Elle change souvent de ville, souvent de métier, souvent de compagnon, et fuit les amarres comme ses parents avant elle.
La souffrance est sans motif, seule l’espérance possède un fondement. Je le répète pour bien m’en imprégner : la souffrance est sans cause, il n’y a que dans l’espérance que l’on peut puiser.
Il m’a fait forte impression. Je pense que seuls les Parisiens, et plus particulièrement les hommes d’un certain âge, possèdent cette prestance, cette aura naturelle qui les rend à la fois si distingués et en même temps si graves ; on a l’impression de se retrouver face à des comédiens de prestige, des acteurs dramatiques qui déclament leur texte et jouent leur rôle à la perfection. Sauf qu’il ne s’agit pas de fiction ni de théâtre, mais bien d’un sens inné de l’aisance, de la belle phrase et du bon goût.
Son regard fin et aiguisé laissait percevoir une longue fréquentation des choses humaines, et du bonheur qu’il y a à se divertir de tout ce qui sort de l’ordinaire.
L’homme est comme un chien attaché à une charrette ; libre à lui de la suivre dignement, ou de se laisser traîner !
La vie est un taureau qu’il faut empoigner par les cornes et laisser foncer dans l’arène.
Pour Sénèque, les douleurs, la souffrance ne sont pas des afflictions, mais bien des obstacles qui forgent, endurcissent et nourrissent l’homme qui aspire à la sagesse, et qui sont autant de présents faits par la divinité pour éprouver – et ainsi rendre meilleurs – les hommes qu’elle aime.
On se méfie de la foi comme d’une vieille affection tout juste guérie, et on traite les croyants avec cette distance ironique où perce le mépris ; des reliquats d’un vieux monde voué à disparaître, des ennemis du rationnel et de la modernité, voilà ce qu’on pense de l’idée de Dieu et de ceux qui s’y vouent.
Malgré la mort, le drame inéluctable, les voix s’élèvent jusqu’aux nuages et refusent d’abdiquer ; aux morts et à ceux qui restent, à la foule anonyme qui n’y comprend rien répond cette voix de gemme, entêtée, qui fredonne et susurre un sens que la raison ne peut percevoir ; c’est la mélodie du vent, la transcendance des tonalités, l’ultime expression de notre humanité qui, d’un chant extatique, répond au néant.
Son chant est déchirant, ses yeux sont fermés, sa tête parle au ciel et du tréfonds de son corps on sent monter toute la détresse et l’angoisse, mais aussi toute la confiance envers cette vie qui finira par s’interrompre.