Citations sur Antoine et Cléopâtre, Tome 1 : Le Festin des fauves (4)
La passion constituait une entrave gênante chez un être aux habitudes cérébrales d'une froide logique et aux émotions refoulées avec fermeté. Troublé, tourmenté, le triumvir rongeait son mors au point de perdre l'apétit et de manquer y laisser la raison. Il fondit à vue d'oeil, comme si son être physique s'évaporait au contact d'une fournaise.
Lui qui méprisait les sentiments mièvres et accusaient de faiblesse les hommes qui affirmaient avoir été transpercé par la flèche de Cupidon en un seul regard, était désormais condamné à traverser la vie avec un dard fiché dans la poitrine, submergé d'amour pour une femme qu'il ne connaissait même pas. Comment se l'expliquer? Comment un être aussi rationnel et objectif que lui pouvait-il succomber à une émotion en opposition à toutes ses croyances? Quelque dieu devait l'avoir visité, rien d'autre n'avait de sens! Pourquoi ressentait-il cet élan qui ressemblait fort à de l'amour? Elle l'avait ému plus qu'il ne pouvait le supporter, tant qu'il rêvait de la libérer de son fardeau, de prendre ce poids sur ses propres épaules, de la couvrir de baisers et de demeurer à ses côtés pour le restant de ses jours!
_Tu t'es donné tant de mal et tu as tant dépensé pour moi! César Divi Filius, je t'ai aimé dès que je t'ai vu, mais je sais maintenant que je t'aimerai un peu plus chaque jour que la vie m'offrira avec toi.
_Que veux-tu Octavien? demanda-t-il
Le triumvir posa sur lui des yeux francs.
_Ton épouse.