En bon politicien, ce dernier était habitué à changer de masque. Le sourire facile, la poignée de main ferme. Digne représentant de la fausse sincérité.
Bizarre, pensa-t-il, comme on ne se sent pas plus anonyme dans la rue animée d'une cité étrangère que dans sa propre ville. C'étaient partout les mêmes visages. Les mêmes gens inconnus vivant les mêmes existences dans lesquelles on ne jouait aucun rôle.
- Vous n'avez rien mangé de la journée. Vous avez passé plusieurs heures dans une maison glaciale. Vous avez des lacérations sur le visage et la jambe. Vous avez inhalé un gaz toxique ou semi- toxique, puis couru environ deux kilomètres sous une température inférieure à zéro avant de tomber dans un cours d'eau à moitié gelé. Vous êtes fort comme un boeuf, monsieur Bannerman !
Bannerman haussa un sourcil ironique.
- On nous élève à la dure en Ecosse.
On ne peut pas avancer dans la vie en s'attendant qu'elle soit juste. Dieu, s'il existe, devait avoir la tête ailleurs le jour où il nous a mis sur cette planète, ou alors il joue à des échecs célestes dont nous sommes des pions qu'on peut facilement sacrifier sur le grand échiquier de l'univers, qu'on trouve ça juste ou pas. On peut parler de bien et de mal, même si c'est différent pour chacun de nous... Mais rien n'est juste.
La perfection ne s'atteint qu'une fois. Jamais la deuxième fois. Ni la troisième. On passe le restant de sa vie à essayer de rattraper une illusion perdue.
On a beau avoir souvent vu la mort, on ne s'y habitue jamais.
Sans nuit, il n'y a pas de jour. Sans haine, il n'y a pas d'amour. Sans compassion, il n'y a pas d'égoïsme.
Le rédacteur en chef d’un journal pour lequel j’ai travaillé autrefois disait que derrière chaque fenêtre se planque une histoire.
Un vendeur de journaux se tenait debout sous l'auvent du Café Auguste, un paquet de quotidiens du soir sous le bras. Il n'avait pas besoin de crier. Les affaires marchaient bien. Les nouvelles étaient mauvaises. Elles continuaient à parler de la tuerie et du dessin de la petite fille. Après dîner, chacun dans sa petite boîte aimait bien lire les horreurs de la vie, confortablement installé dans un fauteuil devant un bon feu. Tant que ça ne le touchait pas directement.
On choisit son propre chemin vers l’enfer, on croit en connaître chaque virage, chaque bifurcation. Puis on découvre que l’enfer n’est pas la fin du voyage.