cage dans laquelle on est enfermé toute sa vie sans pouvoir la choisir : jalousies et conflits entre frères et soeurs, peur de décevoir, angoisse de voir s'éloigner les enfants, silences pesants ... il n'y a aucun secret à déterrer, juste des membres d'une famille obligés de cohabiter ensemble à certains moments.

Dans ce premier roman intimiste très réussi, je regrette juste quelques systématismes de l'auteure qui peuvent donner un côté répétitif. D'abord l'image de la tapisserie tissée comme métaphore de la famille, trop récurrente. Et puis, un procédé narratif, très théâtral ( un coup de fil, un enfant qui annule sa venue à un déjeuner ) qui aurait gagné à être cassé.

Lu dans le cadre du collectif les 68 Premières fois
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Dans Les Grandes Occasions, son premier roman, Alexandra Matine nous dépeint Esther, l'épouse de Reza, qui par un jour de canicule, a dressé une grande table sur la terrasse de leur appartement et attend ses enfants pour le déjeuner. Cela fait des années qu'ils n'ont pas été rassemblés ici. Mais l'heure tourne et il paraît de plus en plus improbable que la famille soit réunie autour de la table.
On serait tenté de dire, mais qu'est-ce que je vais m'ennuyer à rester avec cette femme à attendre et encore attendre, avec une température et une atmosphère aussi étouffantes ? Que nenni, car Esther, tout en restant chez elle, se déplaçant seulement de la cuisine à la terrasse, va nous emmener dans sa mémoire, et alors quel voyage !
Elle repense à sa vie de jeune femme infirmière puis à sa rencontre avec Reza, ce jeune étudiant médecin venu d'Iran car dit-il « En Iran, il avait faim, en Iran, même les médecins ont faim.»
Elle évoque ensuite la naissance de leurs quatre enfants Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, Vanessa, la petite dernière, qui, lorsqu'elle part, laisse derrière elle le grand vide. Car, depuis son départ, s'ils reçoivent des voisins ou amis, ce ne sont en fait que les patients de Reza, dont celui-ci aime s'entourer pour les entendre le louer, l'admirer, le remercier. Esther aimerait bien aussi parler d'elle, ou parler des enfants. Mais quand elle en parle, « c'est comme si Reza disparaissait, il se soustrait.»
C'est un récit extraordinairement vivant et envoûtant qui nous est donné à lire. le récit d'une famille où l'on sait ni se parler ni s'écouter. Chacun des personnages, que ce soient les parents ou les enfants reste à distance et n'arrive pas à montrer ses sentiments.
Les trop nombreux silences et non-dits les ont conduits à une complète incompréhension, impossible à briser. Entre eux, une tension permanente persiste.
Le tyrannisme du père traumatisé par son enfance en Iran, le conflit entre les frères, l'angoisse pour la mère en voyant s'éloigner ses enfants nous montrent comment des liens familiaux que l'on dit souvent indéfectibles peuvent se briser. Cela fait également écho à cette belle chanson de Maxime le Forestier « Né quelque part » dont les premières paroles sont : « On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. »
L'auteure démontre avec ce premier roman fort réussi que les relations familiales peuvent facilement se détériorer sur une accumulation de silences et de non-dits.
Si, à mon avis, l'écrivaine a peut-être un peu forcé la dose en dépeignant cette désunion et en choisissant des cas sans doute exagérés, néanmoins, elle met en avant ce qui est certainement commun au sein de nombreuses familles, à savoir les secrets et les incompréhensions.
Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce roman, c'est la manière dont Esther conçoit la famille, la comparaison avec une tapisserie dont elle tisserait les fils de soie colorés année après année : « Des milliers de petits noeuds délicats dont parfois un, malgré elle, se brisait. » L'épouse d'Alexandre s'appelle curieusement Pénélope… L'auteure sous-entendrait-elle que ce sont principalement les femmes qui tissent les liens familiaux ?
Je remercie les éditions Les Avrils - Une nouvelle collection de littérature au sein du groupe Delcourt, ainsi que Babelio pour m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce beau roman.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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C'est à la famille de décider du sort d'Esther qui, aujourd'hui, gît sur un lit d'hôpital. En bonne santé mais sans aucune activité cérébrale, les médecins ne peuvent que la maintenir en vie, branchée de toutes parts. Reza, son mari et médecin de profession, aura le dernier mot, ses quatre enfants le savent...
Pourtant, il y a encore peu, Esther s'activait chez elle. Impatiente, en ce dimanche caniculaire, d'accueillir toute sa famille. La table a été mise sur la terrasse malgré la chaleur, Reza, beaucoup plus réticent à déjeuner dehors, s'est acharné sur le parasol qu'il a tenté de disposer afin que la plupart soit à l'ombre. Esther a cuisiné, disposé trois petits bouquets de fleurs sur la nappe d'un blanc étincelant. Et maintenant, penchée par-dessus la balustrade, elle guette l'arrivée de ses enfants et petits-enfants, et attend, comble les minutes de souvenirs...

De ces souvenirs apparaît peu à peu une famille désunie, source de non-dits, de secrets, de rancoeurs, qui, au fil des années, a vu chaque membre s'éloigner un peu plus des autres. Pourtant, le seul voeu et espoir d'Esther est qu'en ce dimanche, elle puisse enfin les réunir tous ensemble, elle qui a tout fait pour tisser et broder entre ses quatre enfants des liens indéfectibles. Des fils bien trop fragiles, semble-t-il... Si les relations entre les enfants sont tendues, éloignées, évitées, celle entre Esther et Reza est faite de silence et d'ignorance. Avec ce premier roman, Alexandra Matine dépeint, brillamment et avec beaucoup de finesse, les relations compliquées, parfois houleuses, au sein d'une même famille. Ce tableau de famille qu'Esther a tenu à rendre parfait perd peu à peu, au fil des souvenirs égrenés, de son éclat, de sa splendeur, de sa luminosité jusqu'à devenir bien terne. Un roman sensible, à la fois beau et cruel, à la plume poétique et mélancolique...
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Elle gît aujourd'hui sur un lit d'hôpital,

Esther qui ne demandait qu'à être aimée, qui avait rencontré, croit-elle, l'amour de sa vie, qui laissera son métier d'infirmière pour se consacrer à ses enfants, une femme qui, telle Pénélope va tisser la toile de sa vie, car ce tapis imaginaire qu'elle composera noeuds après noeud ne sera autre chose qu'une toile propre à retenir la progéniture, à la garder pour elle, femme en mal de reconnaissance qui subira bien des affronts de la part de son mari comme de ses enfants.

68 premières fois
Challenge Multi-défis

Alors elle attend, elle attend les grandes occasions ... la richesse qu'elle espère, c'est de voir encore une fois, rien qu'une fois, sa famille réunie...


Ce roman est le roman d'une attente, de l'espérance d'une vie, une vie racontée durant cette longue attente, une vie ... de famille ? Peut-être...



Si j'ai apprécié ce roman dans lequel la psychologie tient une part importante, et si je me suis attachée au devenir des personnages, je ne peux pas affirmer que j'ai pleinement apprécié le récit, question de style. J'ai toujours autant de mal avec la façon dont certains auteurs brodent autour du sujet, des phrases courtes, souvent non verbales, qui noient la trame dans une multitude de détails non essentiels, même si je reconnais que dans le présent roman, c'est peut-être nécessaire car ce récit est le fruit d'une pensée et une description détaillée de la psychologie de notre héroïne.

Il n'en demeure pas moins un écrit intéressant et profond.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Dès les premières lignes, on sait quoi s'en tenir sur le futur proche d'Esther. Sa vie est suspendue à la décision de la famille, et surtout celle du père, censé avoir les compétences requises, en sa qualité de médecin.

On apprend alors qui est Esther, cette femme qui souhaite que le repas de midi se déroule dehors, à l'ombre d'un parasol, en compagnie de ses quatre enfants et de leurs familles. Il fait très chaud. Sa plus jeune fille et l'un de ses fils ont appelé pour décommander. Alors Esther se souvient, ressasse et raconte l'histoire de cette tribu dispersée et divisée. Sa vie d'épouse soumise, auprès d'un mari qui doit se rassurer en affirmant haut et fort qu'il est un bon médecin, et que ses patients ont de la chance. On comprend peu à peu les failles et les blessures qui ont fragilisé un édifice construit sur du sable.

Le roman s'ouvre sur une évocation de l'incipit de l'Etranger. Et se poursuit sur un récit qui évoque le sublime roman de Virginia Woolf Ms Dalloway. Il y manque cependant la grâce, sous-tendue par la fragilité de l'écrivaine anglaise.

On ressent à la lecture l'ennui de l'héroïne et le poids d'un quotidien subi. le personnage du mari est très antipathique mais rien ne laisse entrevoir une issue favorable, même pas celle de réunir ses enfants pour un repas partagé. C'est sombre et assez désespéré. Un bilan d'échecs programmés.

Même si cette histoire est hélas le reflet de bien des situations familiales où les non-dits se sont cristallisés en impasses affectives délétères, je n'ai éprouvé peu d'empathie pour ces personnages, voire de l'inimitié pour certains, et cela m'a laissée à distance du propos.
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La politesse veut que l'on remercie lorsque l'on nous fait un cadeau, mais aujourd'hui mes remerciements vont bien au-delà d'un acte de politesse. C'est un très grand merci à Babelio qui m'a fait, à travers une masse critique privilégiée, connaître le merveilleux livre d'Alexandra Matine "les grandes occasions".
Sans cette masse critique, il y aurait eu peu de chance pour que je découvre ce merveilleux livre. le titre et la couverture ne m'auraient pas attirée. Que cela aurait été dommage ! ce roman est écrit avec une plume tout en finesse et en délicatesse. J'adore ce style qui est d'une efficacité redoutable. L'histoire que je ne vais pas raconter ici, le résumé de la quatrième de couverture est amplement suffisant.
Si je ne mettais pas fait violence, j'aurais recopié la moitié du livre en citation. Chaque page est un moment d'émotion. Ce roman est bouleversant, troublant. Il faut le lire, il ne faut pas le laisser sur les tables des librairies, emportez-le avec vous, vous ne le regretterez pas.
Alexandra Matine, votre premier roman est une pure merveille, vous avez une sensibilité qui m'a touchée, troublée et bouleversée, Merci. Je n'oublie pas également de remercier les éditions Les Avrils. L'envoi de votre catalogue m'a en plus donné l'eau à la bouche, plusieurs titres font désormais partie de mes prochains achats.
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Si ce livre ne m'avait été offert par Babelio et les Editions Les Avrils que je remercie, il est fort probable que je n'aurais pas dépassé le cinquantième page.
La première phrase m'a agacée : « Aujourd'hui, Esther va mourir. Ou demain. Ou dans quelques jours. On ne sait pas. »
J'ai pensé à Camus et à la célèbre phrase d'introduction de « L'étranger » : « Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
Trop de similitude m'a troublée pour ne pas dire plus.
L'écriture des cinquante premières pages m'a semblée lourde, poussive, sans relief ce qui m'a gênée pour m'imprégner de l'histoire.

Et subitement, dans un nouveau chapitre, miracle, la plume d'Alexandra Matine, se transforme réussissant à trouver le juste milieu pour garder la profondeur nécessaire à son histoire et l'aisance pour me happer dans une histoire de famille lourde de secrets, de non-dits, de jalousie mais avec malgré tout beaucoup d'amour.

J'ai aimé le personnage principal, Esther, la mère, sur qui tout repose.
Elle n'a qu'un but, maintenir l'union de la famille et ce n'est pas une mince tâche.
Lorsqu'elle y parvient, un jour de canicule, tout est prêt sur la terrasse inondée de soleil, la table dressée. Cette réunion sera une réussite, elle n'en doute pas.
Sauf que les enfants annulent l'un après l'autre sous des prétextes peu convaincants.
Pour ne pas sombrer, Esther part dans ses souvenirs : sa jeunesse, sa rencontre avec Reza qui deviendra son mari, son voyage en Iran où elle l'accompagne pour faire la connaissance de sa belle-famille, la naissance des enfants.

En conclusion, malgré des débuts difficiles, Alexandra Matine dépeint avec justesse les relations familiales et fraternelles mais aussi les émotions humaines, la vie en somme. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités, tout en révélant les malentendus, les non-dits et les secrets enfouis des uns et des autres, mettant alors petit à petit en lumière les motifs de la discorde.
Une belle et émouvante lecture.
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Toujours un peu méfiante avec les premiers romans et les jeunes maisons d'édition, j'ai néanmoins du mal à refuser les offres 'spéciales' de Babelio.
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C'est l'enthousiasme de Diablotin0 entrevu sur les premières lignes de son billet qui m'a suggéré que j'avais peut-être (sans doute) une pépite à portée de main.
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Malaise au début : elle va mourir, elle porte le prénom d'une personne qui m'est très chère (euphémisme pudique 😉).
Vais-je supporter cette lecture ?
Oui, ouf, 'elle' est une vieille dame, entourée de ses enfants, de son mari. La mort des personnes âgées, c'est dans l'ordre des choses, on a toujours su que ça arriverait.
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Non, pas si évident.
Le coeur se serre à nouveau lorsqu'on découvre la vie de cette femme, tous ses espoirs déçus, ses blessures et déconvenues qu'elle a appris à taire, ce silence qui l'étouffe et nourrit les malentendus autour d'elle.
Un époux qui, pour fuir la tyrannie paternelle et la misère, est devenu égoïste, égocentrique, impitoyable.
Leurs quatre enfants qui ont dû se construire avec ce père trop exigeant avec les uns, trop absent pour les autres, et cette mère qui les protégeait mal (elle qui n'a pas pu/su rééquilibrer l'attention paternelle entre les membres de la fratrie, et qui est donc coupable, forcément)...
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Bref, il est question d'une famille dysfonctionnelle, où les enfants, devenus adultes, s'évitent pour ne pas laisser exploser les rancoeurs ; être tous présents en même temps autour de leur mère leur est impossible, trop douloureux.
Sous la plume sensible et imagée d'Alexandra Matine, le chemin de croix de cette femme si douce (si faible ?) et la cruauté de ses proches blessés sont d'une tristesse infinie.
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Superbe roman peuplé d'ombres et tissé de liens fragiles, qui devrait toucher
- les mères qui doutent d'avoir réussi leur 'tapisserie'
- ceux qui se sont sentis le vilain petit canard de leur fratrie
- ceux qui n'ont pas pardonné à leur père et/ou mère leurs maladresses...

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♥ Immense merci à Babelio et aux éditions Les Avrils. ♥
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C'est bien connu que l'on ne choisit pas sa famille et que c'est elle qui vous choisit. Avant de débuter cette critique, je voudrais remercier babelio pour cette opération Masse Critique Privilège ainsi que la maison d'édition Les Avrils (que je ne connaissais pas jusqu'alors mais je crois que désormais je vais suivre leurs publications d'un peu plus près).

Esther, la mère, a toujours voulu tisser des fils invisibles certes mais des fils qui maintiendraient une certaine harmonie au sein de sa famille, entre son époux Reza et ses quatre enfants. Au début, l'on se parlait, ou du moins l'on maintenait cette apparence puis les occasions de se réunir tous ensemble sont devenus de plus en plus rares. Les enfants ont grandi et chacun a fait sa vie sans se soucier de la mère qui n'attendait qu'une seule chose : avoir à nouveau chez elle ses quatre enfants réunis avec leurs conjoints et leurs enfants. Mais, devant l'amour désespéré de cette femme, les quatre enfants, Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, il y a eu de plus en plus de distance, et surtout face à l'amour étouffant car toujours dissimulé (par pudeur ?) et non-dit de cette femme qui devient de plus en plus envahissante et qui procure à ses petits-enfants tout l'amour qu'elle n'a pas su leur apporter durant leur enfance à eux. Et puis, il y a eu les conflits, entre les deux frères surtout, sans que le lecteur ne sache de quoi il en retournait exactement. Aussi, 'un veille toujours à ne plus se retrouver dans la même pièce que l'autre depuis ce fameux soir du mariage de Bruno. Il y a eu des mots violents entre les deux frères et ni Esther ni le lecteur n'en saura plus car ceux-ci ont été prononcés tout bas. Mais alors que l'état de santé d'Esther se dégrade et que ses jours sont comptés, les quatre frères et soeurs n'ont pas d'autre choix que de se retrouver réunis de nouveau et, avec le père qui plus est, cet homme à qui l'on n'a jamais vraiment parlé et à qui l'on ne sait quoi dire. Il ne reste plus qu'une seule chose' à faire : de nouveau, faire semblant, semblant afin de sauver les apparences et de montrer que l'on est une famille unie.

Un roman dérangeant car il s'attarde sur des points extrêmement sensibles que sont la famille dans laquelle on vit malgré soi et qui, au fils du temps, l'on ne voit plus que pour les "grandes occasions" et la famille que l'on se construit par a suite. Si l'on choisit la seconde, on n'a pas d'autre choix que de subir la première et cela peut parfois, comme ici, être un véritable fardeau. Un premier roman extrêmement bien écrit et qui ne peut que toucher le lecteur, ou du oins l'amener à réfléchir sur le sens de ce qu'il entend réellement par le mot "famille". A cette époque de l'année où l'on nous déconseille justement de se réunir trop nombreux "en famille", un livre qui se veut malgré lui d'actualité même si ce n'est pas pour les mêmes raisons. A découvrir !
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Reza, jeune médecin d'origine iranienne peine à se faire une patientèle, trop d'accent, trop d'étranger sur sa peau et dans sa voix. Esther, arpente Paris pour son métier d'infirmière, elle travaille dur pour compenser l'inactivité de Reza. Mais Reza veut travailler et aimerait qu'Esther reste à la maison élever les enfants.
Aujourd'hui les tâches de vieillesse parsèment leurs mains. C'est dimanche et c'est l'été, ils ont installé la table et le parasol sur la terrasse, ils attendent les enfants…
S'il est précisé sur la quatrième de couverture que l'autrice a écrit ce livre en apnée, c'est à peu près ce que j'ai fait moi aussi pendant la lecture de Les grandes occasions. Esther la mère de Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa, nous convie ce dimanche midi, alors que la chaleur atteint son apogée caniculaire, à attendre avec elle ses enfants. Les enfants tardent ou ne viennent pas. L'image de la famille réunie s'effiloche comme les noeuds d'un tapis persan. C'est un rêve de famille idéale que souhaite Esther mais elle ne donne pas l'impression d'avoir oeuvré pour l'atteindre. Elle s'efforce juste d'entretenir une illusion : la photo de la famille parfaite à exposer sur le meuble de son salon.
Alexandra Matine crée une ambiance moite, un huis clos oppressant. Sans jamais s'éloigner de la terrasse où la table est dressée, elle relie point par point les contours de la famille d'Esther. Je n'ai pas adhéré au chemin de ce couple, j'ai déploré leur déséquilibre social, familial ou professionnel mais je me suis ralliée à la plume d'Alexandra Matine qui fait vibrer de belles images et sait doser cette longue attente de dérives dans le passé.
Merci aux éditions Les Avrils et à l'opération masse critique de Babelio pour ce choix judicieux.
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