AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9798424657375
216 pages
Auto édition (28/02/2022)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Julien Pisciotta n’est qu’un prof ordinaire, dans un collège banal. C’est tout du moins ainsi qu’il se définit. Depuis le départ de Marie, la femme qu’il aimait, il mène un parcours solitaire et jette un regard cynique et désabusé sur le monde, la profession qu’il exerce et sa propre trajectoire. Pourtant l’arrivée de Chloé dans son collège va fissurer ses certitudes et bouleverser son existence.
Suivre Julien dans la grisaille de son quotidien, c’est bien en... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque l'on a cette capacité à prendre du recul sur les évènements pour pouvoir s'en moquer et que l'on possède, en outre, un fort sens de l'analyse, si l'on y ajoute une petite touche de philosophie, alors on devient un expert en cynisme. Et en assemblant dans un même cocktail, le désabusement, le mépris des conventions et la provocation, on obtient un résultat plein d'humour, même si le rire est parfois un peu amer.

Daniel Mauleine s'amuse de la langue française qu'il maîtrise parfaitement, pour raconter avec tout le cynisme dont il sait faire preuve, la vie de Julien Pisciotta, prof de français cinquantenaire dans un collège bordelais et c'est d'un réalisme détonnant.

Mais on finit par se demander ce que cette capacité à regarder tout avec détachement cache, et c'est à travers la vie personnelle de ce prof brisé par une rupture que l'on va comprendre à quel point cet amoureux de la littérature, est en fait un homme blessé et pessimiste.

Construire autour de soi « une cuirasse cynique », si c'est sans aucun doute une forme de protection, c'est aussi une façon de ne pas, ou de ne plus s'engager dans la vie. Alors lorsqu'il retrouve l'amour, les défenses qui le protègent depuis longtemps tombent autour de lui et il redevient l'homme fragile plein de doute et d'espoir.

Fort de sa propre expérience, l'auteur nous livre, avec ce roman, une étude de société acide et cocasse sur les collèges qui n'épargne ni les élèves, ni les enseignants et encore moins le système administratif. On y retrouve tellement de choses connues, tellement de situations vécues que l'on ne sait si l'on doit en rire ou en pleurer.

Non content d'explorer la très sélecte ville de Bordeaux, l'auteur nous entraîne également en promenade dans le Sud du Maroc, où le personnage de Julien va retrouver le sens des vraies valeurs et prendre un peu de hauteur sur sa vision du monde et de la vie.

Un roman à plusieurs dimensions, intéressant et réfléchi, qui en plus de nous révéler une vision très juste de notre système éducatif, nous donne envie de lâcher un peu du leste, la persévérance n'étant pas forcément le seul mode de survie dans un milieu hostile.

Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          62
En tout professeur de lettres sommeille un écrivain. Daniel Mauleine nous en offre une belle illustration avec ce premier roman.
Lors d'une réunion de prérentrée soporifique et formatée dans un collège ni meilleur ni pire que les autres, Julien, le personnage-narrateur, que l'on devine être le double de l'auteur, éprouve l'irrépressible besoin de coucher rageusement sur le papier l'inanité du retour de ce rite immuable de l'Éducation Nationale. Bien sûr, il met alors le doigt (la plume) à ses risques et périls dans l'engrenage d'une écriture à long terme.
L'enseignant de lettres que j'ai été a retrouvé au fil du roman le microcosme dans lequel il a baigné : conseils de classe, de discipline, « typologie » des membres de l'administration, du corps professoral, des élèves et de leurs parents, menus événements qui les agitent. Après une vingtaine d'années de bons et loyaux services, Julien, dont la vocation s'est émoussée, se livre avec une jubilation communicative à une observation d'entomologiste des acteurs d'un système à bout de souffle qui se coupe de la réalité sociale à laquelle il devrait préparer. Il n'épargne personne, non sans manquer d'autodérision.
Mais l'intérêt du roman tournerait court si Julien, inconsolable (on pense à Nerval), tourmenté par une séparation qui plombe son existence, se croyant irrémédiablement condamné à la solitude de l'homme vieillissant, ne faisait la rencontre lumineuse d'une jeune collègue. Alors le roman nous donne ses plus belles pages sur la folie de l'amour qui naît, se fortifie, s'installe, en dépit de douloureuses interrogations et d'une maladie héréditaire. Sur un érotisme délicat, raffiné et puissant qui emportera tout sur son passage.
Oui, ce roman m'a embarqué dès les premières lignes dans le double parcours d'un collègue, professionnel, mais aussi et surtout sentimental au sens flaubertien, dont les péripéties se mêlent de façon harmonieuse.
Je le recommande vivement, notamment à celles et ceux qui ont embrassé, embrassent ou embrasseront la noblesse et les misères de la carrière de Julien ! Et j'attends qu'il soit repéré par un éditeur digne de ce nom !
Commenter  J’apprécie          10
L'auteur nous offre une présentation du narrateur tout en détail, si bien que dès le départ nous avons le sentiment de connaître parfaitement le personnage principal. Nous entrons alors dans sa vie et son intimité et y découvrirons la vie d'un professeur de lettres qui cumule déjà quelques années de service. L'auteur aborde des sujets d'actualité dans ce milieu, comme la religion ou encore les problèmes liés à l'utilisation des portables en cours par exemple. Mais il aborde aussi et surtout d'autres sujets comme l'amour, la souffrance psychologique, la maladie.
L'histoire est bien construite, l'écriture est soignée. Les descriptions des lieux et des personnages sont parfaitement bien détaillés, si bien qu'on parvient facilement à les imaginer au moment de la lecture.
Mélange d'humour, de drame, d'amour, je termine le livre avec de fortes émotions et des frissons toujours présents au moment où je rédige cette critique.
Commenter  J’apprécie          30

Aujourd'hui, je vais vous parler d'une de mes dernières lectures :
"La Folle persévérance de l'ourson d'eau ", de Daniel Mauleine .

Le narrateur, Julien, un professeur blessé par la vie, désabusé et aigri nous raconte son quotidien, partage avec nous ses réflexions sur l'Education nationale, la société, l'hypocrisie générale mais aussi sur l'Existence, le Moment (passé, présent), le poids de l'absence, le temps qui passe, les gens qui partent... et l'Amour 😊

J'ai beaucoup aimé ce personnage bougon, au discours cynique avec qui je partage quelques points de vue 😅
Le texte passe du cynisme, à la poésie, en passant par des touches d'érotisme à travers le regard observateur de Julien.

J'ai passé un chouette moment de lecture avec ce court roman. 🤓💐

Un bouquin qui vaut vraiment le détour, en auto-édition 💫
Commenter  J’apprécie          10
On rit d'abord, du moins quand on connaît notre cher système éducatif... Puis peu à peu, l'amère satire s'affine et nous touche au plus profond. Comme Julien, le narrateur et protagoniste, qui n'a pas vécu la peine amoureuse, l'angoisse de la maladie, le chagrin du deuil ? Qui n'a pas croisé la beauté au tournant d'un voyage, et n'a pas à nouveau espéré après s'être senti abattu ?
Un très beau livre d'un jeune auteur très prometteur. Je recommande vivement cette trouvaille.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il s'agit en realité surtout de palier la nullité crasse de nombre de nos élèves et de masquer ainsi la faillite d'un système qui en près de quinze années de scolarité obligatoire réussit à livrer à la société des membres adultes ayant besoin d'une calculatrice pour rendre la monnaie dans une boulangerie, d'un dictionnaire pour lire un article de Télé 7 iours et d'une association de quartier pour écire une lettre de motivation contenant moins de cinquante fautes pour quatre-vingts mots.
Commenter  J’apprécie          30
Nous n'avons pas échappé à des discussions édifiantes sur l'échec de tous, sur notre mission d'accompagnement et de réduction de la fracture sociale : toujours la même comédie jouée à guichet fermé dans une école qui fait semblant d'exister hors du réel, au pays des bonnes intentions et des principes intangibles, au coeur d'une contrée idéale dans laquelle les hommes de bonne volonté ont encore le pouvoir d'agir sur le monde et de le transformer. Je ne dis pas que notre mission est nulle et inutile, je l'estime même hautement nécessaire pour étayer au mieux la culture et l'intelligence et ralentir leur désagrégation vers laquelle tend la société de consommation triomphante et de l'individualisme forcené. Cependant, nous n'avons rien d'un fer de lance, au contraire nous ne sommes qu'un rempart fragile et déjà fissuré. L'école n'est plus offensive que dans un discours qui cherche à voiler son impuissance. Derrière sa porte assaillie, des milliers d'hommes et de femmes maintiennent tant bien que mal les éclats du bois. Nous sommes comme des marins sur un navire d'apparat criblé de voies d'eau. La mer est hostile, patiente et déterminée et les valeurs que nous souhaiterions promouvoir, nous ne pouvons les maintenir à bout de bras à la surface en cherchant à éviter leur trop rapide submersion et il est difficile de déterminer si les idéologues sont tous de fieffés menteurs ou si leur optimisme et leurs discours ronflants ne constituent pas en réalité un voile jeté sur le désespoir. (pp. 49-50)
Commenter  J’apprécie          00
Je revenais de la cuisine d'où je rapportais café et thé fumants et, alors qu'elle se penchait, j'aperçus dans le bâillement de sa robe, sur son épaule droite, le bord sombre du tatouage mystérieux. Comme d'ordinaire, je fus saisi d'une impression désagréable, motivée par les préjugés dont j'ai sans fard fait état. Pourtant je fus vite dominé par un autre sentiment qui vint fissurer ma carapace de cynisme et de certitudes protectrices.
C'est dans l'intermittence, dans l'interstice, que se joue l'érotisme, un autre l'a écrit bien mieux que je ne le fais. D'un seul regard, j'embrassai le profil de son visage que je jugeais désormais plein du charme de l'imperfection, les frisures souples de ses tempes, la peau fine et délicate de l'arrière de son oreille, sa nuque nue et, dans le pli du vêtement, cette promesse d'une terra incognita comme une invitation au voyage. Et, cette seconde, écrasée par la masse infinie du temps et promise à la répétition plurielle des boucles imaginaires fut d'un charme et d'un érotisme d'une intensité sans pareille. (p. 86)
Commenter  J’apprécie          00

Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Daniel Mauleine (1) Voir plus

Lecteurs (10) Voir plus




{* *} .._..