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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chronique d'un polar historique où passé et présent se font écho.

Durant l'hiver 1835, sous le règne de Louis-Philippe. Dans un Paris rongé par la misère et les attentats, la police enquête sur un tueur d'enfants, issus des quartiers miséreux. Tous les indices orientent Allard, chef de la Sûreté, et son adjoint vers Lacenaire, le célèbre poète assassin. Incarcéré à la Conciergerie, celui-ci passe ses journées à recevoir des visiteurs et rédiger ses Mémoires. Un autre crime se produit, révélant davantage de similitudes avec ceux commis jadis par Lacenaire.

Lire un roman de Michaël Mention, c'est avoir la garantie de passer un bon moment et surtout de retrouver une grande qualité de plume. Alors je vous l'accorde, ça fait un peu groupie, pour autant, vous me connaissez maintenant et vous savez que je reste objective, quel que soit l'auteur. Que ce soit un copain, une connaissance ou un ami, en matière de chronique, je suis incorruptible !
Dans La voix secrète, j'ai retrouvé avec plaisir le style de Michaël. Des phrases courtes, le plus souvent, une écriture dynamique et, bien que le sujet soit ici historique, il arrive à y mêler des réflexions plus personnelles et plus générales qui font écho à notre époque. Il utilise des images et métaphores sans en abuser, et le ton général ne sent ni la poussière, ni le vieux bois bien que nous soyons projetés en 1835 et 1836. Autre point fort de ce roman, sa construction, avec deux points de vue narratifs. Pour les uns, un narrateur omniscient, pour les autres, un Lacenaire sûr de lui, égocentrique, orgueilleux mais diablement intelligent. Les autres personnages ne sont pas en reste. Brossés avec soin, on s'attache à la bienveillance d'Allard et au mal être de Canler. Pas de description physique précise, en revanche, une plongée dans leurs psychés et leurs état d'âmes qui les rend « vivants ».
L'auteur profite de l'intrigue pour nous décrire l'intérêt de la science pour les criminels. Déjà, à l'époque, cette dernière se devait de tout expliquer. Si les méthodes nous paraissent dorénavant incongrues, il est assez amusant d'apprendre qu'une simple bosse pouvait vous définir en tant que tueur et si aujourd'hui les moulages ont laissé la place aux IRM, cette fascination pour le côté obscur de l'être humain demeure.
Autre interpellation, l'état de la société française de l'époque. Bien sûr, l'auteur n'a rien dénaturé, au contraire, il décrit le climat avec justesse, mais comme beaucoup d'entre nous, je pense que j'avais oublié à quel point l' Histoire n'est qu'un éternel recommencement. Alors certes, je vous entends déjà me dire qu'il y a eu beaucoup d'améliorations, je vous l'accorde bien sûr. Mais comment ne pas voir dans cette France postrévolutionnaire des similitudes avec les débats sociaux actuels ? Privilégiés et nantis se battent pour conserver leurs avantages tandis que d'autres cherchent uniquement à survivre… La France « d'en bas » contre celle « d'en haut »… N'y voyez pas une position politique, juste une image générale. Je grossis le trait volontairement, toutefois, ce serait se voiler la face que de ne pas y trouver quelques similitudes, même si la République a vaincu la Monarchie… ( En 1836, nous sommes sous le règne de Louis-Philippe 1er qui sera visé par de nombreux attentats perpétrés par des républicains ).
Un des thèmes abordés au moyen de l'histoire: le choc post-traumatique et ses conséquences. Un sujet plus que jamais d'actualité. Au travers d'un personnage clef, Michaël décrit les conséquences d'un traumatisme d'ampleur et ce sans pathos, ni excès.
Côté intrigue, pas de doute, nous sommes bien dans un polar historique. Des meurtres, des policiers, un ou des tueurs (hors de question de vous révéler quoi que ce soit), et une enquête qui vous fera découvrir le Paris de l'époque et notamment la Conciergerie, Châtelet et ses halles…
Enfin, je dois vous avouer que le choix de l'extrait choisi pour cette chronique n'est pas anodin. Ecrire est un exercice difficile. J'ai souvent entendu « tu ne peux pas faire ça », « ce doit être comme ça »… Au diable le conservatisme, les règles vous enferment dans un carcan et font de vous des copies qu'on forme et déforme au point d'en perdre votre identité. Si vous écrivez, faîtes nous rêver. Libérez-vous des contraintes et emportez nous dans votre univers ! Ce choix, Michaël Le fait pour ses romans. Si vous vous penchez sur son oeuvre, vous verrez qu'il est un touche à tout et que, le plus souvent, il met dans le mille. Roman contemporain, polar historique, roman noir… Découvrir ses livres est un plaisir parce qu'il se renouvelle à chaque fois et ce pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
S'il fallait un dernier mot pour vous convaincre, La voix secrète est un polar historique à l'intrigue bien menée, une construction qui apporte rythme et tension narrative, des personnages bien campés et des thèmes plus que jamais d'actualité, le tout porté par la très belle plume de son auteur.
Lien : https://quandophelit.com/202..
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Le compte rendu de Julie.


Un roman noir et un tueur qui n'épargnent pas la société 
En effet, Lacenaire incarcéré en écrivant ses mémoires n'épargne pas la société, il n'a pas sa langue dans sa poche en étant franc et n'a pas peur de dire ce qu'il pense. On ressent une ambivalence avec ce personnage d'autant plus que Pierre-François Lacenaire a réellement existé et était un poète et un assassin du XIXème siècle, on ne peut pas l'adorer après ce qu'il a fait mais on ne peut pas le détester non plus en plus qu'il va se montrer être d'une grande aide pour la police.
Sa relation avec le policier Allard est touchante, on comprend Allard qui compatit pour son ami Lacenaire même s'il peut dépasser les bornes contre ses supérieurs. 
L'enquête d'enfants disparus et tués cause du fil à retordre aux flics ainsi que pour nous lecteur, ainsi je n'ai rien vu venir et j'ai douté de plusieurs personnages. Cependant, attention aux âmes sensibles surtout ceux qui sont touchés par la cause des enfants car les enfants ne sont pas épargnés dans cette enquête, moi cela ne m'a pas gêné en n'étant pas une âme trop sensible. 
Un autre flic va se montrer ambiguë Canler que j'ai particulièrement aimé mais on va  aussi détester certains personnages mais je vous en dit pas plus pour pas spoiler. 
En conclusion, je vous conseille "la voix secrète" de Michaël Mention, un polar historique et roman noir qui joue avec nos nerfs où on est également dans la tête d'un assassin qui écrit ses mémoires. Grâce à ce livre, j'ai découvert des personnes et des faits historiques dont je ne connaissais pas?
Je remercie Geneviève pour le concours " La Millième chasse au livre spéciale Noël" qui m'a permis de le gagné, ça a été une excellente découverte.
Foncez le découvrir à votre tour 
Lien : https://collectifpolar.com/
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"Paris, la royale, Paris l'animale, Paris, l'opulente capitale."

Avant d'être Paris ville lumière, Paris fût sombre et crasseuse. Dangereuse et mortelle. En cet hiver 1835, un tueur d'enfants sévit dans les quartiers miséreux.


Allard le chef de la sécurité se retrouve sur l'enquête. Certains indices le mènent dans une direction opposée à ce qu'il ressent. Il va tenter de se faire aider par Lacenaire, un poète assassin incarcéré à la conciergerie où il écrit ses mémoires.

" La vie est si morne, Il faut bien s'amuser un peu. Sinon, c'est la mort. La véritable mort, pas celle de l'échafaud, mais celle qui tue l'esprit. "

Paris, déjà rongée par la misère et les attentats, se retrouve plongée dans la torpeur. le mal rôde et assassine des enfants innocents.


La plume incisive de l'auteur voyage miraculeusement du passé vers notre présent. Un éternel recommencement pour certains faits de société. 1835 pourrait très bien être 2017...une manière comme une autre pour piquer là où ça fait mal .

" Je vis d'un côté une société de riches s'endormant dans ses jouissances et calfeutrant son âme contre la pitié ; d'autre part, une société de misérables qui demandaient le nécessaire à des gens qui regorgeaient de superflu. "

Michaël Mention en s'inspirant de la Vie de Pierre-François Lacenaire, nous offre un magnifique roman historique noir en traitant l'intrigue sous un angle moderne.


Une histoire dans L Histoire avec un style qui mérite les lauriers et La " Mention " trés bien.

Michaël Mention , un auteur de talent qui sait aisément se diversifier dans ses écrits avec brio et toujours avec un réalisme surprenant quelque soit l'époque où Il nous embarque.


Une fois de plus, je suis tombée sous le charme de sa plume, de son style, de ses descriptions majestueuses, de ses personnages toujours attachants et forts. À chaque écrit, il me fait chavirer par sa façon de sublimer le Noir.


Un auteur incontournable dans l'univers du Noir à lire absolument.
Né en 1979, Michaël Mention est romancier et scénariste. Passionné de rock et d'histoire, il accède à la reconnaissance avec Sale temps pour le pays (Grand Prix du roman noir français au Festival de Beaune en 2013), … Et Justice pour tous (Prix Transfuge du meilleur espoir polar en 2015), tous deux parus dans la collection Rivages/noir, ainsi que Jeudi Noir aux éditions Ombres Noires.

Lien : http://dealerdelignes.wordpr..
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Un thriller haletant et intense qui se lit avec une facilité que l'on a du mal à croire vu que c'est un roman historique et que le début est fort.
Autant historique que bibliographique, la vie de Lacenaire, tueur par plaisir, le roman nous emmène sur les traces d'un copy cat mais qui ne sera pas le bon, puisque après la pendaison des deux hommes dit"les tueurs", d'autres corps seront découverts.
Alors est-ce que l'une des vérités annoncée par Lacenaire, est-elle la bonne?
Nous n'ont seront pas plus....
Un roman intense et très bien ficelé.
Une partie historique très documentée.
J'ai adoré ce roman et ce premier livre de cet auteur connu.
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La voix secrète de Michael Mention a été l'opportunité pour moi de découvrir cet auteur qui monte , et qui fait de plus en plus parler de lui. 

Dans ce petit polar , l'auteur nous plonge dans le Paris du 18éme siècle. Un assassin sévit et assassine avec une cruauté sans égale en reproduisant les crimes du célèbre Lacenaire , emprisonné à la Conciergerie. Désireux d'arrêter le coupable , Allard , policier et ami de Lacenaire , va être contraint de repousser toutes les limites pour retrouver le coupable. A qui faire confiance ? 

Ce qui frappe dans ce roman au-delà de l'enquête policière , est l'atmosphère. Bien documenté et précis dans ces descriptions , l'auteur nous entraîne littéralement dans le quartier des Halles de Paris. On peut presque sentir les effluves des commerces ,et s'imaginer parcourir ces rues étriquées, sur la piste du meurtrier. L'écriture très fine de Michael Mention rend cette époque palpable et vivante. 

Le deuxième élément frappant est la capacité des personnages à se rendre sympathique. Même Lacenaire, meurtrier sanguinaire et détestable se montre tour à tour prévenant, sympathique , cajoleur , manipulateur, effrayant, peut-on le croire et lui faire confiance ? 

Et bien sur l'intrigue est à l'image de la ville, labyrinthique, sombre et brumeuse , mais qui sait de la brume apparaitra sans doute la lumière. A vous de découvrir, ce bon polar sur fond d'histoire de France . 
Lien : http://livresforfun.overblog..
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1835-1836

« Moi, je regrette que tous ces gens ne sachent pas lire pour savoir combien je les méprise. »
page 15, Lacenaire

Tout d'abord un lancement en 2 chapitres chargé à bloc en intensité, pour introduire l'histoire !
Dans lesquels vous découvrirez le personnage, un poète du début du XIXe, un assassin engagé contre le régime et la bourgeoisie en place : « J'ai agi de la sorte pour punir cette France de l'hypocrisie. le crime est franc et pur, ce que ne seront jamais le civisme et la bienséance. » (p.54) ; exécuté comme de coutume à l'époque, à la guillotine. Schlak !
Soulignons la grande complicité avec son ami l'inspecteur Allard, responsable principale de l'enquête ; celle des meurtres en série : des enfants de moins de 10 ans sauvagement assassinés et décapités.
Avant son exécution, à la conciergerie, l'intellectuel censé et entier qu'était Pierre-François Lacenaire prit le temps d'écrire ses mémoires. En parallèle, il participait à l'enquête des enfants à la tête tranchée.

L'ambiance historique est celle aussi d'une époque chaude.
Celles des attentats ratés contre Louis-Philippe, celui-ci étant peu apprécié à cause de la mouvance « pro républicaine » entre autres ; que dire des tentatives d'assassinats à répétitions avec des dommages collatéraux importants ? C'est la naissance de la République française et des moyens audacieux, sans scrupules et vicieux pour y arriver. À contre-courant, la radicalisation du roi en place pour maintenir son pouvoir, tel un président de notre temps, ajoutait de l'huile sur le feu. C'est l'image d'une France qui étouffe l'église et poursuit ses traditions comme la fête de Noël devenue vacances d'hiver… Une France qui saigne pour se libérer.
Court et fort de sens, entre hier à l'aube de la France décomplexée et aujourd'hui la grande fragile.


Critique visionnaire, acerbe, sur l'homme…pointant du doigt les comportements condamnables de l'être humain, en avance sur son temps, il dénonce avec folie et conviction.
« N'en déplaisent à mes admirateurs et à mes détracteurs, je ne suis ni un Robin des Bois, ni un opposant de plus à Louis-Philippe. Mon idéal, c'est moi, envers et contre vous. Je n'ai mené qu'un combat, celui de me préserver de votre morale, de votre roi et de votre dieu. Voilà, c'est dit. » P218

Lacenaire est un Nietzche enfermé, un Socrate qui va boire la ciguë, tous échappés de l'année 2017!
« Hommes, est-ce ma faute si je vous ai vus tels que vous êtes ? » (p64)

La voie secrète, ce sont les mots utilisés pour discréditer Lacenaire, pour transformer sa parole, jusqu'à ne plus savoir si ce qui est écrit l'est de sa propre main, c'est le chemin pris par son manuscrit…
donc, vous rencontrez une parcelle intrigante. La censure entraînant une sorte de rumeur sur un personnage capable de gêner un courant de pensée… La mystérieuse voie de la vérité.

Léger et riche, suspens de mise, chasse à l'homme stressante, réflexion très à propos avec nos jours agités, simplicité étincelante, exercice d'écriture exemplaire.
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Dans cet excellent roman thriller historique et biographique on suit les derniers mois de vie de Lacenaire, célèbre meurtrier et escroc sous le règne chahuté de Louis Philippe. Lacenaire est un psychopathe gentleman et philosophe, nihiliste et partageant avec nous sa vision pessimiste du monde, de la France et de la condition humaine. On s'attache de suite à lui et à sa personnalité atypique alors qu'il rêve de vivre enfin son « suicide par la guillotine » et ce malgré ses crimes et son évident mépris pour ces humains qu'il juge d'une grande médiocrité. Il reçoit dans sa prison de Paris des amis dans sa cellule dont le chef de la police Allard avec qui il parle littérature et philosophie autour de soupers fins. Il rédige aussi ses fameuses mémoires scandaleuses sur les raisons de ses meurtres et ses idées révolutionnaires ce qui nous offre de fameux passages issues de ces Mémoires parues après sa mort et sans doute modifiées pour les discréditer avant leur parution.
C'est alors qu'en Décembre 1835, des meurtres d'enfants ensanglantent et terrifient la capitale déjà frappée par diverses attentats républicains contre le roi Louis Philippe. Rapidement la police fait le lien avec les meurtres de Lacenaire que le meurtrier copie. Voila donc notre meurtrier philosophe condamné à mort mêler à cette affaire sordide contre son gré.
Ce roman est excellent c'est une immersion dans le Paris misérable sous Louis Philippe, les enfants employés dans des fabriques, les ouvriers harassés de travail et tous les mendiants, les prostituées qui déambulent dans les rues boueuses et sales d'avant le baron Haussmann... On suit les policiers dans leur enquête aux Halles, aux Abattoirs, dans des tripots où les artistes viennent boire de l'absinthe et chasser le dragon. le contexte historique est riche, plein de révolte et de changements et c'est passionnant !
La galerie de personnages historiques est attachante, surtout Lacenaire et Allard avec ses doutes et cette amitié hors norme, mais aussi Canler policier Bourru, ancien soldat napoléonien accroc a la fée verte et fin limier, mais aussi le chef de police Gisquet qui ferait n'importe quoi pour se maintenir à son poste de préfet, on croise aussi Thiers et le Roi qui ne sont pas dépeints sous leur meilleur jour. le dénouement de l'affaire est une gifle et franchement on ne peut s'y attendre, j'ai adoré, c'est très fort de la part de l'auteur Michael Mention qui a fait un énorme travail historique et biographique. Bref un thriller qui se lit vite , écrit au présent et mené tambour battant, un vrai plaisir à lire absolument !
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Bluffant!
Même en sachant que c'est une version réactualisée du texte original de 2011 je suis vraiment bluffé par tant de maitrise.
Lacenaire est la pierre angulaire du récit. Un tueur d'enfants s'inspire de ses crimes et Allard,le chef de la Sûreté, le sollicite pour retrouver le coupable.
Jusque là,vu comme ça, que du très classique pour une intrigue policière néanmoins très solide. Mais là où le récit prend toute son ampleur c'est que Lacenaire, emprisonné à la Conciergerie, "s'évade" et refait le monde en écrivant ses mémoires.
Des mémoires qui sonnent comme l'oraison funèbre d'un monde et d'une société en pleine déliquescence .
La Monarchie de Juillet de Louis-Philippe, et de Thiers , abat et impose sa patte réformatrice sur une population toujours plus pauvre,toujours plus nombreuse.L'industrie connait un essor considérable et déjà le prolétariat coûte trop cher pour ceux qui ont le pouvoir et les cordons de la bourse.On chasse les Républicains,on censure la presse, on emprisonne les leaders d'opinions opposées, l'Anarchie et le Nihilisme explosent et on laisse mourir des enfants.Et pas seulement de la main du tueur.
Lacenaire,tout en ambiguïté, à la fois vrai criminel et épris de liberté et de justice sociale (du moins il reconnait la nécessité de changements sociaux) devine un avenir qui aurait pu basculé en 1871.
Mais Thiers sera là une nouvelle fois.
Pour que tout se termine à nouveau dans le sang
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Un polar historique qui se déroule à Paris au XIXème siècle est un combo trop tentant pour que je n'y résiste pas. Je suis tombée sous le charme dès les premières pages, dès que j'ai fait la rencontre de cet assassin énigmatique, le poète Pierre-François Lacenaire. Il a une personnalité percutante dans la lignée de Vidocq ou de Sherlock Holmes. Les pages se sont tournées toute seules afin de comprendre le fonctionnement de ce célèbre assassin auquel le chef de la Sûreté Allard fait appel en tant que consultant pour la résolution de plusieurs meurtres d'enfants commis dans la capitale française.

J'ai été légèrement désappointée car le roman est très court et donne seulement en substance les grandes lignes du passé de Lacenaire. Je pense que je chercherais à lire d'autres ouvrages le concernant afin de mieux appréhender ce curieux bonhomme. Ici, ce tueur est surtout présent afin d'aider les enquêteurs à découvrir le tueur d'enfants.

Les meurtres sont ignobles, l'auteur ne nous épargne pas en nous décrivant une grande majorité des enlèvements … L'ambiance est tout aussi dure, la vie à Paris est compliquée pour une grande majorité de la population dont font partie les plus pauvres. le peuple est sur les dents, de nombreux attentats rythment cette période de l'Histoire qui n'est pas sans raisonner dans ma tête à ce qui a pu se passer ces dernières années. Les motifs ne sont pas les mêmes car ici c'est l'impopularité de Louis-Philippe et les conditions de vie dans lesquelles se noient les Français qui sont les résultats de ces troubles. Mais il est perturbant de savoir que des attentats de cette ampleur ont eu lieu il y a un peu moins de deux siècles…

Ce roman fait froid dans le dos de bout en bout par son contexte, par ce climat de peur crée avec les multiples assassinats. J'ai beaucoup aimé la plume de Mickaël Mention, adaptée à la période tout en se lisant admirablement bien. Je reste plus perplexe cependant sur les protagonistes policiers qui perdent de leur crédibilité au fur et à mesure du récit en lâchant prise rapidement dès qu'ils sont écartés pour plusieurs raisons de l'enquête. J'aurais aimé découvrir des enquêteurs plus « décidés » dont le métier prend vraiment le dessus dans leur vie quitte à prendre les risques les plus improbables. J'imagine bien que l'autorité des chefs à l'époque devait être ferme malgré tout et que les ordres étaient peut être bien plus respectés surtout dans cette ambiance de terreur menée tambour battant par Louis-Philippe.

Mon dernier bémol concerne l'enquête qui se perd au fil des pages par ces changements multiples d'enquêteurs, par l'importance que prend régulièrement Lacenaire dans le récit si bien que l'on ne sait ni le mobile exact ni les meurtriers précis pour chacun des enfants tués.

En conclusion, je conseille aux amateurs de polars historiques ce roman, même s'il ne faut pas trop prendre à coeur les étapes de l'enquête. Si vous êtes envouté comme moi par le poète assassin Lacenaire, vous risquez de tomber sous le charme de ce récit.
Lien : https://inspireretpartager.w..
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"La voix secrète" est un roman policier historique très réussi qui parvient à recréer l'atmosphère particulière des premières années du règne de Louis-Philippe en France, cette "monarchie de Juillet" issue de la révolution de 1830. Paris est alors marquée par de grandes inégalités sociales et par la menace constante d'attentats, notamment de la part de groupes républicains radicaux. Mention, adepte du roman noir, nous emmène dans les bas-fonds parisiens en plein hiver 1835-1836. Dans ce monde noir, impitoyable, et exclusivement masculin, chacun tente de survivre sans perdre son âme.

L'auteur s'est inspiré, pour son roman, des dernières semaines du célèbre criminel Pierre-François Lacenaire (1803-1836), poète et mémorialiste guillotiné à l'âge de 35 ans pour avoir commis un double meurtre, après avoir fait les choux gras de la presse pour diverses affaires d'escroquerie. Nous découvrons un Lacenaire haineux et cynique, écoeuré par un régime qui tolère des inégalité toujours grandissantes. Son amitié improbable avec Pierre Allard, le Chef de la Sûreté responsable de son arrestation, nous le fait percevoir avec une certaine ambivalence.

L'intrigue est efficace et la scène lors de laquelle la tension et la violence atteignent leur paroxysme, au chapitre 36, est très réussie. J'ai aussi beaucoup apprécié la profondeur psychologique des personnages. Canler, adjoint d'Allard et sorte de Némésis de Lacenaire, complète le trio avec son caractère énigmatique mais déterminé.

Le style est plutôt agréable, même si l'utilisation récurrente des trois points ("...") en fin et en début de phrase est parfois un peu déroutante. L'intégration de quelques extraits des (vrais) Mémoires de Lacenaire dans le récit n'empêche pas le romancier de donner à son personnage principal une voix très moderne et diablement envoûtante. Bref, un excellent roman dont j'aurais volontiers fait l'acquisition si le prix de l'édition numérique n'était pas si prohibitif (10,99 EUR pour la version Kindle contre 7,10 EUR pour le format papier).
Lien : https://histfict.blog/230
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