Citations sur L'espoir est une terre lointaine, tome 2 : La revanch.. (10)
Seigneur, murmura Richard à la présence invisible, je souhaite que Tu ne Te montres pas trop cruel à notre égard. Car Ta colère s'acharne souvent sur ceux qui ne T'ont pas offensé.
Comme pour toute aventure entièrement nouvelle, ce sont les premiers six mois les plus difficiles. J’ignore pourquoi les choses paraissent ensuite plus supportables, peut-être deviennent-elles simplement moins étranges. Il y a cependant une certitude. Quel que soit le moment où Dieu a créé cette partie du globe, il s’est servi pour cela de mesures bien particulières dont nous ne sommes guère coutumiers.
Certains oiseaux chantaient d’une manière plus exquise encore que les rossignols, d’autres poussaient des cris rauques, d’autres encore évoquaient le carillon argenté des cloches et un énorme corbeau noir jetait le cri le plus affreux, le plus terrifiant qu’un Anglais eût jamais pu entendre. Malheureusement, et c’était là le revers de la médaille, aucun de ces oiseaux n’était comestible.
Depuis la disparition de la Française, son pénis était resté insensible et il ignorait pourquoi. Ce n’était pas l’extinction du désir, mais plutôt une effroyable honte et un sentiment de culpabilité nés de la perte de William Henry et de beaucoup d’autres choses. Il ne savait pas et ne désirait pas savoir. Il y avait une part de lui qui était morte et une autre plongée dans un sommeil sans rêves. Ce qui s’était produit en lui avait éteint tout désir sexuel. S’agissait-il d’une restriction ou d’une libération, il n’aurait su le dire. Mais l’essentiel était qu’il n’en souffrait pas.
Les choses se compliquaient du fait que les femmes n’étaient ni assez nombreuses ni toutes intéressées par le sexe. Certaines acceptaient joyeusement tous ceux qui se présentaient, parfois contre un pichet de rhum ou une chemise. Les viols étaient rares car suffisamment de femmes se mettaient volontiers à la disposition de plusieurs hommes et, d’autre part, ces derniers hésitaient à faire emploi de la force vis-à-vis des femmes récalcitrantes.
Monter la garde devint pour les soldats une tâche de plus en plus lourde au fur et à mesure que le camp s’étendait sous la contrainte des nécessités.
Rappelez-vous ce que disaient nos mères. On nous a inculqué l’idée qu’un remède ne pouvait faire de l’effet que s’il était épouvantable au goût. Cette choucroute est un médicament.
Le vol de nourriture était si répandu que chaque homme et chaque femme transportait sa ration alimentaire sur son lieu de travail, où il fallait encore veiller à ne pas se la faire dérober. Ces vols se déroulaient en circuit interne et n’intéressaient ni le gouverneur ni les soldats. Seuls les détenus les plus forts pouvaient voler impunément les plus faibles ou les malades.
Les relations entre les deux sexes n’étaient autorisées que dans le cadre du mariage ; sinon pourquoi aurait-on mis un chapelain à leur disposition ? La justice serait rendue avec équité, mais aussi avec fermeté. Et qu’ils n’aillent pas s’imaginer que leur travail pouvait se comparer à celui d’un homme marié en Angleterre, qui devait entretenir une famille avec son salaire.
En Angleterre, voler un poulet n’entraînait pas la peine de mort, mais ce serait le cas ici, où le moindre poulet était plus précieux qu’une parure de rubis. Chaque animal était destiné à la reproduction et chaparder des biens appartenant au gouvernement conduirait à la pendaison. Et ce n’étaient pas des paroles en l’air.