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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cuffy Lambkin (Sportcoat), diacre de l'église baptiste des Five Ends se rince le dalot avec un tord-boyaux, bien nommé King Kong, concocté par son meilleur ami Rufus dans la chaufferie de son HLM de Brooklyn. Veuf, Sportcoat traînasse dans les rues de son quartier, enivré la plupart du temps, offrant ses services d'homme à tout faire à ceux qui veulent lui faire confiance. Ses déambulations aléatoires lui attirent parfois de sérieux ennuis, accrus par de fréquentes pertes de mémoire et des discussions imaginaires avec sa femme disparue, Hettie.
James McBride atteint le sommet de son art de conteur avec ce roman jouissif faisant revivre une communauté d'Afro-Américains venus s'installer à New York City dans les années 1940, fuyant le pays sudiste hostile à leur émancipation. L'action se déroule en 1969 dans les rues et sur les docks de Brooklyn, que mafias et gangs se disputent pour le commerce très lucratif de l'héroïne, fléau dévastateur pour la jeunesse. Sur cette toile de fond horrifiante, une galerie de personnages hauts en couleurs évoluent avec truculence et une certaine naïveté, heureusement mise de l'avant par l'auteur car sinon le roman aurait sombré dans la noirceur totale.
C'est une sacrée force que possède McBride : celle de captiver son lecteur par les tous premiers mots et ne plus le lâcher jusqu'à la toute fin. J'ai été emportée par ce récit donquichottesque, drôle et tragique à la fois, et dans lequel on sent poindre tout l'amour porté par l'auteur à ses créatures romanesques. Cinq étoiles sans hésitation.
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A bien y réfléchir, ils ne sont pas si nombreux les auteurs de la communauté afro-américaine qui se sont lancés dans l'écriture de polars ou de romans noirs. On pense avant tout à Chester Himes dont le premier roman, La Reine Des Pommes, mettait en lumière le quartier de Harlem où officient les deux inénarrable flics Ed Cercueil et Fossoyeur Jones que l'on retrouvera dans un cycle comprenant neuf volumes. L'autre grande référence de la littérature noire afro-américaine, c'est Walter Mosley qui acquiert une certaine notoriété avec le Diable En Robe Bleue (Série Noire 1996) mettant en scène le détective privé Easy Rawlins dont les investigations prennent pour cadre la ville de Los Angeles durant la période des années cinquante, avec un accent particulier sur le quartier de Watts, théâtre d'importantes émeutes raciales. On peut également évoquer Attica Locke qui a publié récemment Bluebird, Bluebird, un roman policier nous permettant de suivre les investigations du Texas Ranger noir Daren Mathews qui travaille dans un état profondément marqué par les discriminations raciales. D'autre romanciers afro-américains ont effleuré le mauvais genre à l'image de Donna Tartt, James Baldwin ou Colson Whitehead. Chez Gallmeister on trouve deux auteurs issus de cette communauté dont une femme Ayana Mathis qui dresse le portrait social d'une nation en devenir avec Les Douze Tribus D'Hattie (Gallmeister 2014). Détenteur de prix prestigieux, dont le National Book Award, James McBride est le second écrivain afro-américain à intégrer la collection Gallmeister avec des ouvrages comme L'Oiseau du Bon Dieu (Gallmeister 2013), encensé par les critiques et Mets le Feu Et Tire-Toi (Gallmeister 2017), un témoignage détonant autour de l'univers de James Brown, surnommé à juste titre "parrain de la Soul". Egalement scénariste et compositeur de jazz, James McBride revient sur le devant de la scène littéraire avec Deacon King Kong, un puissant roman foisonnant de personnages à la fois attachants et profondément humains.

A la fin des années soixante une certaine effervescence règne dans la cité Causeway, un ensemble de logements sociaux de South Brooklyn principalement occupé par une communauté afro-américaine fortement défavorisée. le trafic de stupéfiants gangrène le quartier avec la consommation d'héroïne, une nouvelle drogue, qui affecte une jeunesse particulièrement vulnérable. Police impuissante, habitants désemparés, c'est probablement pour ces raisons que le vieux Sportcoat, une figure pittoresque du quartier, a tenté de flinguer Deems Clemens, une jeune espoir du base-ball qu'il entrainait autrefois, mais qui s'est reconverti dans le deal de rue, beaucoup plus rémunérateur. Imbibé de King Kong, un tord-boyau local qu'il affectionne, le vieux Sportcoat poursuit ses déambulations en se moquant bien de l'agitation qui règne autour de lui et des flics qui sont à sa recherche. Mais le geste de ce diacre à la fois attachant et râleur va avoir des conséquences imprévisibles qui vont affecter les paroissiens de l'église des Five End, mais également un flic de quartier désabusé, des mafieux locaux aux orientations divergentes, une tueuse à gage sans pitié et des petits truands désinhibés qui veulent prendre la place de Deems Clemens.

Puisqu'ils ont collaboré ensemble, notamment à l'adaptation de son roman Miracle A Santa Anna (Gallmeister 2015), il n'est pas vain de mentionner une certaine influence de Spike Lee sur l'univers de James McBride et plus particulièrement avec Do The Right Thing se déroulant, tout comme Deacon King Kong, dans l'arrondissement de Brooklyn et présentant toute une galerie de personnages hauts en couleur qui marquent les esprits. En soulevant le couvercle du chaudron social que représente cette cité des Cause Houses, c'est un bouillonnement d'aventures disparates que l'on va découvrir au gré d'intrigues tumultueuses que l'auteur va rassembler avec la maestria d'une écriture généreuse et débridée qui nous entraine dans un enthousiasmant récit chargé d'une certaine dérision imprégnée d'humanisme. Que l'on prend plaisir à croiser toute cette ample galerie de portraits détonants qui gravitent autour de Sportcoat à l'instar de l'Eléphant, ce mafieux au coeur d'artichaut qui se cantonne dans ses activités de contrebande en veillant sur sa vieille mère qu'il affectionne, de Hot Sausage, ami du vieux diacre qui partage ses délires éthyliques à coup de gnôle frelatée ou de soeur Paul, cette vieille femme centenaire détentrice de quelques secrets entourant l'église des Five Ends. Qu'il est plaisant également de s'aventurer dans l'entrelacs d'intrigues qui semblent sans queue ni tête, imprégnant cette tumultueuse communauté jusqu'au terme d'un dénouement poignant et parfaitement orchestré pour nous éclairer d'un vibrant plaidoyer du vivre ensemble, bien au-delà des préjugés. Bien plus que la maitrise de son récit, il faut saluer chez James McBride, cette imagination débridée et cette originalité sans faille à l'image de cette colonie de fourmis en provenance de Colombie et parcourant désormais sans relâche les entrailles des immeubles des Cause Houses en nous permettant ainsi de faire connaissance avec quelques uns des trois mille cinq cents locataires du quartier.

Tonitruant ouvrage ponctué de règlement de compte âpres, parfois sanglants et même d'une chasse au trésor mystérieuse, Deacon King Kong est une fresque bigarrée nous immergeant au sein du petit peuple de cette cité de misère qui survit tant bien que mal aux milles aléas de la vie et que James McBride dépeint avec un amour immodéré.


James McBride : Deacon King Kong. Editions Gallmeister 2021. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Happe.

A lire en écoutant : Fool's Paradise de Sam Cooke. Album : Night Beat. 1963 RCA Records.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Livre coup de coeur.
Septembre 1969, Cité des Cause Houses à Brooklyn.
Cuffy Jasper Lambkin, dit Sportcoat par toute la communauté, tire sur Deems, le dealer du quartier. Diacre de l'église des Five Ends, son geste va entraîner une série d'histoires aussi loufoques que surprenantes. Une invasion de fourmis sud-équatoriale. La recherche de la cagnotte de Noël qui a disparu. L'arrivée d'un tueur à gages.
Chaque pièce s'emboîte parfaitement dans la suivante pour créer un instantané de cette période ou tout est lié.
La fin des années 60 annonce l'ère de l'héroïne. Une drogue qui va changer pour toujours le visage de l'Amérique et notamment des quartiers pauvres de New York. Car hormis les ravages sur ses consommateurs (hommes ou femmes), cette saloperie va également bouleverser les moeurs de la pègre. Fini la contrebande d'alcool ou de cigarette. le deal d'héroïne est ce qui rapporte un max.
Avec des surnoms tel que Hot Sausage, Bum-Bum ou l'Elephant, ses personnages sont, tour à tour, attendrissants, pathétiques ou désabusés. James McBride jette un regard lucide ou l'humour se mêle à la tristesse.
C'est un roman sur l'amitié, la confiance, la croyance, la ségrégation raciale, l'amour et l'envie. L'envie de vivre malgré toutes les misères qui peuvent s'abattre sur chacun. C'est un roman qui a pour coeur l'Homme avec tous ses défauts et toutes ses qualités.
Je vous le conseille vivement.
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Superbe livre, superbes personnages, superbes histoires, y a tout ce qu'il faut dans ce livre, c'est un petit bijou, qui revisite (entre autre) les codes de la mafia, qui nous plonge dans un New-York suranné, l'église, et une vraie bonne faconde c'est du tout bon
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🔸James McBride nous entraîne dans une cité populaire de Brooklyn, dans les années 1960.
🔸Sportcoat, diacre du quartier, est un personnage sympathique, mais il est un peu porté sur la bouteille (surtout sur le King Kong, un tord-boyaux fabriqué par un ami) et il discute avec sa femme décédée depuis quelque temps... Un jour, il a un moment de folie et tire sur un jeune dealer du quartier, Deems, qu'il avait dans le passé pris sous son aile pour l'entraîner au base-ball.
🔸Dans ce quartier, malgré la pauvreté et le trafic de drogue, vivent des personnages truculents et McBride décrit l'atmosphère avec brio et humour.
🔸En parallèle, un vieil homme mystérieux surgit dans la vie d'Elefante, le fils d'un mafieux décédé. Elefante doit l'aider à retrouver un trésor caché.
🔸Plusieurs intrigues se tissent donc et on découvre au fil des pages qu'il y a de nombreux liens entre elles.
🔸Entre les habitants pittoresques du quartier, les tueurs à gages, le vieil homme mystérieux et Sportcoat qui doit passer entre les mailles de la police on ne s'ennuie pas !
🔸J'ai apprécié la plume de James McBride, l'humour et le côté déjanté de certaines situations. On ressent beaucoup d'affection de la part de l'écrivain pour les habitants de ce quartier, décrits avec tendresse et bienveillance. Bref, ça a été pour moi un plaisir à lire. 😊🧡
Lien : https://leblogusadedom.com/wp/
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Sportcoat délire un peu et boit beaucoup depuis la mort de son épouse, à qui il continue néanmoins de parler.
Un jour, il pète vraiment un plomb et toute la vie de son quartier en est bouleversée.
L'équilibre précaire entre les paroissiens, les mafieux, les flics et entre les différentes communautés est rompu
Mais la vie de ce diacre de l'église des Five Ends n'est qu'un prétexte utilisé par James McBride pour décrire la vie dans le Brooklyn pauvre des années 60.
Le récit est noir, mais les personnages hauts en couleur et attachants.
Et on les quitte à regret !

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Certainement dans le top 5 de mes lectures 2021.
Vraiment un très belle découverte.
Au début j'ai un peu eu du mal avec les longues phrases de l'auteur mais une fois imprégnée de son style ce fut un pur bonheur.
James McBride nous décrit avec justesse ce quartier et son ambiance en cette fin des années 60.
J'ai vraiment été immergée avec les habitants et ressenti leur déception face à ce que devient leur quartier à cause de l'arrivée de la drogue.
Il y a aussi un humour que j'ai adoré. Et la manière dont sont imbriquées les histoires des différents protagonistes est top.
Bref je ne peux que conseiller et j'ai déjà mon prochain roman de cet auteur : la couleur de l'eau
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Un très beau roman qui se passe dans les années 60 à Brooklyn au moment où le trafic de drogue mis en place par les jeunes Noirs remplace les traffics de marchandises volées, jusque là domaine réservé des Italiens.
C'est plein de vie et d'humanité malgré la dureté des situations décrites.
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