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sur 1268 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« L'été où tout a fondu » est mon troisième (et probablement plus gros) coup de coeur de cette rentrée littéraire. Après l'excellent « Betty », qui nous plongeait au coeur d'une famille dysfonctionnelle, les éditions Gallmeister proposent cette nouvelle traduction du premier ouvrage de Tiffany McDaniel, déjà publié aux éditions Joëlle Losfeld en 2019.

« L'été où tout a fondu » se déroule en 1984 dans le sud de l'Ohio, dans un petit bled nommé Breathed. C'est l'année où Autopsy Bliss, le procureur de la ville, a la mauvaise idée d'inviter le diable en personne à venir lui rendre visite en publiant une annonce pour le moins surprenante dans le journal local. Étonnamment, un jeune noir de 13 ans, à la salopette crasseuse et au regard émeraude débarque en affirmant être le Diable…

Toute l'histoire est racontée une soixantaine d'années plus tard par Fielding, le fils cadet d'Autopsy Bliss, qui avait également 13 ans au moment des faits et qui s'était lié d'une amitié très forte avec ce petit diable au grand coeur, finalement recueilli par sa famille. Une narration qui adopte souvent le regard innocent de deux enfants extrêmement touchants, qui vont devoir grandir beaucoup trop vite à cause des événements qui ont frappé la ville durant cet été aussi torride que fatidique.

En invitant le Diable dans son récit, tout en choisissant comme cadre une petite bourgade du Midwest, confrontée à l'arrivée d'un étrange personnage à la couleur de peau dérangeante, Tiffany McDaniel dévoile avec brio les plus grands démons des Etats-Unis. Pas vraiment pris au sérieux lors de son arrivée, cet étranger au teint trop sombre va cependant vite servir de bouc émissaire à ces représentants d'une Amérique conservatrice et être pointé du doigt pour tous les maux qui vont frapper cette petite ville, dont cette étrange canicule venue faire fondre le bon sens de tous. Ce n'est d'ailleurs probablement pas par hasard que le récit se déroule à une époque où le SIDA fait son apparition, maladie venue attiser encore un peu plus les préjugés et l'intolérance.

« L'été où tout a fondu » est un superbe récit d'amitié, sur la perte de l'innocence, qui, à coups de métaphores poétiques remplies de sagesse, propose plusieurs niveau de lecture et de nombreuses phrases profondes qui semblent avoir été touchées par la grâce. Un roman d'apprentissage qui aborde des thèmes d'actualité extrêmement forts, tels que la différence, le racisme, l'homophobie, l'intolérance, le fanatisme, l'effet de meute, voire même les « fake news ». Un immense coup de coeur qui utilise l'image de « l'étranger » pour faire ressortir le Mal qui sommeille en nous.

Diaboliquement bon !
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Après avoir lu le magnifique Betty, de Tiffany McDaniel difficile de ne pas avoir terriblement envie de se plonger dans L'été où tout a fondu !
Contrairement à Betty, il m'a fallu un peu de temps pour m'immerger dans cette histoire et véritablement apprécier le récit.
Le roman se déroule en 1984 à Breathed, une petite bourgade de l'Ohio. Cette année-là, il fait un été d'une chaleur incroyable et c'est Fielding, aujourd'hui très âgé qui vit maintenant dans un mobil-home, dans le sud de l'Arizona, le narrateur. Si la majeure partie du roman se déroule pendant l'été 1984, le narrateur nous transporte également au présent et permet ainsi au lecteur d'appréhender les conséquences des faits de cet été-là.
Fielding est le fils du procureur Autopsy Bliss, dont le prénom en grec ancien signifie « voir par soi-même ». Ce dernier, hanté par la lutte entre le bien et le mal va inviter le diable à lui rendre visite, par le biais d'une annonce passée dans la gazette locale.
Dès le lendemain, le jeune Fielding rentrant de faire les courses pour sa mère, voit sous le grand arbre devant le tribunal celui qu'il décrit ainsi : « Il était si noir et si petit dans sa salopette, c'était comme si je le voyais par le mauvais bout du télescope ». Tout en discutant, il ramène chez lui le jeune garçon qui dit se prénommer Sal et se présente comme le diable en personne.
Persuadé qu'il s'agit d'un pauvre gosse, le procureur l'accueille dans sa famille.
L'arrivée de ce jeune garçon aux yeux verts et à la peau noire va peu à peu changer la vie des habitants de cette petite ville qui ne vont pas tarder à le prendre en grippe. D'autant qu'en même temps que son arrivée, une vague de chaleur infernale s'installe sur la région.
Se pourrait-il que Sal soit vraiment l'incarnation du mal ?
En merveilleuse conteuse, dans un récit où la symbolique est très présente, notamment avec cette couleur jaune, récurrente dans le roman et symbole du feu, Tiffany McDaniel, d'une plume très évocatrice, dresse le portrait d'une petite ville du Midwest où règnent l'intolérance, le racisme et la bondieuserie : l'Amérique confrontée à ses démons !
C'est l'histoire du Bien contre le Mal, mais ici, inversée.
À ces thèmes puissants, se rajoute en ce début des années 1980, la découverte du VIH et de sa transmission par voie sexuelle. C'est donc toute la communauté gay qui est publiquement exposée à l'homophobie, notamment dans ces petites communes rurales, où les préjugés sont tenaces, et où surtout, la religion ultra-conformiste fait preuve d'une intolérance absolue.
Tiffany McDaniel alterne avec une grande maîtrise des passages particulièrement glaçants avec d'autres d'une grande luminosité.
Les personnages du roman, parfois improbables, sont absolument incroyables, et Tiffany McDaniel restitue leur caractère tout comme leur apparence physique d'une manière remarquable, brossant avec talent des portraits hauts en couleur, réussissant à leur donner vie. J'ai eu souvent l'impression de les côtoyer, de respirer à leurs côtés.
Évidemment, certains me sont apparus rapidement sympathiques alors que d'autres me sont devenus de plus en plus insupportables.
C'est avec angoisse que j'ai suivi cette montée en tension palpable dès le début, mais qui, progressivement, va entraîner toute la communauté dans un final magistral et terrifiant, absolument bouleversant.
Beaucoup de poésie, une extrême sensibilité et beaucoup de sensualité émaillent ce roman.
La relation entre Fielding et son frère aîné Grand m'a particulièrement touchée et bouleversée. J'ai même été émue aux larmes lorsque Fielding découvre le secret de son frère, cette simple phrase : « j'ai peur » !
Quant aux fleurs évoquées dans le roman, que ce soient les canas que cultive la mère de Fielding ou les roses du jardin de Dresden, roses qui donneront à mon avis, l'un des chapitres le plus émouvant, l'auteure leur donne un pouvoir symbolique, poétique et sensuel fabuleux .
L'été où tout a fondu de Tiffany Mcdaniel est un roman initiatique ou roman d'apprentissage dans lequel j'ai suivi non sans souffrir, mais avec énormément d'intérêt le cheminement de cet adolescent qu'est Fielding, qui, en un seul été, a perdu son innocence et gardé pour le reste de sa vie un immense sentiment de culpabilité.

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Ebranlé dans sa vision manichéenne du monde depuis qu'il a contribué à une terrible erreur judiciaire, le procureur Autopsy Bliss espère s'éclaircir les idées sur les notions du Bien et du Mal en s'y confrontant personnellement. Alors qu'il vient de publier une annonce invitant le diable à venir le rencontrer, se présente un jeune garçon noir aux yeux verts qui prétend incarner le Mal. Pensant plutôt avoir affaire à un banal fugueur, Bliss l'accueille comme un fils en attendant les résultats de l'enquête lancée par le shérif : une hospitalité que ses voisins ne voient pas tous d'un bon oeil, surtout lorsque, concomitamment, leur petite ville de l'Ohio se retrouve affectée, à la fois par une vague de chaleur exceptionnelle, et par une série de faits étranges, propres à échauffer davantage encore les esprits...


C'est le fils cadet de Bliss, Fielding, aujourd'hui un vieil homme marginal et insociable, qui raconte tristement cette année 1984, qui, comme celle de George Orwell, devait aliéner les habitants de Breathed jusqu'à leur faire perdre tout bon sens et les placer, marionnettes manipulées par les ficelles de la peur, sous l'emprise d'un Mal d'autant plus pernicieux qu'il se cachait, sans cornes ni pieds fourchus, sous les apparences de la morale. Cet été-là, celui de ses treize ans, scinde à jamais la vie de Fielding entre un avant plein d'insouciance et un après brisé par la violence des hommes. Alors que peu à peu le drame se noue, menant l'univers familial des Bliss à la désintégration, le garçon prend brutalement la mesure de l'intolérance, du racisme et de l'homophobie, qui, sous couvert d'une foi bigote et de principes étroits, empoisonnent une certaine Amérique attachée à ses convictions bien-pensantes.


Premier roman publié de l'auteur, L'été où tout a fondu a pourtant été écrit plusieurs années après Betty, le livre multi-récompensé qui a fait connaître Tiffany McDaniel. Les deux récits se déroulent dans son Ohio natal, au coeur de la « Bible Belt », ce quart sud-est américain caractérisé par la prédominance d'un protestantisme rigoriste et fondamentaliste. Tandis que Betty y dénonce les conséquences du racisme et du sexisme sur l'existence d'une jeune métisse, cette fois l'auteur en met en évidence les racines profondes. Ici le diable se cache au plus secret des convictions religieuses, sous les traits d'un prédicateur vengeur, Elohim – Dieu dans l'Ancien Testament –, qui, au nom d'une morale chrétienne archi-conservatrice et arriérée, fournit aux peurs de ses concitoyens l'éternel bouc émissaire de la différence.


Ce récit initiatique, éblouissant de clairvoyance et d'empathie, qui nous parle avec tant de poésie de tolérance, d'indulgence et de compassion au fil d'une tragédie construite sur un très ancien héritage ancré au plus profond de la culture américaine, révèle, bien plus encore que Betty, une grande voix de la littérature états-unienne. Très grand coup de coeur.

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L'été où tout a fondu, c'est Fielding Bliss, 84 ans, qui nous le raconte.
Il se souvient de juin 1984, année de ses 13 ans, à Breathed, en Ohio.
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Son père, Autopsy Bliss, procureur de son état, voulait tout voir par lui-même.
Et pourquoi pas le diable ?
Dans ce but, il fit paraître une annonce dans le journal local, The Breathanian, par laquelle il invitait le diable à venir le rencontrer.
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Fielding revenait de l'épicerie quand il vit devant le tribunal un gamin noir aux yeux émeraude, vêtu d'une salopette à la propreté douteuse, de petite taille pour ses 13 ans, lequel lui demanda une crème glacée.
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Il n'en avait pas, mais lui proposa une barre de chocolat qu'il tira de sa poche.
C'est là qu'il s'aperçut que le chocolat avait fondu, réalisant par la même occasion qu'il s'était mis à faire vraiment très chaud.
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Fielding demanda à son interlocuteur ce qu'il faisait là, devant le tribunal, et celui-ci lui répondit qu'il avait été invité
Vous avez fait le rapprochement, le garçon dont nous faisons la connaissance, appelons-le Sal, dit être le diable.
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Imperturbable, son père l'ayant invité, Fielding ramène le gamin chez lui.
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Nous faisons la connaissance de la famille Bliss : la mère qui ne met jamais un pied hors de la maiison par crainte de la pluie, le frère aîné, Grand, champion de baseball de l'équipe locale, le chien Granny.
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Sal étant vite adopté par les Bliss, les deux enfants se lient d'une très forte amitié.et le récit est empreint d'une grande innocence et d'une infinie pureté.
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Cette innocence qu'ils perdront très vite, les habitants de la petite ville n'étant pas vraiment des anges.
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La canicule n'aidant pas, les mauvais côtés de chacun vont rapidement se montrer au grand jour.
À tous maux il faut un coupable, et Sal se voit reprocher chaque catastrophe ou incident arrivant aux citoyens.
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L'Amérique profonde est décortiquée. Tout y passe : racisme, homophobie, fanatisme, et autres joyeusetés.
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Nous naviguons entre passé et présent sous les mots de Fielding.
La plume est magistrale, j'ai relu plus d'une fois certains paragraphes, leur beauté me coupant presque le souffle.OK, j'exagère un chouia, mais à peine.
Si ce roman vous tente, n'hésitez pas une seconde à plonger dedans.
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Quant à moi, je vais passer une annonce, parce que franchement, le diable est trop choupinou et adorable.
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PS. : Je remercie infiniment tous mes babelpotes qui m'ont poussée à lire ce roman. Ils se reconnaîtront.
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Un livre largement plébiscité, de nombreuses critiques élogieuses de mes amis sur Babelio, la réputation de l'auteur sur le premier livre édité en France, Betty, que je n'ai toujours pas lu, j'attendais beaucoup de ce roman.
J'avoue que j'ai été déroutée au début. Je m'ennuyais un peu. Je me suis demandée si ce n'était pas encore LE LIVRE dont tout le monde parle et dit du bien, mais qui allait me laisser de côté. Il faut dire que j'arrivais d'Ys la magnifique et revenir sur terre a pris du temps.
Et puis, j'ai soudain réalisé que j'avais du mal à poser le livre, que mon coeur saignait pour ses personnages. L'émotion avait gagné.

Un été 84 où le procureur de la ville convoque le diable, un enfant noir qui répond à cette invitation, une chaleur insupportable qui s'abat pour de longues semaines sur la ville, une série de malheurs, il n'en faudra pas plus pour que Sal, le petit garçon venu de nulle part soit pris comme bouc émissaire.
Il y a effectivement beaucoup de malheurs qui s'enchainent, peut-être un peu trop, Trop de coïncidences, un peu forcées par moments. Cet enchainement, ces coïncidences m'ont perturbée au départ, puis je les ai oubliés prise par l'intensité du récit et la beauté de l'écriture. Je n'ai pas ajouté de citations, celles que j'avais notées y étaient déjà, mais j'ai été souvent frappée par la beauté des phrases de l'auteur.

On est en 1984, et le livre est parfaitement situé dans ce contexte. Racisme envers les noirs, arrivé du Sida, rejet des homosexuels, l'auteur met en lumière tous les travers d'une société américaine bien-pensante, où des gens bien sous tout rapport vont se laisser entrainer jusqu'au pire.

Celui qui raconte, devenu vieux, c'est le fils du procureur, celui qui va devenir l'ami de Sal, accueilli dans sa famille. Ils ont le même âge, et partagent tout comme des frères. Il est devenu vieux, mais n'a jamais pu oublier cet été où tout a fondu, cet été où il a tant perdu. Il aura aimé des femmes, il aura aimé un homme, mais ne s'autorisera jamais à être heureux, en souvenir de ceux qui n'ont pas eu la chance de l'être.

« Quant à la dernière, celle qui a produit les plus grandes éclaboussures… C'était la flaque laissée par mon innocence, et ses éclaboussures retombent encore dans le passé, comme elles retombent encore dans le présent, comme elles continueront à retomber dans cet immuable toujours, formant une mare, pour me ramener inlassablement en arrière »
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Parce qu'il voulait voir par lui-même, Autopsy Bliss, reprenant ainsi la définition exacte de son prénom, fait paraître, dans le journal local, en ce premier jour d'été, une petite annonce invitant le diable à venir à Breathed, dans l'Ohio. Si son fils, Fielding, âgé de 13 ans, est certain que son père ne va pas recevoir de réponse, ou au pire, à voir apparaître le diable telle une vision d'horreur, il est d'autant plus étonné de le croiser sous les traits de Sal, un jeune garçon noir attendant devant les marches du tribunal parce que, soi-disant, il y a été invité. Aux yeux étonnamment verts, habillé d'une salopette crasseuse, Sal lui dit être, en effet, le diable lui-même. Puisqu'il en va ainsi, Fielding lui propose alors de rencontrer son père... L'arrivée de Sal va bousculer les habitants de cette petite bourgade sur laquelle une vague de chaleur s'abat...
Aujourd'hui âgé de 84 ans, Fielding se rappelle ce fameux été caniculaire où tout a basculé...

Cet été 84 marquera à tout jamais Fielding Bliss et toute sa famille. Si la venue du diable en la personne du jeune Sal n'est pas bien vue par les habitants, certains événements étranges vont abonder dans le sens où, effectivement, ce jeune garçon pourrait bien être le diable en personne. Recueilli par la famille Bliss, sur qui Sal pourra compter, il deviendra pourtant le fauteur de troubles, celui par qui tous les maux s'abattent, en proie alors aux rumeurs les plus malfaisantes. Au fil de la confession du vieux Fielding, l'on se doute que cet été 84 a connu son lot de tragédies et de drames, sans toutefois en imaginer l'ampleur malgré la mélancolie et la tristesse qui habitent, bien des décennies plus tard, le vieil homme. Si l'on s'attache immédiatement à Sal, aux envolées et gestes lyriques et aux ailes arrachées, et Fielding, deux gamins particulièrement touchants, les personnages secondaires, forts et marquants, ne sont pas en reste, notamment Stella et sa maison-voyage, la maman du jeune garçon qui craint, pour une raison bien particulière, la pluie, Grand, le frère aîné et admiré qui cache un secret trop lourd à porter, ou encore Autopsy, ce père protecteur. Une galerie de personnages que Tiffany McDaniel dépeint avec une infinie tendresse. Avec justesse et émotion, elle écrit à merveille la force des liens familiaux et l'amour mais aussi l'homophobie, le racisme, la perte de l'innocence ou encore la maltraitance.
Un roman intense et bouleversant...
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C'est grâce à "Betty" que Tiffany McDaniel s'est fait connaître, en France tout du moins. Et c'est également grâce à ce succès que "L'été où tout a fondu", premier roman de l'autrice, est désormais paru en France. J'avais beaucoup aimé "Betty", j'ai adoré "L'été où tout a fondu" : une lecture intense qui m'a littéralement envoûtée.

Été 1984. Breathed, petite commune dans l'Ohio.
La famille Bliss : le père, procureur, qui cherche à comprendre et à lutter contre le Mal ; la mère, qui a peur de la pluie et ne quitte plus la maison au cas où il se mettrait à pleuvoir ; le fils aîné, populaire, joueur de base-ball éminent dans l'équipe de son lycée ; le second fils, notre narrateur.
Un jeune garçon, noir, recueilli par les Bliss et qui trouvera en eux la famille qu'il espérait tant. Mais son arrivée correspond avec celle d'autres évènements hors du commun, à commencer par cette chaleur torride que plus personne ne supporte. Il dit être le diable, il sera pris aux mots...

"L'été où tout a fondu" est ce que j'appelle un roman complet, tel que je les aime : un contexte et des circonstances dans lesquels se déroulent les événements bien implantés, des personnages complexes et aboutis, une ambiance générale clairement ressentie, une intrigue qui se veut de plus en plus addictive et émouvante, une écriture des plus agréables, poétique et travaillée. J'en ressors enchantée !

L'autrice nous plonge au milieu des années 1980, au coeur d'un été particulièrement chaud. Elle passe par le biais de Fielding, alors âgé de 13 ans à l'époque. Ce dernier nous conte son histoire, dont cet été 1984 qui a diamétralement changé son existence, ainsi que celle des membres de sa famille et des habitants de Breathed. La narration étant à la première personne, nous sommes au plus près des événements qu'il a vécus et de tous ses ressentis. C'est profondément intense, et de plus en plus au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.

Et d'autant que tout nous est parfaitement dépeint, notamment le contexte de l'époque et les thèmes abordés (homosexualité, homophobie, sida, racisme, adolescence, amitié, famille, superstitions et croyances, etc). On perçoit également l'atmosphère très chaude du moment, caniculaire, voire infernale, qui altère les actes et pensées de tout un chacun et qui est en partie responsable de la "folie" dont sont atteints certains protagonistes.

On devine certes assez tôt certains drames à venir, on se doute également que le dénouement sera plus ou moins tragique, l'autrice n'use que de peu de mystère et de suspense de ce côté-là. Mais l'intrigue, qui se veut de plus en plus dense, profonde, puissante, terrible également, n'en a pas besoin pour nous tenir quand même en haleine. Elle démarre tout en douceur, le temps pour l'autrice de mettre tout bien en place, elle nous happe en revanche assez rapidement. Intense, aussi bien dans les événements que dans les émotions, j'ai tourné les pages les unes après les autres sans m'en rendre compte.

Et puis qu'est-ce que j'ai aimé me retrouver dans la tête de Fielding, vivre les événements avec lui, ressentir ses moindres états d'âme. Qu'est-ce qu'il a pu me faire pleurer à la fin !

La plume de l'autrice, toujours aussi belle, n'y est pas pour rien non plus. Tout en poésie et belles descriptions, recherchée, envoûtante. Superbe.

Un roman abouti, émouvant autant que réaliste, intense, profond, au dénouement douloureux mais ô combien bouleversant... Un très beau coup de coeur !
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Quand un livre vous paraît touché par la grâce, cela peut tenir du miracle de la littérature. Mais quand c'est le cas des deux seuls romans écrits par un auteur / une autrice, ça tient clairement du génie. Sans l'ombre d'un doute.

Betty de Tiffany McDaniel avait été un coup de coeur absolu. Dans un tout autre genre d'histoire, mais avec la même splendeur narrative, son premier roman, L'été où tout a fondu, m'a laissé totalement béat d'admiration. Comme ça ne m'arrive presque jamais. Pas à ce point.

J'ai un amour infini pour son écriture, ses personnages, son imagination. Pour sa poésie, qu'elle soit sombre ou lumineuse.

J'avais raté la sortie de ce livre en 2019 aux éditions Joëlle Losfeld. Après le succès inouï de Betty, Les Éditions Gallmeister proposent une séance de rattrapage en republiant ce premier roman, avec une nouvelle traduction (j'ai aussi une grande admiration pour le travail de François Happe sur ce texte !).

Je n'irai pas par quatre chemins, ne ratez cette sortie sous AUCUN prétexte.

L'été où tout a fondu est d'une splendeur sans nom. Ne vous attendez pas à une copie de Betty, ce livre est unique, mais l'écriture est reconnaissable entre mille.

Le récit se déroule dans les années 80, ce qui ne doit rien au hasard. Fielding va, cet été de 1984, rencontrer son meilleur ami, et le Diable. Son père, procureur, le tente (le diable) en l'invitant chez lui par voie de presse, il déclenchera sans le vouloir des événements tragiques.

Tiffany McDaniel a une imagination débordante et une manière très imagée de raconter les histoires. Ne pensez cependant pas, à la lecture du résumé, qu'elle se lance dans une intrigue délirante.

Si cette histoire est pleine de fantaisie, c'est pour mieux parler d'une famille et d'une communauté dans cette petite ville où tout le monde se connaît. Et où une canicule inédite s'abat durant de longs mois.

De quoi échauffer les esprits. Des conditions extrêmes qui font ressortir le meilleur et le pire de chacun. le final dira qui, du bien ou du mal – intrinsèque combat de l'Homme – vaincra à la fin.

Ce roman est bien plus sombre que Betty, mais d'éblouissants traits de lumière parsèment cette histoire magnifique. Par la grâce de l'écriture, sublime. Par les personnages, inoubliables. Et par les liens forts qui se tissent entre certains d'entre-eux.

Un vrai roman noir, qui est autant une photographie de ce que peut être une partie de l'Amérique, entre entraide et communautarisme, où le rejet de certains du fait de leur couleur de peau ou de leur orientation sexuelle reste bien ancré.

Pas de bol, le jeune gamin qui surgit de nulle part est noir.

Croyez-moi sur parole, c'est un personnage que vous n'oublierez pas. Jamais. de ces protagonistes rares qui marquent l'esprit, par son caractère atypique autant que par le lyrisme qui se dégage des passages qu'il traverse. C'est autant son comportement singulier que sa couleur de peau qui vont déclencher des réactions violentes autour de lui. On n'aime pas la différence dans ce coin du pays.

Même s'il garde les pieds ancrés sur terre, le roman est sublimé par l'imagination et la manière de raconter de l'écrivaine.

Avec des passages qui tiennent autant du conte que du récit de vie. Où son écriture symbolique et figurée embrase les pages, fait bouillonner les sensations, rougeoyer les personnages.

Cette histoire d'une perte de l'innocence a fait vibrer chaque parcelle du lecteur que je suis.

L'été où tout a fondu est un roman brûlant d'émotions, qui colle à la peau de manière indélébile. La noirceur du propos est admirablement contrebalancée par une sensibilité unique.

Avec seulement deux romans, à tout juste 37 ans, Tiffany McDaniel entre dans mon « Hall of fame », la liste de mes 10 auteurs préférés. C'est dire à quel point je suis subjugué par son talent.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Pour dénoncer le racisme et la bigoterie, Tiffany McDaniel se fait poétesse, conteuse, adopte le regard de deux enfants dont l'innocence fond trop tôt, trop vite. Douloureux, poignant, ce livre est aussi doux que dur, beau et pur que noir. Ses deux jeunes héros ont une candeur pourtant avisée, sage, qui rend chacune de leur action plus touchante. L'issue se devine mais n'en arrache pas moins le coeur, un brasier méphistophélique le réduisant en cendre (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/08/29/lete-ou-tout-a-fondu-tiffany-mcdaniel/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Chouette Tiffany McDaniel a sorti un deuxième roman ! J'apprends que non, c'est le premier qu'elle a écrit. Betty est le deuxième. Bon, peu importe puisque les deux sont très bons ! Comment est-ce possible d'avoir autant de talent ? On retrouve bien les thèmes propres aux écrivains américains pour parler de leur continent : le diable, la religion, les armes, la violence, le racisme, l'effet de meute. le narrateur est Fielding, homme âgé aujourd'hui, et qui revient à l'année 1984 alors qu'il avait treize ans comme ce jeune noir qui s'est présenté chez eux, suite à une annonce passée par son père procureur qui invite le diable à venir dans sa ville. L'arrivée de Sal coïncide avec la canicule et où catastrophe sur catastrophe vont se succéder. Faut un coupable. Il est évident qu'il sera le bouc émissaire rêvé. Des moments forts, de belles relations entre chaque personnage aux particularités singulières. Compliqué de grandir avec un grand frère aux moeurs que la morale réprouve, avec ce nouvel ami plein de connaissances, avec cette mère qui cultive les roses et ne voyage que de chez elle, ce père qui... C'est travaillé, recherché, bien analysé, intelligent, talentueux, grandiose quoi !
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