Comme beaucoup j'ai découvert
Cormac McCarthy avec "
la Route" ,fascinante dystopie survivaliste .
Suttree c'est encore le thème de la survive , cette fois ,le Sud des Etats Unis, dans les années 50 , celle d'un sous prolétariat rural accablé tant par la déchéance matérielle que par la relégation sociale.
Si le parti-pris du désespoir terminal de "
La Route" parvenait à accéder la grâce d'un long poème funèbre et désespéré,
Suttree m'a très vite semblé n'être qu'un exercice misérabiliste assez artificiel dans son souci balzacien constant de faire coïncider les personnages et leur environnement . Aux paysages de ruines , friches et autres décharges à ciel ouverts peuplées de rats crevés se devait irréfutablement , de correspondre l'alcoolisme, la folie ordinaire, les sexualités déviantes ou animales de ses habitants. le livre dans sa seconde partie parvient toutefois à s'affranchir quelque peu de cette vision qui confine à la myopie pour y substituer une approche un peu plus contrastée des personnages. Pour autant, l'obsession presque maniaque de McCarthy pour rendre nécessairement signifiant le cadre de son récit propulse les éléments de celui ci dans un territoire proche de l'Abstraction qui nous conduit rapidement à nous désintéresser de ces figures dématérialisés presque spectrales tant elle paraissent hanter le cadre ou elles évoluent plus qu'elles ne l'habitent ou ne l'investissent.