La saga Vorkosigan, tome 4 : L'apprentissage du guerrier

Une mercenaire leva sagement la main, comme un gosse demandant la parole à la maîtresse d’école.
- Oui, recrue novice Quinn ?
- Quand aurons-nous des copies du règlement dendarii ?
Miles eut la sensation que son cœur s’arrêtait net. Il n’avait pas du tout pensé à ça. La requête était tout à fait légitime et raisonnable. L’officier modèle pour lequel il cherchait à se faire passer connaissait probablement le règlement par cœur, en avait fait son unique livre de chevet, ou quelque chose de ce genre… Il sourit avec un aplomb qu’il était loin de ressentir.
- Demain, assura-t-il, la bouche sèche. J’en ferai distribuer une copie à chacun d’entre vous.
Une copie de quoi ? Je trouverai bien d’ici là…
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- En principe, nous ne formons pas de recrues, particulièrement à partir d’une matière mal dégrossie. Après votre prestation d’hier, je n’aurais personnellement eu aucun scrupule à vous éliminer, purement et simplement, pour améliorer d’un cran la tenue militaire de ce vaisseau.
Il les défia farouchement du regard. Ils avaient l’air nerveux, inquiet. N’était-ce pas une expression de chien battu, qu’il apercevait, au fond ? Il passa la vitesse supérieure.
- Mais on m’a imploré de vous laisser la vie, pour une question d’honneur, et cette requête, messieurs, m’a été faite par le meilleur soldat qui soit, meilleur que vous ne le serez jamais…
Il jeta un regard appuyé à Elena, qui, préparée, releva fièrement le menton dans une position plus au moins règlementaire, indiquant que c’était à elle qu’ils devaient cette mansuétude hors u commun.
Pour être honnête, Miles se demandait si elle n’aurait pas quand même pris plaisir à balancer elle-même Auson, au moins, par le sas le plus proche.
Toutefois, maintenant qu’il lui avait confié le rôle du « capitaine Elana Bothari, mon commandant en second et instructrice en combat à mains nues », il lui était apparu qu’il avait posé les bases idéales d’un petit numéro de bon flic – méchant flic.

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Les cabines de l’équipage se révélèrent, aux yeux de Miles, un véritable cadeau du ciel. Bothari se chargea de la fouille. Son flair pour dégoter les preuves accablantes de relâchement et de vices cachés frisait le surnaturel. Il avait sans doute connu toutes les combines, en son temps. Quand il dénicha les bouteilles de l’alcoolique, Auson et Thorne parurent trouver ça tout naturel. De tout évidence, l’homme était identifié et toléré, car plus ou moins opérationnel. En revanche, les deux fumeurs de joints de kava provoquèrent une surprise générale. Miles s’empressa de confisquer le stock. Néanmoins, il abandonna magnanimement à un autre soldat sa remarquable collection d’accessoires sexuels thérapeutiques, et se contenta de demander d’un air amusé à Auson s’il commandait un croiseur ou un vaisseau de croisière. En son fort intérieur, Miles lui souhaita cordialement de passer la journée à réfléchir à de cuisantes répliques, qu’il serait trop tard pour lancer.

- J’ai trouvé le moyen pour les empêcher de comploter ensemble pour récupérer leur vaisseau. Je veux que ces deux types nous prennent pour une sorte de commando de super-mercenaires.
- Ils ne marcheront jamais.
- Ils marcheront, sergent. Ils en redemanderont, même, tu verras. Tu ne vois pas que ça ménage leur amour propre ? Nous les avons eus, pour le moment. A ton avis, qu’est-ce qu’ils préféreront croire ? Qu’ils ont affaire à des pros, ou qu’eux-mêmes sont une bande de ratés ?
- C’est évident non ?
- Alors regarde bien la suite, sergent !
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Lord Miles Naismith Vokosigan. Métier : danger pour la sûreté de l’Etat. Hobbies : tombe des murs, fait mourir les vieillards de chagrin, fait pleurer les filles…