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3,91

sur 227 notes
Un classique qui a bien vieilli et qui se relit toujours avec plaisir au vingt et unieme siecle.Il faudrait prendre le temps de découvrir cet auteur injustement oublié tant sa prose est belle et ses romans bien équilibrés.Tout concours ici au plaisir du lecteur.
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Climats / André Maurois (1885-1967) /Académie française
Issu de la grande bourgeoisie limousine un peu rigide et accrochée à des principes d'un autre temps, Philippe Marcenat connaît d'abord une aventure amoureuse à Paris avec Denise Aubry. Cela ne dure que le temps d'une amourette car Philippe est un être composite et cynique qui peut être sensuel, sentimental et tendre par accès, et brutal par réaction. Il se décrit lui-même comme inhumain !
Lors d'un voyage à Florence, il s'éprend de la très belle Odile Malet et l'épouse malgré l'hostilité de ses parents.
« Regards d'une infinie brièveté, mais qui fut le grain de pollen minuscule, tout chargé de forces inconnues, d'où naquit mon plus grand amour… Je pense avec plaisir à notre amour de ce temps-là ; quand ce feu caché paraissait, c'était par flammes violentes et brèves…De même que certaine modes en dissimulant aux yeux des hommes le corps tout entier des femmes donnait jadis du prix à une robe effleurée, la pudeur des sentiments, voilant à l'esprit les signes habituels des passions, fait apercevoir la valeur et la grâce de nuances imperceptibles de langage. »
Mais la jalousie maladive, dévorante et obsédante de Philippe involontairement entretenue par Odile conduit à un désastre, une descente aux enfers et le divorce semble inéluctable.
« de même qu'elle avait la beauté d'un personnage de rêve, elle passait sa vie dans un rêve…Je la détestais et je l'adorais. Je la croyais innocente et coupable. »
La construction de ce très beau roman paru en 1928 est intéressante : dans une première partie, c'est la seconde épouse de Philippe, Isabelle de Cheverny, qui introduit une longue lettre que Philippe lui a écrit pour lui conter sa vie avant de la connaître. Par cette lettre, Philippe devient le narrateur et livre son âme à Isabelle comme une femme livrerait son corps. Dans une seconde partie, Isabelle se souvient et raconte sa rencontre, son mariage et sa vie tumultueuse avec Philippe qui a tout fait tout plus ou moins inconsciemment pour la rendre jalouse.
C'est le récit d'un double échec conjugal finement et subtilement analysé par André Maurois du point de vue psychologique. le style est délicat et somptueux et « Climats » reste son écrit le plus représentatif de son talent.
Extrait : « On a tort de dire que l'amour est aveugle ; la vérité est que l'amour est indifférent à des défauts ou à des faiblesses qu'il voit fort bien, s'il croit trouver dans un être ce qui lui importe plus que tout et qui souvent est indéfinissable. »
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Je suis tombée immédiatement sous le charme désuet de l'écriture d'André Maurois. La finesse psychologique des personnages et le procédé narratif (le roman est scindé en 2 parties, représentant la voix de Philippe puis celle d'Isabelle) font oublier le thème peu original de l'amour. le lire presqu'un siècle plus tard rend encore plus saisissant le paradoxe entre des moeurs datées et l'intemporalité du sentiment amoureux... Et pour quiconque l'a subie, la description de la jalousie est particulièrement réussie.
Ce récit est aussi très juste dans ce qu'il montre de la réciprocité et de la difficulté de rester soi dans une relation dont la nature même nous incline à vouloir plaire à l'autre.
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Je suis très déçu par ce roman qui s'enferme dans l'observation très (trop?) fine du conservatisme de la bourgeoisie provinciale, et le livre déborde de délectation morose. le personnage principal est très antipathique, par son comportement outrageusement macho et dominateur. Une caricature.
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Début du XX siècle, les histoires d'amour ... se terminaient déjà mal!

D'un milieu bourgeois Philippe découvre l'amour, le vrai, au travers d'Odile. Hélas l'amour est pour lui un piège, il confond amour et jalousie et ne fait qu'accélérer la décomposition de son couple. Remarié c'est à son tour de souffrir de la jalousie de sa femme, jalousie qu'il nourrit de ses relations extra-conjugales.

L'écriture est très belle, précise, fine, tout est en retenue, suggestions et le sentiment de la jalousie est parfaitement rendu. J'ai pensé à Pierre Loti et Stefan Sweig, des écrivains à la langue très belle est qui ajuste au millimètre l'étude des sentiments . Par contre le texte date un peu, la vision des femmes est très ... datée et il est aussi un peu ennuyeux .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Livre portant sur les relations conjugales, l'amour, la passion, la jalousie. Écrit en 1928, le récit est toujours d'actualité. L'auteur réussit à présenter parfaitement toutes les subtilités de l'amour passionnel. Sa mise en scène est parfaite. Son approche, ses descriptions et son récit sont tellement convainquants que le lecteur peut facilement se transposer dans les personnages. Avec Climat, André Maurois a ouvert le rideau sur ce que l'amour a de plus cruel. Oeuvre magistrale.
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Climats 1928
André Maurois

Mais pourquoi ce grand romancier si talentueux à décrire les moeurs, les atmosphères, à mettre des mots littéraires mais jamais emphatiques, sur les ambiances bonnes ou mal faites, les analyses de caractères, ne soit pas aussi grand en réputation qu'un François Mauriac ; je ne pourrais pas dire Anatole France, car j'ai le sentiment que celui-ci connaisse le même sort. Je me lasse de devoir à reprendre ces oublis incompréhensibles.
Avec Climats qui fut une grande lecture pour moi dans ma jeunesse dont je me souviendrai tout le temps, il signe là un chef d'oeuvre, puis le Cercle de famille, and so on. Je m'empresse d'ajouter que je peux le relire avec le même effet : il n'a pas pris une ride, toujours cette élégance, cette curiosité d'un naturel exquis, cette perspicacité : la classe quoi !

"Mon père se montra calme et indulgent. Il me demanda de réfléchir. Quant à ma mère, elle accueillit d'abord avec joie l'idée que j'allais me marier mais, au bout de quelques jours, elle rencontra une vieille amie qui connaissait les Mallet et qui lui dit que c'était un milieu très libre de moeurs"

Tante Cora renseigna aussi notre protagoniste Philippe -toujours utile une tante : " J'ai vu un tas de gens dans ma vie, mais ta pauvre mère.. je ne la vois pas avec Hortense Boehmer, ah ! ! Dieu non !

Très belle Odile, ravissante même selon Philippe le narrateur, mais très libre de moeurs, choix cornélien à faire !..
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Parce que j'ai beaucoup apprécié, il y a peu de temps, le cercle de famille, j'ai complété ma découverte de l'univers d'André Maurois avec Climats, présenté comme son plus célèbre et plus représentatif roman. La magie du style, dont tous les ingrédients sont idéalement dosés, a une fois encore opéré : un français pur, classique sans être ampoulé ni étouffe-chrétien ; un vocabulaire riche sans être pédant ; des descriptions minutieuses et pourtant légères, qui font naître des images réalistes, colorées, justes, de la campagne ou de la ville, ou des dîners et salons où il faut être vus. La langue d'André Maurois frôle la perfection et ce n'est pas tout. Une fois encore, l'auteur désosse avec son scalpel littéraire l'envers du décor hypocrite de la bourgeoisie au début du XXème siècle, et il n'y va pas de main morte.


Sous son microscope, il place Philippe Marcenat, archétype du rejeton élevé sous la mère : enfance privilégiée dans une famille provinciale ultra-conservatrice, études conventionnelles – avec nombreuses expériences sexuelles recommandées pour parfaire l'éducation des fils de familles - avant de sagement reprendre l'entreprise familiale, puis de devenir père d'un héritier qui perpétuera l'immuable tradition. le grain de sable dans son destin tout tracé s'appelle Odile. Il aime follement cette femme-enfant sotte, fantasque mais belle – l'essentiel -, l'épouse malgré l'avis défavorable de ses géniteurs. Premier mariage, premier échec. Il rencontre ensuite Isabelle, qu'il aime bien sans passion, elle est grosse, moche, gauche et fait tout ce qu'elle peut pour rendre son mari heureux, n'hésitant pas à le jeter dans les bras d'amantes chez qui il cherche l'image à jamais perdue d'Odile. Deuxième mariage, deuxième échec. André Maurois possède un don pour décrire les affres de la jalousie. Rarement, j'ai lu une étude aussi puissante et poussée sur les tourments endurés par ses victimes, qui confondent souffrance et amour.


Il faut éviter, à mon avis, de lire un roman ancien avec les yeux du présent, car bien évidemment, le statut des femmes apparaît dans Climats très choquant : elles sont dressées pour satisfaire tous les appétits de leurs hommes, faire la potiche dans les réceptions, et surtout faciliter leurs écarts adultérins. En contrepartie de leur compréhension et soumission au nom des convenances, elles peuvent aussi courir le guilledou. Bref, tout le monde se trompe en évoquant des souffrances sentimentales imaginaires. Climats est le reflet quasi-sociologique d'une classe sociale, la bourgeoisie, au début du XXème siècle qu'André Maurois attaque au vitriol ; jamais il ne cautionne explicitement la vie futile, imposée aux femmes, à l'ombre de l'ego boursouflé de leurs maris. Il raconte, il décrit, il analyse. A méditer.
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Dans un rythme de douceur puissante André Maurois nous narre l'emprise que peuvent avoir les premières amours, et la marque qu'elles peuvent imprimer sur toute chose par la suite. L'idolâtrie fait parfois confiner l'être aimé au symbole pur, et selon l'époque ou la psyché personnelle on peut l'idéaliser assez pour préférer les symboles et les chimères aux êtres réels... Sa langue et sa plume sont si évocatrices et poétiques qu'on assiste au drame en l'aimant.
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Quelle belle lecture j'ai faite ces derniers jours, d'un auteur complètement oublié, André Maurois (1885-1967). Climats est son roman le plus célèbre, d'une grande finesse psychologique qui m'a rappelé Stefan Zweig.


Ce roman est composé de deux parties distinctes :


- la première est comme une longue lettre qu'adresse Philippe à sa future épouse, Isabelle, au sujet de sa relation maritale avec sa première femme Odile.
- La seconde est écrite par Isabelle pour Philippe avec des extraits du carnet de ce dernier.


Le personnage central, Philippe, rêvant sa vie, souffre pour Odile, indomptable et naturelle, d'un amour le rendant dépendant et soumis, anxieux et jaloux. Isabelle, exacte opposée d'Odile, subira la même soumission, la même dépendance à l'égard de Philippe.


Histoire d'un double échec conjugal lié à la dissymétrie des attentes de chacun et de leur incapacité résiliente à y remédier, c'est aussi une fine analyse des moeurs et des conventions de l'époque, écrite dans une langue magnifiquement ciselée.


Quelques extraits du livre :


« Les moments très beaux sont toujours mélancoliques. On sent qu'ils sont fugitifs, on voudrait les fixer, on ne peut pas. »


« Eloigné par trop de lectures, par trop de solitaires méditations, des arbres, des fleurs, de l'odeur de la terre, de la beauté du ciel et de la fraîcheur de l'air, je trouvais toutes ces choses cueillies chaque matin par Odile et mises par elle en gerbe à mes pieds. »


« Mes idées se renouvelaient peu parce que je n'avais pas le temps de lire. »


« Rien n'était plus facile que de comprendre les goûts de Philippe ; il était de ces lecteurs qui ne cherchent qu'eux-mêmes dans les livres. »


« Nous aimons les êtres parce qu'ils sécrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable. »


J'aime particulièrement ce passage sur l'ennui qu'éprouve Philippe pour Isabelle :

« Je possède un bonheur si rare : un grand amour. J'ai passé ma vie à appeler le "romanesque", à souhaiter un roman réussi ; je l'ai et je n'en veux pas. J'aime Isabelle et j'éprouve auprès d'elle un tendre mais invincible ennui. Maintenant je comprends combien j'ai dû moi-même jadis ennuyer Odile. Ennui qui n'a rien de blessant pour Isabelle, comme il n'avait rien de blessant pour moi, car il ne vient pas de la médiocrité de la personne qui nous aime, mais simplement de ce que, satisfaite elle-même par une présence, elle ne cherche pas et n'a pas de raison de chercher à remplir la vie et à faire vivre chaque minute… Hier soir […] j'aurais souhaité sortir, voir des êtres nouveaux, agir. Isabelle, heureuse, levait de temps à autre les yeux au-dessus de son livre et me souriait. »
Lien : http://www.nomadisant.com
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