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Critique de le_chartreux


Un roman graphique que je vous conseille vivement ; pour le formidable trait, le dessin au crayon sensible et attendrissant de Dominique Mermoux, mais surtout pour une histoire poignante qui est un lourd secret de famille, enfoui et difficilement racontable ; celle du grand-père de l'auteur Baptiste Beaulieu. Cet album est une interprétation graphique de son roman.
Certes, il contient beaucoup de tristesse et le lire est douloureux ; j'en ai le visage encore tendu et les larmes prêtes à jaillir de mes globes oculaires. Mais la compassion dans laquelle je baigne m'apporte aussi de la joie en retour. Pas tout à fait de la joie car le sujet est grave ; de l'amour mêlé à ce sentiment par lequel on est porté à ressentir la souffrance d'autrui et tenté d'y remédier.
J'avoue que je n'ai pas pu le lire d'une seule traite ; il fallait que je stoppe la lecture, que me lève régulièrement, que je marche quelques pas et que je respire. ENTRE LES LIGNES est un vrai concentré de malheurs apportés par la guerre, et de tristesse et d'amertume amenés par le destin. Ce serait comme une boîte de lait concentré ouvert longtemps après sa date de péremption ; le temps à confit les sentiments et les souvenirs. Ils se répandent, éclatent, débordent… ad nauseam, violemment, sans retenue.
Ces amours perdues sont d'atroces rendez-vous manqués avec le bonheur (avant le portable et les numéros vite échangés) ; on laisse filer du bout des doigts celle que l'on aime éperdument ; on a que le prénom, que la ville ou le quartier de l'être aimé imaginant que jamais on ne puisse être séparé, par rien ni personne, mais quand l'ultime rendez-vous sensé être celui où l'on échangera ses coordonnées n'a pas lieu en raison d'un car qui ne passe pas, d'un train supprimé, d'un avion en retard… ou d'une bombe qui tombe au mauvais moment et au mauvais endroit, alors c'est la fin.
D'autres amours contrariées ont été contées. Comme l'idylle de François Cavanna et sa Maria, perdue sur les ruines d'autres champs de bataille ; Cavanna qui a « connu l'amour et l'a perdu » [Les Russkoffs].
Des chagrins d'amour qui (nous) laissent inconsolables.

Je pleure encore comme celui qui sait que le bonheur est un projet surhumain, sur cette terre.
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