AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 397 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'Italie, les années 1970. Et puis cette île battue par les vents où sont incarcérés dans une prison de haute sécurité le mari de Luisa et le fils de Paolo.
Luisa, magnifique portrait de femme, agricultrice, 5 enfants, un mari violent qui sera la cause de la mort de 3 personnes, une femme qui ne se plaint jamais, ne connait pas vraiment la tendresse mais le poids du travail, qui n'a pas le temps de rêver et va voir « son homme » par devoir. Paolo, professeur de philosophie, qui a élevé son fils dans les idées de liberté et qui, en quelque sorte, le poussera lui-même dans les idées de révolution sauf que lui en fera des actes mortels. Paolo porte en lui la culpabilité des actes de son fils et de celle de la mort de sa femme qui s'est laissé mourir.
Après que chacun a visité leur proche, ils ne peuvent repartir à cause de la tempête qui empêche le bateau de venir les chercher. Ils sont alors pris en charge et hébergés avec un des gardiens de la prison, Nitti. Et je dirais bien : c'est tout. Car tout est dans la subtilité des ressentis de ces êtres déchirés mais qui vont trouver dans cet espace-temps limité, l'écoute, la tendresse qu'ils avaient perdus de vu et repartir chacun de leur côté mais transformés.
C'est très fort, la langue est belle, on y ressent les parfums de l'île, les embruns mais aussi les chagrins de cette vie qui ne les a pas épargnés mais ce ne sont pas du tout des êtres tristes, non, éborgnés, fatalistes, mais beaux, courageux, pudiques. Ce n'est pas un livre lourd, plombant, sordide, mais au contraire, Paolo et Luisa illuminent chaque page de leur merveilleuse humanité.

Commenter  J’apprécie          110
J'ai découvert Francesca Melandri avec "Eva dort" que je suis en train de lire en italien.

Dans "Plus haut que la mer" comme dans Eva dort plusieurs histoires semblent se croiser jusqu'à n'en former qu'une : Différents personnages et différentes époques qui finissent par raconter une seule histoire.

Le livre parle de personnes confrontées à l'emprisonnement de leurs proches, leur fils ou leur mari sur une île.

A cause d'une tempête 2 personnes, un homme et une femme sont contraintes de rester sur l'île pour la nuit. C'est une situation inattendue pour eux mais aussi pour l'administration pénitentiaire. C'est un gardien qui est responsable d'eux sans autre consigne que de ne pas les laisser seuls.

C'est aussi un livre des années de plomb italiennes.

C'est un livre très touchant, facile à lire mais très prenant.

Un gros coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a des livres comme ça, qui vous transporte dès les premières pages. Des livres qui vous offre une parenthèse à en oublier votre quotidien. Dès les premières pages, vous le sentez, vous le savez que ça va matcher. Tout y est, le huit-clos où les personnages peuvent être pousser à leur paroxysme, l'histoire dramatique qui nous dépose leur peine et leur fragilité et l'écriture qui les sublime.

Luisa et Paolo se rendent sur une île méditerranéenne. L'ambiance n'est pas au rendez-vous et pour cause, ils vont rendre visite à un de leur proche emprisonné. C'est une prison de haute sécurité et quoi de mieux qu'une île pour empêcher toute tentative d'évasion. Seulement, un incident et une tempête va les empêcher de prendre le bateau retour. Ils n'ont pas le choix, ils vont devoir passer la nuit sur l'île et c'est Nitti, agent carcéral, qui est en charge de les surveiller car il ne faudrait pas que ce soit un coup monté.

Je ne vous en dirai pas plus, juste que cette histoire m'a collé à la peau. Et puis, il y a une telle justesse de ton que j'ai oublié que Paolo, Luisa et Nitti étaient des personnages de fiction. Si ça s'appelle pas un coup au coeur, ça ! Malgré la dureté de leur vie, Francesca Melandri apporte, avec la rencontre de ses trois personnages principaux, une note de douceur. Et plus particulièrement pour Luisa et Paolo qui se reconnaissent à travers leur douleur, à tel point qu'ils se comprennent sans se parler. La rencontre entre ces deux-là est loin de toute mièvrerie. Il est question de délicatesse et de pudeur, c'est élégant.
Commenter  J’apprécie          234
Quelle belle écriture, quelle belle histoire, avec aussi en toile de fond, un partie de l'histoire italienne. Voici l'histoire à grands traits : un homme et une femme meurtris par la vie croisent leurs destins pendant deux jours, sur une île de la Méditerranée. Un lieu à la beauté sauvage, où lumière, mer, vent et parfums devraient enivrer les sens. En réalité, cette île aux horizons infinis est une prison de haute sécurité, avec ses espaces confinés, ses règles rigides et ses prisonniers à l'isolement. Luisa et Paolo, les protagonistes, y débarquent un jour de 1979 pour rendre visite l'une à son mari, l'autre à son fils. le fils de Paolo faisait partie de ces Brigades Rouges, il a tué de ses mains et fut jugé et condamné, le mari de Luisa a lui aussi été condamné pour meurtres. Même si cela n'en est pas vraiment le sujet, l'histoire se situe en 1979 et évoque les années de plomb qui plongèrent l'Italie dans le sang.
Je partage quelques lignes (mais ne vous fiez pas à ces lignes très politiques, le livre est un vrai roman.) Seulement ces lignes résonnent très fort, ici et maintenant. le parallèle est tentant, même si les circonstances n'ont pas grand-chose de commun.

« Il manque beaucoup de choses ici, il n'y a que le mot. »

(…)

Le premier était sûrement « révolution ». Qui n'est pas laid en soi, pensa Paolo, comme chose et encore moins comme mot. Bien au contraire. Il est laid, si, justement, il n'y a que le mot et pas la chose. En France, en 1789, il y avait le mot et la chose aussi. En 1848, le mot se répandit dans toute l'Europe, mais surtout la chose. En Russie également, en 1917, il y avait les deux, comme à Cuba en 1959. Mais dans l'Italie de 1979, le mot « révolution » avait beau être scandé, polycopié, écrit sur les murs de façon presque obsessionnelle, la chose, non, la chose n'existait pas. Les gens n'avaient pas empoigné leurs fourches, les électeurs n'avaient pas cessé de voter, les citoyens ne mettaient pas le feu au Parlement.
Ce n'est que l'année d'avant, lorsque l'homme d'État avait été enlevé et que son escorte avait été assassinée au cours d'une action militaire efficace et impitoyable, que beaucoup de gens pensèrent que la révolution allait éclater dans le pays. Il n'en fut pas ainsi. On donna un autre nom à ce qui se passait : « violence ». Et le pays pleura les victimes.
C'est ainsi que Paolo expliquait les choses. C'était simple, au fond. Quand la chose correspond au mot, on fait de l'Histoire. Mais s'il n'y a que le mot, alors c'est de la folie. Ou bien tromperie, mystification.
Et puis, que leurs mots étaient donc laids ! Ils pullulaient dans leurs tracts, dans les dépositions au tribunal, dans ses entretiens avec son fils. Paolo apprit « qu'attentionner » voulait dire : recueillir des informations sur les victimes de futurs attentats. « Se compatimenter » : ne rien savoir l'un de l'autre dans la clandestinité. « Autofinancement » : hold-up. « Prolétariat » : eux et leurs sympathisants, indépendamment de la classe sociale. « Superfétation idéologique »: là, Paolo avait jeté l'éponge – il n'avait jamais compris ce que cela signifiait réellement.
Et les phrases toutes faites : « de la force de la raison à la raison de la force ; élever le niveau de l'affrontement ».
(…)
La misère de ce langage. La laideur. L'auto-illusion. »

J'ai refermé le livre plein d'une émotion indicible, l'histoire de ces deux êtres meurtris, leur rencontre dans ce lieu improbable. L'histoire de Nitti Pierfrancesco, gardien de cette prison très spéciale, dont on ne sort pas si l'on est « chamois » (détenu) et dont on se sort pas indemne quand on est maton...
29 mai 2019 à 18:21
Commenter  J’apprécie          50
Commencé un soir, fini dans la nuit, pas pu lâcher ce petit bijou.
Le début (avec la présentation des personnages au lecteur) est magnifiquement construit, puis l'histoire se développe à petites touches pleines de finesse et de sensibilité. On saisit doucement la vie des différentes personnes qui se croisent, on les suit pendant quelques heures sur cette île-prison. le temps et le lieu créent un arrière-plan de dureté, qui contraste avec la douceur de l'écriture et des émotions qui transparaissent.
Un très beau livre.
Commenter  J’apprécie          121
Une ile, qui n'est pas l'ile du nègre, d'Agatha Christie, mais que la tempéte la aussi va couper temporairement du continent. Circonstances, qui, après la visite au pénitencier, va forcer Paolo, le vieux prof de philo, et Luisa, la simple paysanne, a accepter l'hospitalité forcée, dans la maison de Muti, le jeune maton, personnage qui se révèle plein d'humanité.
Paolo a démissionné de son poste de professeur depuis qu'il sait que son fils a tué, au nom des brigades rouges. Pour lui, c'est le désaveu de toute son éducation humaniste, des cours qu'il donnait; surtout depuis qu'un de ces étudiants, de plus brillant, lui a avoué qu'il tenait son fils en estime. A quoi bon apprendre des humanités?
. Luisa, elle, vient voir son homme qui purge un meurtre lié à une affaire de droit commun, vient par devoir. Cette femme sensible, et intelligente, victime d'un mauvais mariage, est en fait soulagée de l' incarcération de son époux, tant cet homme violent et frustre l'a terrorisé des années durant.
L'amour qui nait entre eux n'a rien à voir avec une comédie italienne, ni avec la chair. C'est bien plus profond que cela, explorant à la fois les bas fonds de la mer, et l'écume qui en dépasse. Un livre qu'on oublie pas, qu'on a envie de relire, tant il fait du bien, et soigne, de par son écriture, où la simplicité des phrases et des non dits qui effleurent, sont bouleversants.
Commenter  J’apprécie          50
Superbe roman, subtil et politique, fascinant de maîtrise. Je vais suivre cette auteure qui est aussi scénariste. Un peu trop scénariste peut-être et c'est le seul mini-reproche que je lui ferait : elle conduit son lecteur jusqu'au bout de l'histoire y compris 30 ans après ! Sans laisser le lecteur imaginer d'autres fins possibles, mais après tout, c'est le goût actuel. Mais comme elle sait bien montrer au lieu de dire, un vrai talent de scénariste et une grande économie de personnages.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
Commenter  J’apprécie          40
Magnifique roman, sorte de fable moderne assortie d'une belle leçon d'espoir. Beaucoup d'humanité et de profondeur.
Commenter  J’apprécie          00
Excellent roman, pudique et attachant.
Commenter  J’apprécie          10
« L'histoire se fait avec les armes. La philosophie avec les idées. »

Sur une île prison au large de l'Italie, bloqués par une tempête trois inconnus vont se confier et tisser des liens. Ainsi Paolo et Luisa qui viennent visiter des prisonniers, l'un son fils meurtrier politique récidiviste, l'autre son mari violent coupable d'avoir tué deux hommes, et leur garde sur l'île, Nitti, n'hésiteront pas à révéler leur fêlures à leurs compagnons d'une nuit.

Soucieuse de montrer la face obscure de l'histoire italienne, partant d'histoires individuelles, comme dans ses romans, Eva Dort et Tous sauf moi, qui en révèlent d'autres épisodes peu glorieux — l'annexion du Haut Adige (Tyrol du sud) et la colonisation brutale éthiopienne sous Mussolini, les années Berlusconi, la tentation de la droite extrême et la crise des migrants, pour ne citer qu'eux — dans Plus haut que la mer Francesca Melandri met en scène les années de plomb. Epoque où la violence aveugle qui a endeuillé son pays était selon son héros, Paolo, celle de révolutionnaires usant de mots creux, symptômes de la misère de leur langage et de leur engagement.

Toujours en quête de vérité, Francesca la militante livre un roman historique profondément humain. À une époque politiquement violente où les actes perpétrés étaient choquants, ses personnages malmenés par la vie nous émeuvent, tout comme la nature qu'elle suggère magnifique et indomptable.
Commenter  J’apprécie          793




Lecteurs (740) Voir plus



Quiz Voir plus

Plus haut que la mer

Lors d’une sortie, avant de se marier, qu’est-ce que Luisa avait demandé à son futur époux?

De regarder l’horizon
De se taire pour écouter le bruit du vent
De courir avec elle
De l’embrasser

4 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : Plus haut que la mer de Francesca MelandriCréer un quiz sur ce livre

{* *}