La petite fille qui en savait trop

Ce n'est pas non plus très juste, hein ? On peut s'avancer dans la vie en s'attendant qu'elle soit juste. Dieu, s'il existe, devait avoir la tête ailleurs le jour où il nous a mis sur cette planète, ou alors il joue à des échecs célestes dont nous sommes les pions qu'on peut facilement sacrifier sur le grand échiquier de l'univers, qu'on trouve ça juste ou pas. On peut parler de bien et de mal, même si c'est différent pour chacun de nous... Mais rien n'est juste.

Les gens ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent être.

Vous savez, il n'y a pas moyen d'échapper aux choses qu'on regrette. Elles restent là, elles vous façonnent, même sans qu'on le sache. Et puis quelque chose ou quelqu'un fait tout remonter à la surface, et tout paraît encore pire après ces années d'enfouissement.

Moralement n’est pas un mot qui fait partie de mon vocabulaire. Vous croyez que je me soucie des embargos, des droits de l’homme, […] on vit pour soi.
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Même ceux que nous aimons, ou pensons aimer, ne sont pas aussi importants à nos yeux que nous-mêmes. Voilà la véritable condition humaine. C’est ce que nous ressentons tous, mais avons honte d’admettre. Pourquoi, je n’en sais rien. Car l’égoïsme est l’essence de l’existence.
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Pouvez-vous me dire, par exemple, ce qui détermine notre vote dans une élection ? Nous votons évidemment pour le parti que nous jugeons le plus apte à nous procurer des avantages. Pourquoi pleurons-nous quand un être aimé disparaît ? Parce que nous avons subi une perte. Toutes les motivations sont égoïstes, même les motivations religieuses lorsqu’on promet la vie éternelle au ciel en récompense d’une vie pieuses sur la terre.
[…]
Oui. Je vois que vous êtes un homme qui n’a jamais connu l’amour, que ce soit en le donnant ou en le recevant. Bien sûr que les gens sont égoïstes. C’est instinctif, un instinct de survie, de perpétuation de l’espèce. Mais nous possédons d’autres qualités aussi. Du moins, la plupart d’entre nous. Il y a un équilibre dans notre conception. À chaque trait de personnalité, correspond obligatoirement un contraire. Comme dans toutes les choses naturelles. Le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité, l’été et l’hiver. Chez les humains, les contrastes sont plus subtiles, mais ils sont là, si on les cherche. L’amour et la haine, la colère et le pardon, la cupidité et la générosité, l’égoïsme et la compassion.

Il trimballait avec lui un air d'usure et de défaite, un peu comme un maître d'école en fin de carrière empestant la craie, le tableau noir, l'ingratitude des années de labeur. ( p 104)

La perfection ne s'atteint qu'une fois. Jamais la deuxième fois. Ni la troisième. On passe le restant de sa vie à essayer de rattraper une illusion perdue.

Le pire, c'était de ne pas savoir ce qui était le mieux pour elle. Quand il s'agit de soi, on s'en fiche. On se maltraite. On fait tout de travers. On boit, on ignore les ordres du médecin. Mais quand il s'agit de quelqu'un d'autre, on se sent investi d'une responsabilité.

Parfois librement, parfois sous la contrainte. Un bon journaliste n'est pas seulement doué avec les mots, il sait obtenir des informations, il sait chercher. Sait où fureter, à qui demander.

En vérité, Janssen, l'on ne peut exister sans l'autre. Dans nuit, il n'y a pas de jour. Sans haine, il n'y a pas d'amour. Sans compassion, il n'y a pas d'égoïsme.

Les pensées dérivaient dans son esprit comme des écharpes de brume. Dès qu'elle voulait s'en saisir, elles disparaissaient, et elle abandonnait.