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EAN : 9782253041313
347 pages
Le Livre de Poche (01/04/1987)
3.69/5   131 notes
Résumé :
"Ce livre est le cinquième d'une série autobiographique qui commença avec Les Ritals et continua avec Les Russkofis, puis Bête et Méchant, enfin Les Yeux plus grands que le ventre.
A la fin de ce dernier volume, l'auteur avait rejoint le moment même où il était en train d'écrire..,

Le présent ouvrage est donc, entre autres choses, un essai d'autobiographie-fiction, le premier essai d'autobiographie-fiction de tous les temps.
L'histoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je l'ais lu à sa parution, en grand format.... Mais ce n'est pas mon Cavanna préféré.
Imaginer des retrouvailles avec Maria que François a tant aimé, m'avait plongé dans uns sorte de malaise.... J'étais encore sous le coup des Russkofs et de Bête et méchant.
L'exercice qu'a représenté ce livre pour l'auteur ressort d'une souffrance jamais éteinte empreinte et de cette culpabilité toujours prégnante.
L'imagination fait le reste.
La démarche de Cavanna est tellement intime, personnelle et proche du désespoir! Mais le passé ne se refait pas, et quand bien même?
Peut-être le seul livre en presque demi-teinte de François Cavanna... Pour moi qui aime et admire tant cet écrivain!
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Samedi 9 octobre.
Aujourd'hui, on avait prévu d'aller assister à un meeting de Lutte Ouvrière avec Gunes-mon-Kurde, Caillou-qui-s'appelle-Pierre-mais-j'aime-l'humour, et Tov (Tovaritch) mon copain trotskiste, que mon lectorat ne connaît pas encore, donc voilà.

Hélas, ma maman étant ce qu'elle est, elle n'était pas bien d'accord :
- Tu n'iras à aucun évènement politique tant que tu seras sous ce toit.
- Nan mais, c'est juste pour se marrer…
- C'est hors de question. Je ne dis rien par rapport à tes fréquentations, par rapport à tes lectures ou les trucs que tu chantes, mais là, j'estime avoir un droit de veto.
- Mais, maman, tu me vois voter Arthaud ? Moi, amoureuse du capitalisme ? Réactionnaire comme c'est pas permis ?
- Arrête de mentir. Je sais très bien qu'au fond tu frises à gauche. Il n'y a qu'à voir tes yeux quand tu parles de Blum ou d'Allende.
- Bah, justement, Nathalie Arthaud, c'est pas Léon Blum. On va voir la décadence de la gauche avec les copains.
- Tu n'iras nulle part. Lire Cavanna, ça t'a pervertie. Je n'aime pas ton père, mais j'admets qu'il a raison.

Essuyant cet échec et cette délicieuse journée qui tombe à l'eau, j'appelle les autres.
- Bon, bah désolée, mais vous irez sans moi.
- Tu te dégonfles ? soupçonne Tov le trotskiste.
- Non, c'est ma mère.
Gunes se rebiffe :
- Rebelle-toi ! Moi, je vas voir ton beau-père de mes c*******, et je vais le taper et lui faire bagarre.
(Je censure, car Gunes est très vulgaire quand il est colère.)
- Bah, on se refera ça. L'année prochaine, on ira à la fête de l'Huma pour se moquer des derniers rouges.
- On se faisait une joie de se retrouver tous ensemble, c'est quand même con.
- Ouais nan mais c'est son fils de p*** de c****** de beau-père de mes c****** qui veut pas la laisser sortir.
- Au pire, suggère Caillou jusque-là silencieux, mon papy va à une brocante, on peut toujours y aller.

Caillou, c'est le copain qui parle pas trop mais qui est gentil. Il a souvent de bonnes idées.
- Ton papy coco ? s'enquiert Tov, visiblement au fait des appartenances politiques ancestrales de ses amis.
- Nan, l'autre, celui qui n'aime pas les Arabes.
- Oh, bah c'est bien, moi non plus j'aime pas les Arabes de mes c*******. Tous des fils de p***.

La brocante, c'est merveilleux. Tu trouves des trucs que t'aurais jamais pensé pouvoir trouver un jour, même dans tes rêves les plus fous.

Tov a mis la main sur un portrait de l'Aiglon (« Ça fera plaisir à Grand'maman, elle est corse. »).
Caillou a déniché un jeu de plateau sur la Bataille de la Marne (Oui, ça existe.)
Gunes, lui, est resté sur un lot de pipes en porcelaine, en disant que ça a quand même plus de gueule que la clope.
Quant à moi, j'ai trouvé des photos érotiques envoyées aux soldats pendant la Guerre Mondiale, pas la seconde mais la première, celle avec les moustaches.

Mais les brocantes, c'est aussi l'occasion de trouver des livres que tu ne trouves plus, parce que plus édités.

Exemple : Cavanna.

Oui, parce que depuis tout à l'heure je divague, mais j'ai toujours mon sujet en tête, ne t'inquiète pas.

Donc, Cavanna.

Je trouve un petit tas de bouquins, rangés à la va-comme-j'te-pousse dans un vieux carton avec marqué dessus « Timbres Michel ».

Dedans, y'a pas mal de merdes. Principalement des romans érotiques à deux sous.

Mais que vois-je ?

Coincé entre une dadame toute nue qui se mire devant la glace, et une autre dadame qui fait des choses qu'on ne décrit pas sur ce genre de site, v'là-t'y pas que je trouve un de mes moustachus préférés.

C'est Maria, en plus. La couverture, la tête de Cavanna avec des petits coeurs un peu partout, n'est pas non plus super attirante, mais c'est pile le livre que je recherche depuis des lustres.

Le vendeur s'intéresse immédiatement. La quarantaine, barbe dégueulasse. Un peu gras.
- Vous êtes la première à venir jusqu'à moi. C'était à mon père. Jamais pu lire Cavanna. de toute façon, j'aime pas lire.
- Vous le faites à combien ?
- Oh bah, z'êtes mignonne. J'vous en fais cadeau.

Et donc voilà.

Tov s'est foutu de moi, Caillou a soupiré, et Gunes m'a demandé s'il pourrait me l'emprunter.


Mercredi 3 novembre.
Donc, me voici chez ma grand'mère anarchiste-mais-qui-vote-Macron-parce-qu'on-dira-ce-qu'on-voudra-c'est-quand-même-le-moins-pire, et je viens de refermer Maria.
- Alors, comment c'était ?
- Bah… Je sais pas trop. Ce que je sais, c'est que je ne sais pas ce que je vais écrire dessus.
- Tu écris sur tous les livres que tu as lu ?
- Non, mais Cavanna, je peux pas le laisser passer. Déjà que la dernière fois, je lui ai consacré un billet pas tellement élogieux. Alors, bon, faudrait pas que les rares qui me lisent puissent penser que l'autel à sa gloire ait pu en prendre un coup.
Maurice prend de l'élan et saute sur mes genoux. Pour un chat à trois pattes, il a vachement de souplesse.
- Oui, j'ai vu passer cette critique. Tu n'as pas été tendre.
- Fallait bien. J'étais tellement déçue. Enfin, je devrais m'y mettre. Déjà qu'apparemment certains s'inquiètent de ce que j'écris plus beaucoup…
- Introduis sur tes copains ou sur le chat, et après tu devrais réussir à broder.
- Ouais… J'ai rarement eu autant la page blanche.

Donc voilà. Compréhensive, Mère-grand a mis Django Reinhardt en fond sonore, car on ne fait jamais rien de bien sans Django Reinhardt en fond sonore, et vogue la galère.

C'est vrai qu'on ne saurait tellement quoi dire sur le sujet.

On me dit que Cavanna a « innové dans le roman avec Maria ». C'est possible.

C'est un roman autobiographique, mais un peu futuriste parce qu'il décrit des évènements qui ne se sont pas encore produits, mais ça ne saurait tarder.

Ne t'attends pas à des voitures qui volent et de la cryogénisation qui ressuscite Einstein. Nan. Ici, le monde ambiant est un joli monde de 1989 où la France, prospère grâce à un gisement de pétrole inattendu, a de bonnes relations avec l'URSS depuis l'élection providentielle d'un président rouge.

Mais malgré ce joli monde tout beau tout rose, notre Cavanna ne va pas bien.

Pas bien du tout, même.

Note : A aucun moment il n'est nommé. Il parle de lui à la troisième personne (oui, je sais, chut.) et se nomme tantôt l'escogriffe, tantôt le moustachu.
Un moustachu avec de grandes moustaches à la gauloise, toutes blanches. Donc le doute n'est plus permis : le moustachu, c'est bien notre Cavanna préféré.

On avait quitté Cavanna avec Les yeux plus grands que le ventre, sur un suicide par pendaison dans le grenier.

Et puis, plus rien.

Que devenait sa maîtresse ? On n'en sait rien.

Que devenait sa femme ? On n'en sait rien.

Et lui, était-il vraiment mort ? Bah, on n'en sait rien.

En fait, Cavan… non, le moustachu, n'est pas mort. Il vit juste dans un taudis crade au possible, avec ses rêves d'amours perdues et ses bouquins. Une loque.

Et voilà qu'un jour, une femme vient le voir pour lui demander s'il accepte de participer à une émission pour retrouver Maria. Dont il évoque la disparition dans Les Russkoffs. Nan mais je précise au cas où tu suis pas.

La majeure partie du livre est consacrée à Cavanna qui tente d'aider les chats de la concierge, à Cavanna qui bande mou quand il s'agit de faire des partouzes entre dames qui sentent bon (ouais, un chapitre, ça met d'entrain avant de se coucher), et à Cavanna qui pleure parce qu'il aime toujours Gabrielle, sa maîtresse d'avant, celle qui avait un très beau cul et des seins en pomme.

Le titre du livre prend son sens à la fin, quand Cavanna participe à l'émission, et découvre ce qu'il est advenu à Maria.

Et voilà.

J'ai mis un temps fou à finir ce livre. Je n'ai aucune envie de lui rédiger un billet pareil à ce que j'avais fait avec Les yeux plus grands… ; mais je suis réellement mitigée.

L'écriture est toujours aussi admirable. J'aime d'amour le style de Cavanna. Mais ici, il manque un truc. Un truc qui fait que j'aurais pleuré comme un chien à l'évocation de Maria à la fin du livre, comme ce fut le cas dans Les Russkoffs.

Là, non.

J'ai eu plus de peine pour ses moustaches qu'il abandonne lâchement dans les dernières pages. Mais pour Maria, que dalle.

On a l'impression que c'est un livre alimentaire, écrit parce qu'il faut bien se payer à bouffer, et voilà. Aucune âme. C'est déprimant.

Allez, j'y vais, je vais pleurer sur mes illusions perdues.
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Vous aimez une belle plume, l'histoire avec un soupçon de poèsie, ce livre est pour vous

Petit livre entre roman et documentaire sur la Lorraine, très réussi
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Livre qui mêle autobiographie et autofiction. On y retrouve ses amours, surtout le premier, Maria, découverte dans Les Ruskoffs. Dans ces pages, il livre ce qu'il est au travers de ses fantasmes, une vie marginale où il côtoie des clochards, des petites gens, tous simples, des éclopés de la vie comme lui. Et puis arrive une journaliste qui lui propose de participer à l'émission de Pradel « perdu de vue » pour retrouver Maria. On imagine bien comment il s'empare du sujet…
Au rendez-vous de l'humour, de la déconnade, ou de la gravité et de l'émotion, la même verve nous fait décoller. Un livre de Cavana, c'est toujours 300 pages de pur bonheur dont il ne faut pas se priver.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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suite des mémoires de Cavanna...
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ma maman à moi n'allait au cinéma que pour les très très belles choses, celles qui valent la peine qu'elle se dérange. De ces spectacles sublimes, il y en avait peu. En fait, il y en avait deux : " La Dame aux Camélias " et le couronnement de la reine d'Angleterre. Maman est donc allée deux fois au cinéma. Deux fois qui lui ont donné du ravissement et sujet de conversation culturelle pour sa vie entière. Maman était éperdument friande de belles cérémonies et de distinction aristocratique. C'est par une navrante méprise du destin qu'elle était née cul-terreuse sans le sou et faisait des ménages pour élever son enfant. Naturellement, ce qui l'enthousiasmait, dans les fastes de Buckingham, nétait pas de même nature que ce qui lui faisait considérer " La Dame aux Camélias " comme le chef-d'oeuvre des chefs-d'oeuvre. Dans ce dernier cas, son plaisir procédait d'un émoi purement esthétique.
- Comme c'est beau ! disait maman. J'ai jamais autant pleuré de ma vie !
Voilà. Pour maman, la valeur artistique se mesurait au tonnage de larmes. Pas que pour maman ! Si tu veux laisser un nom, fais dans le pathétique. Surtout pas dans l'humour, surtout pas ! Seul le triste est noble, seul le triste est beau. Ils aiment pleurer. Masos comme des petit-suisses, ruisselants comme des couches-culottes
La culture, quoi ! est dominée par le mélo popu ou mélo grandiose, mélo chic ou mélo de beuglant, tout dépend de la sensibilité de l'auteur, de son talent et du public qu'il s'est choisi.
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"La lancinante survivance d'un passé qui ne fut pas vécu..." Où a-t-il lu ça ? Il prend conscience qu'il a subi sa vie comme un ratage. A vingt ans, il avait trouvé sa direction, sa vocation : Maria. Et puis il l'avait perdue, et le trou ne s'était pas refermé. Il avait vécu, inconsciemment bien sûr, ses amours suivantes comme des ersatz, des à-peu-près, pourtant il ne trichait pas, il y allait à fond. Et là, il regarde cette caricature qui débite maintenant un russe trop volubile pour qu'il puisse suivre [...], il se demande : "Et si nous ne nous étions pas perdus ? Je me connais : je l'aurais trompée. Je l'aurais quittée... Mais non, je ne l'aurais pas fait. Trop conscient de ma responsabilité, elle se serait expatriée pour moi, tout ça... En somme, un premier amour, ça dure toute la vie à condition d'être assassiné dans l'oeuf. Et ce "passé qui ne fut pas vécu" vous gâte d'avance tout ce qui viendra d'autre. Vous fait vivre un fantôme de vie... Dis, tu crois pas que tu bovaryses un peu?"
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_ Oh, ils nous font passer à la douche, et après tu roupilles dans un plumard, et au petit matin, salut bonjour, tu te tires.
_ La vie de château , dis donc ! pourquoi tu fais la grimace ?
_ Parce que ces cons là, ils nous font prendre une douche, bon, et avec du savon, tout ça, mais tu sais quoi ? Les fringues, ils les mettent ensemble pendant qu'on est à se laver, toutes en tas, tu vois. Alors, moi, avant, j'avais pas de poux, et maintenant j'en ai. Y a du monde vraiment dégueulasse, et toi on te mélange avec. J'ai pas de loques de rechange, moi. Et maintenant, qu'est-ce que je fais?
_ Tu te grattes, dit Dany.
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_ Les chats, tu peux pas y donner à bouffer du chat, ça pourrait pas marcher. L'odeur, tu comprends? L'odeur de chat.Sont pas fous, hé, les chats. Alors la barbaque de chat, ils en font du "Canigou", pour les chiens. Et pour les chats, ben, c'est du chien qu'ils y mettent, dans les boites. Comme ça, oui, ça peut marcher, vu que les chats et les clebs, ça peut pas se piffer, ça, oui, c'est la nature, t'y peux rien contre, alors qu'est-ce qu'il dit le mec? Il s'est dit je fais bouffer du chat aux chiens et du chien aux chats, tout le monde est content et moi je me paye mon yacht.
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Je veux rire. J'aime qu'on me fasse rire, et j'aime faire rire. N'importe quel rire, pourvu qu'il soit réussi. Gros ou subtil, brutal ou allusif, tout m'est bon si c'est bon.Appelons ça humour, si vous voulez. Tellement plus difficile que le mélo,mais tellement plus satisfaisant pour l'intelligence, plus épanouissant pour l'âme.
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Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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